L’obésité, un sujet d’actualité. Il s'agit maintenant d'une épidémie mondiale, qui touche tous les âges et toutes les classes sociales. J’ai fait quelques recherches dont je vous livre ici les conclusions.
En Amérique
Selon une étude américaine du groupe de recherche, Trust for America’s Health, l’obésité ne cesse de croître dans 31 états. Ainsi 34% de la population générale est obèse.
L'embonpoint grandissant de l'Amérique se mesure à de petits riens : telle compagnie de transport, à Washington, a augmenté de 5 centimètres la largeur de ses sièges ; telle société d'ambulances, dans le Colorado, a solidifié son parc automobile pour accueillir des patients pouvant peser plusieurs centaines de kilos ; tel fabricant de cercueils, dans l'Indiana, commercialise des modèles "extra-larges" de 96,5 centimètres de largeur au lieu de 61.
Aujourd'hui, un maxi-gobelet individuel délivre jusqu'à 620 ml. Les habitudes alimentaires sont pointées du doigt, ainsi que le matraquage publicitaire : au cours d'une année, un enfant verrait jusqu'à 10 000 publicités cherchant à faire vendre une boisson ou de la nourriture. En ligne de mire également, le fréquent recours aux fast-foods, bien sûr, qui ne cessent de proposer, depuis une vingtaine d'années, de plus en plus de nourriture pour un modique surcoût - une pratique que le récent documentaire de Morgan Spurlock, « Super Size me », a dénoncée.
En Europe
Selon un rapport de l’International Obesity Task Force (IOTF) rendu public en mars 2005, un enfant sur 5 est en surpoids ou obèse en Europe. C’est dans la région méditerranéenne que l’on trouve la plus forte prévalence : certains pays présentent même une proportion d’enfants en surpoids supérieure à celle des Etats-Unis.
Les experts notent une accélération rapide de l’augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité : soit 400 000 jeunes Européens en surpoids ou obèses en plus chaque année.On parle de désastre sanitaire :en effet, près de deux tiers des enfants obèses le restent toute leur vie, ce qui pourrait réduire de plusieurs années leur espérance de vie…
La France, les Pays-Bas et la Suède sont les pays où la prévalence de l’obésité infantile est la moins importante.
Comment évoluent le surpoids et l’obésité en France ?
Les résultats de deux études, l’enquête nationale nutrition santé – ENNS – réalisée par l’Institut de veille sanitaire – INVS - et une autre de l’Institut national du cancer- INCA - réalisées en 2006-2007 montrent :
- une prévalence de l’obésité adulte (IMC> 30 kg/m2) de 16,9% et de surpoids (25,0 kg/m2 ≤ IMC ≤ 29,9 kg/m2, obésité non incluse) de 32,4%
- un pourcentage d'obèses semblable chez les hommes et les femmes mais une prévalence de surpoids plus élevée chez les hommes
- une prévalence de l'obésité chez les enfants de 3 à 17 ans de 3,5% et celle de surpoids de 14,3%, identique chez les garçons et les filles
- une prévalence de l’obésité qui augmente avec l'âge pour atteindre 24% chez les 55-74 ans chez les hommes et les femmes
- une prévalence de l'obésité sévère (indice de masse corporelle > 35 et <40) à 3,4%.
De plus, l'étude de 2006 confirme des disparités géographiques relevées lors des précédentes enquêtes. Le Nord reste ainsi la région la plus touchée (18,1%) suivi par l'Est et le Bassin parisien.
Les études OBEPI menées tous les 3 ans depuis 1997 sur un échantillon national d’adultes (par déclaration téléphonique) entre 2003 et 2006, montrent une tendance au ralentissement de la courbe de prévalence d'obésité qui concerne essentiellement les catégories aisées de la population.
Avec un recul de neuf ans, l'enquête ObÉpi permet déjà d'observer un « effet générationnel ». C'est-à-dire qu'à un âge donné, les jeunes générations ont un indice de masse corporelle supérieur (de 5 à 10%) à celui de leurs aînés. En clair, cela signifie que l'obésité arrive plus tôt dans la vie.
L'un des objectifs annoncés par le gouvernement, en janvier 2006, dans le cadre de son deuxième programme « nutrition santé », est de « réduire de 20% l'obésité de l'adulte et d'interrompre l'augmentation de la prévalence de l'obésité chez les enfants ».
Mais plusieurs questions me viennent à l’esprit, « en vrac », et il y en a sûrement d’autres !
Sommes-nous victimes de la malbouffe ?
Comment associer les industries agro-alimentaires à la réduction de la prévalence de l’obésité ?
Quels citoyens sommes-nous face à la pléthore d’aliments proposés dans les étals ?
Quels messages pratiques faut-il délivrer pour enrayer cette épidémie ?
Qu’en est-il du choix individuel, en somme faut-il faire maigrir tous les « gros » ?
Quel avenir proposons-nous à nos enfants dans une société comme la nôtre ?
Faut-il maigrir à tout prix ?
Quelle prise en charge proposons-nous aux personnes désirant perdre du poids ?
Notre gastronomie nous « sauvera-t-elle » ?
Brillat-Savarin a écrit : « La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent.» ………..
Florence Noël, diététicienne