L'ensemble des travaux et expériences cliniques suggère que la dichotomie entre corps et esprit, longtemps cautionnée par la philosophie occidentale, est en fait illusoire.
Cette approche peut aider à augmenter la résistance du corps à la maladie.
Le point de vue bouddhique au lieu de se représenter le corps et l'esprit comme deux substances distinctes, Shakyamuni a parlé du corps et de l'esprit en termes de différents aspects d'un processus unique.
=> La tradition bouddhique enseigne que l'individu se compose de cinq agrégats : la forme, (shiki, rupa), la sensation (vedana), la conceptualisation (sanjana), la volition (samskara) et la conscience embryonnaire (vijnana, shi-ki). En effet, tout ce que nous expérimentons relève de l'un ou de plusieurs de ces composants. Ce ne sont pas cinq substances séparées mais différents facteurs ou étapes dans le processus de la prise de conscience de toute chose, y compris l'expérience d'être un moi.
La forme représente l'objet ou les objets qui sont expérimentés par les cinq sens, ou bien les objets mentaux telles les pensées et les émotions qui sont expérimentées par le mental ;
- L'objet provoque des sensations qui peuvent être agréables, désagréables ou neutres ;
- Les sensations sont ensuite conceptualisées ;
- Les conceptualisations provoquent certaines attitudes, décisions et réactions ;
- Tout cela provoque la perception d'un sujet conscient expérimentant ces objets et qui réagit, ou ne réagit pas, par une action.
Si nous réexaminons la chaîne causale, nous voyons que la conscience produit le corps-esprit qui produit les six sens. La conscience-réservoir (alaya) qui est le champ de toutes les actions physiques et mentales, produit le nom-forme (nama-rupa) actuel, notre corps/esprit du présent. C'est cela qui nous permet de faire de nouveau l'expérience du monde au travers de nos sens physiques et de notre sens mental (pensées et idées). Notre conscience des expérimentations physiques et mentales des différents événements met en mouvement d'autres activités physiques et mentales qui deviennent, à leur tour, des graines dans notre conscience-réservoir et parviennent à la fructification dans des expérimentations physiques et mentales ultérieures.
=> Dans ce processus, il n'y a pas de clivage, pas d'âme immuable collée à un corps physique qui aurait besoin de revenir à la pureté d'un monde spirituel.
Le but du bouddhisme est la transformation de notre expérience consciente de la vie, faite de phénomènes physiques et mentaux. Plutôt que de nous affranchir de notre corps, le but de la vie est de nous éveiller au Dharma merveilleux, de sorte que notre corps et notre esprit expriment la sagesse et la compassion de la bodhéité.
Nous récitons Namu Myoho Renge Kyo pour la transformation de tout notre être et non pas seulement de notre esprit.
En résumé, le point de vue dualiste de Platon, à la base de la culture occidentale, considère l'esprit (ou âme) comme distinct du corps qui est sa prison. La spiritualité occidentale est tournée vers le déni des désirs de la chair et le renoncement à ce monde pour une existence spirituelle où l'esprit est libre des contraintes corporelles avec ses exigences et sa fragilité. En conséquence, la science occidentale insiste sur le fait que l'esprit est un sous-produit du corps (tout particulièrement du cerveau) et que le confort matériel et la réussite dans cette vie sont le seul paradis qui peut être réalisé.
Alors que le bouddhisme reconnaît que le corps et l'esprit sont deux aspects différents de la production conditionnée, et que le bonheur ne peut être trouvé qu'en dépassant l'autocentrisme et l'égoïsme qui s'appuient aussi bien sur l'esprit que sur les désirs corporels.
En outre, la pratique bouddhique est fondée sur le développement de l'Éveil par le biais d'un processus à la fois physique et mental.
Dans une lettre à un de ses disciples malade, Nichiren explique la nature des maladies en six causes. Les cinq premières sont essentiellement physiques ou matérielles, et ces maladies peuvent être traitées par différentes médecines, la chirurgie ou l'exercice.
Au-delà de la prévention et du traitement des maladies par les médecines, la chirurgie, l'exercice ou un régime sain, nous devons accorder toute notre attention au monde spirituel caché derrière le monde matériel et le traiter avec responsabilité.
En ce qui concerne la santé, il faut tenir compte de l'attitude du patient. De nombreuses études ont mis en évidence que, par exemple, l'optimisme, l'espoir, le sentiment de contrôler la situation ont une influence sur le bien-être physique. L'optimisme est un optimisme étayé par la conviction que les hommes peuvent être des acteurs actifs de leurs vies. Le pessimisme, au contraire, augmente la passivité et le défaitisme.
D'autres éléments psychologiques liés à l'optimisme - l'espoir et le sentiment de maîtriser la situation - se sont avérés importants pour la santé physique. A l'inverse, un manque de sentiment de maîtrise peut mener à la passivité et au défaitisme, ce que les psychologues appellent la fragilité émotionnelle conditionnée qui laisse présager d'une mauvaise santé.
Conclusion : nos croyances et nos attitudes intérieures ont un grand pouvoir sur nos corps. C'est pourquoi la meilleure cure contre la maladie est "l'espoir et le sentiment de maîtrise".
Nichiren était arrivé à une conclusion assez similaire. Pour lui, "l'espoir et le sentiment de maîtrise" est la nature atemporelle de l'Éveil du Bouddha, essence du Sutra du Lotus et clef de notre bodhéité.