Papa a fait un infarctus jeudi soir. Maman m'a appelée vers 2245 pour me dire qu'il n'allait pas bien, et quand je suis arrivée, et q'uil m'a dit qu'il avait mal dans la poitrine et dans le bras gauche, j'ai dégainé mon téléphone et appelé les pompiers... Arrivés en 10 mn, ils ont contacté le SMUR de suite, qui est arrivé dans le 1/4 d'heure suivant. Ils l'ont thrombolysé de suite, puis stabilisé, et enfin transféré sur le CHU de Grenoble en Cardio Intensive...
Nous suivions avec Maman, et une fois rassurées (pr'ise en charge, état satisfaisant...) nous sommes rentrées vers 4 h du matin... Le lendemain,il a eu droit à sa coronarographie et une angioplastie (pose de stent , ressort pour dilater l'artère rétrécie).
Depuis , nous naviguons à tour de rôle jusqu'à Grenoble. Il est sorti de Réa hier après midi, et devrait sortir de l'hôpital demain.
OUf ! quelle frayeur !!! et quelle surprise !! quelqu'un de très actif , qui ne fume pas, ne boit pas, mange sainement , et se trimbale sur son vélo à longueur de temps.... C'est à vous dégouter d'être sain lol !!!
Quelques infos :
Douleurthoracique aiguë évocatrice ? Appelez le 15 !
La phase dite aiguë de l'infarctus, de la douleur à l'intervention médicale proprement dite, est une étape cruciale de l'optimisation de la prise en charge. En effet, sur les 13 % de décès au cours de la première année, 7 % ont lieu durant cette étape initiale ! Or seul un quart des infarctus du myocarde bénéficient du parcours optimal recommandé : appel du 15 (SAMU) et transfert direct en cardiologie interventionnelle.
Afin d'améliorer ces chiffres, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise l'amélioration des pratiques professionnelles (observatoires, enquêtes, registres de pratiques....), ce qui va permettre "d'améliorer jusqu'à plus de 90 % le taux de reperfusion des infarctus".
La HAS recommande également de favoriser la prise en charge initiale des patients par l'appel direct du SAMU (15) en cas de douleur évocatrice. Selon le Dr Patrick Goldstein, médecin urgentiste, "les gens n'appellent jamais pour un infarctus du myocarde, mais pour une douleur thoracique. Les patients ou leur entourage ont un seul numéro à appeler, le 15". Le médecin du Samu posera alors 2 ou 3 questions simples au téléphone sur la douleur (type, durée, irradiation à la mâchoire et/ou aux bras...) et, au moindre doute, enverra une équipe capable de réaliser un électrocardiogramme (ECG). En attendant le SAMU, en cas d'arrêt du coeur associé à cette douleur, il faut pratiquer un massage cardiaque pour limiter les conséquences de l'infarctus.
Si un infarctus est diagnostiqué à l'ECG, le débouchage des artères du coeur (reperfusion) est une urgence. Il peut être effectué sur place avec un médicament qui va dissoudre le caillot, c'est la thrombolyse, ou en cardiologie interventionnelle avec la réalisation d'une angioplastie. Comme le rappelle le Dr Goldstein, "le but est d'offrir au patient le plus rapidement possible une stratégie de reperfusion", ce qui n'est pas encore le cas pour les trois quarts des victimes.
L'appel systématique du 15 par toute personne témoin en cas de constat d'une douleur thoracique aiguë persistante, déclenchée à l'effort ou au repos, avec sensation de serrement, irradiant à la mâchoire ou aux bras, pâleur, trouble éventuel de la conscience, est donc une étape clef : tout gain de temps est un gain de survie !
Améliorer l'évaluation et le traitement à l'hôpital
Après le traitement de la phase aiguë (thrombolyse et/ou angioplastie), un bilan va être effectué à l'hôpital pour mettre en route un traitement adapté aux facteurs de risque cardiovasculaires et à la fonction cardiaque du patient. Il y a là aussi des possibilités d'amélioration, car "environ 30 % des patients avec infarctus du myocarde, en particulier s'ils sont âgés, ne bénéficieraient pas de l'ensemble des prescriptions recommandées", regrette la Haute Autorité de Santé.
Ce bilan comporte, outre la réalisation d'examens indispensables pour évaluer la fonction cardiaque, la recherche et la prise en charge d'un éventuel diabète (20 % des patients faisant un infarctus ont un diabète connu) et/ou d'un tabagisme (40 % des patients). Le dépistage systématique du diabète après la phase aiguë permet de découvrir 17 % de diabétiques non connus ! Ces deux situations, en l'absence de traitement antidiabétique adéquat ou de sevrage, augmentent de manière importante les risques de récidives et la mortalité et doivent donc être mieux prises en charge par les professionnels de santé.
Une fois la fonction cardiaque et les facteurs de risque évalués, les cardiologues prescrivent aujourd'hui un traitement dit "BASI" qui associe quatre types de médicaments :
- Bêtabloquant (contre l'hypertension),
- Antiagrégant plaquettaire (pour fluidifier légèrement le sang),
- Statine (baisse du mauvais cholestérol)
- Inhibiteur de l'enzyme de conversion (autre antihypertenseur).
Ils peuvent également prescrire une rééducation cardiaque à l'effort pour soulager le patient, prolonger sa vie et éviter les complications (récidive, accident vasculaire cérébral,insuffisance cardiaque...).
Le traitement médicamenteux s'est considérablement perfectionné depuis 10 ans. Néanmoins, ils sont encore trop rarement administrés aux personnes âgées, alors que leurs effets bénéfiques sont pourtant démontrés.
Après l'hôpital, le suivi est capital !
Après l'infarctus, la mise en route à l'hôpital du traitement "BASI" et de la rééducation, un suivi médical permettra de corriger sur le long terme les facteurs de risque et continuer à prévenir les complications. Encore trop de patients diabétiques sont insuffisamment équilibrés (20 à 40 %), près des 75 % des patients hypertendus ont une hypertension contrôlée, seuls un tiers des patients ayant un problème de cholestérol ont un bilan normalisé, l'obésité progresse (20 % de la population adulte)...
En cas d'infarctus, il faut donc absolument un suivi par son médecin traitant (au moins tous les 3 mois) et son cardiologue (au moins 1 fois par an) pour :
- Rechercher et réduire les facteurs de risque cardiovasculaires (dont le tabagisme, l'hypertension artérielle, le diabète, un taux élevé de cholestérol, l'obésité, l'absence d'exercice physique, un régime alimentaire déséquilibré) ;
- Bien suivre le traitement médicamenteux "BASI".
Un programme d'éducation thérapeutique, proposé par le cardiologue, est un plus indéniable. Selon la HAS, "après 6 semaines de réadaptation cardiaque, 95 % des patients pris en charge ont repris une activité professionnelle et 92 % ont amélioré leur qualité de vie (vie quotidienne, loisirs et activité sportive)". Quatre ans après, ces patients ont "deux fois moins d'événements cardiovasculaires (complications et décès) et deux fois moins d'hospitalisations".
Ainsi après un infarctus du myocarde, on peut le plus souvent reprendre une vie tout à fait normale, à condition d'avoir un mode de vie sain, de bien suivre les recommandations de ses soignants et de prendre de manière régulière et assidue son traitement médicamenteux. L'infarctus est un accident de santé grave, mais si les patients et les professionnels de santé participent à améliorer sa prise en charge, la mortalité devrait encore régresser et la qualité de vie post-infarctus s'améliorer.