La soirée Yasmine, un flop …
La soirée Yasmine n’a pas connu le succès tant escompté. Je suis très déçue, peinée pour ne pas dire écoeurée … Les invités ne sont pas venus nombreux, j’ai compté approximativement 80 personnes, il en aurait fallu au moins 140. J’attends la réunion de jeudi pour voir le bilan. C’est sûr nous serons déficitaires.
Je devais m’occuper de la décoration comme chaque année, mais la veille la Présidente me dit qu’une de ses amies allait le faire. Bon pas de problème, tant mieux ! Pour une fois j’allais pouvoir ne pas trop courir après les chaises, les tables, les CD, et la vaisselle qu’il fallait aller chercher chez les membres. Pour une fois j’allais ne pas stresser avec les derniers préparatifs comme par exemple les pains de glace pour rafraîchir les boissons qu’on achète dans les quartiers au dernier moment.
Quand je suis arrivée avec mes invités, les Yasmines n’étaient pas encore arrivées. Je suis restée baba devant la déco. C’était comme pour un mariage en Europe, avec tables rondes de 6 personnes, chaises revêtues de housse et enrubannées de tulle doré. Jolie vaisselle. Deux points buffet sous tonnelle avec shafing dishes, comme dans les grands restaurants. Serveurs en gilet doré, j’en prends plein les yeux, ils sont six … Il y a aussi des demoiselles pour l’accueil. C’est très beau ! Je commence à douter …
Près de la piste de danse, une grande table d’honneur a été dressée pour le gouverneur du Lions Club venu accompagné de son épouse et de sa belle-sœur, les présidents de clubs, de zone et région, les ministres de ceci, de cela … Je fronce un peu le nez nous ne faisons jamais pour nos soirées de cuisine internationale de table d’honneur pour limiter les frais.
Intriguée, je vais voir la trésorière pour lui dire combien l’amie de la Présidente avait bien fait les choses et que sûrement cela lui ferait une bonne publicité. Et voilà qu’elle me dit : « Oui, mais je ne sais pas combien cela va nous coûter » ... Mon sang n’a fait qu’un tour !
Ce jardin du Poulet d’or, en bordure du fleuve Chari, est très agréable. Il est situé en pleine ville. Nous avions l’habitude d’aller au Pélican, un restaurant malgache un peu excentré dans les quartiers. Nous disposions du jardin avec boukarous pour la somme de 80.000 Fcfa (800 Francs anciens). Les gardes pour les voitures étaient du restaurant et ne nous coûtaient rien. Au Poulet d’Or, ce sont 4 gendarmes qui ont été recrutés pour assurer la sécurité aux portes d’entrées. Et il faudra les payer je crois que le tarif est de 40.000 Fcfa par garde.
Nous devions aller négocier les prix au « Poulet d’Or » avec deux membres mais une des fondatrices, maire adjointe de la ville de N’Djaména a dit qu’elle négocierait elle-même. Cela me chagrine, il faut s’attendre à des surprises …
A la belle époque, chacune de nous, à ses frais, faisait un plat de son pays, d’où l’appellation de Cuisine Internationale. Mais depuis deux ans elles se font payer pour cela, une autre mentalité s’est installée depuis le départ des expatriées. Nous n’étions pas nombreuses, mais très actives. Nous nous investissions beaucoup et avons beaucoup donné de notre poche pour avancer. Normal, c’est ça le Lionisme. A présent je suis la seule « blanche » et ce n’est pas facile. Un « Lionisme à l’africaine » s’est instauré ces dernières années et mon enthousiasme du début a bien fondu.
Les invités ont commencé à arriver à 22 heures … Après les discours, nous avons commencé à dîner à 23 heures 30. J’avais prévu des jeux, fais des chapeaux d’Halloween noirs, oranges, et jaunes, mais impossible de les arrêter de danser. Nous avons mangé froid, car les safing dishes étaient chauffés, chacun par une ridicule petite bougie chauffe-plat. Mais vraiment la qualité de la nourriture laissait à désirer. La quantité aussi faisait défaut et finalement heureusement que les gens ne soient pas venus comme espéré car ils auraient eu le ventre creux pour 15.000 Fcfa ! J’ai passé toute une journée à faire et à découper les tickets de boisson et constituer les carnets. Mais combien ont été vendus ? Comme il faisait encore chaud dans la journée : 36°, je pensais « qu’ils allaient boire », mais la nuit a été fraîche avec un petit vent d’harmattan et la proximité du fleuve Chari. Côté boisson, là encore c’est le flop, ils n’ont rien consommé ou si peu. A la table d’honneur par contre ils ne sont pas gênés puisque tout était gratuit pour eux, et cela m’irrite.
Alors qu’il n’en était pas question elles ont fait venir la télévision, des photographes, la radio, et j’oubliais le DJ … Cela ne se fait pas, c’est du jamais vu !
Je suis écoeurée, elles n’ont pensé qu’à se faire plaisir, à se montrer. Ma soirée a été gâchée. J’ai dépensé 300.000 Francs cfa. Cela me reste en travers de la gorge. Cet argent j’aurais pu l’utiliser pour faire mon œuvre à moi. Mais elles vont m’entendre jeudi à la réunion ! Je ne me fais pas d’illusion il n’y aura pas de bénéfice,
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Et j’ose espérer que nous ne serons pas en déficit.
P/S : Incroyable ! Je viens de recevoir un mot de félicitation …
Bon, elles n’ont encore rien compris,
la soirée a été belle,
les invités se sont bien amusés,
elles ont bien dansé, mes Grandes Dames …
Mais où est le bénéfice destiné aux démunis ?
Une fois de plus je constate qu’un monde nous sépare !
Il y a 10 ans, toute émue, j’ai prêté serment sur cette charte. Je dois aller de l’avant bon gré ,mal gré pour la bonne cause.