Comme promis, je vais lever le voile sur ce qui nous a amenés mon époux et moi jusqu’au Tchad. C’est une longue histoire et j’espère ne pas être ennuyeuse, mais je tiens à vous faire connaître les grandes inventions réalisées dans cette belle région de France.
Après un passage obligé à Paris à France Télécom, mon mari s’est vu nommé dans un premier temps au C.N.E.T à Lannion, en 1973, puis à Pleumeur-Bodou au radôme. Quel bonheur pour moi la bretonne de retrouver la terre de mes ancêtres.
LE C.N.E.T CENTRE NATIONAL D’ETUDES DES TELECOMMUNICATIONS
à LANNION DANS LES COTES d’ARMOR
La Bretagne a souvent été décrite comme une "terre du passé" et nous bretons avons été trop longtemps dépeints comme des gens attachés à nos traditions et repliés sur nous-mêmes.
L'esprit d'invention, le goût de l'innovation et la volonté d'entreprendre des bretons ne datent pourtant pas d’hier. S'il est vrai qu'il a existé dans les siècles passés une Bretagne un peu immobile et que les Bretons ont toujours été, sans doute un peu plus que d'autres, attachés à leur terre natale, il n'est pas moins vrai qu'ils ont aussi toujours eu leur regard tourné vers le grand large, qu'ils n'ont cessé depuis des siècles de parcourir les mers et les terres de notre planète et qu'ils ont souvent fait preuve d'une grande imagination et d'un goût vif pour la création.
La Bretagne en effet n'a pas seulement un patrimoine historique et artistique d'une exceptionnelle richesse, c'est aussi - on ne le sait pas assez - une terre particulièrement propice à la création, dans tous les domaines. Il est temps, en ce début de XXIème siècle, de le faire largement savoir et d'abord auprès des Bretons eux-mêmes.
A la Libération, la France est un pays ruiné. La création du CNET, le Centre National d’Etudes des Télécommunications, le 4 mai 1944, à Issy-les-Moulineaux, représente un grand espoir de redressement pour le secteur des télécommunications. Tout en travaillant en priorité à la mise en place des réseaux téléphoniques et télégraphiques sur l'ensemble du territoire, le centre de recherche démontre, dès ses débuts, sa capacité d'innovation en réussissant la retransmission télévisée par liaison hertzienne, du couronnement de la reine Elizabeth II en 1953.
Sous l'impulsion du CELIB Comité d'Etudes et de Liaison des Intérêts Bretons, ce centre est implanté à Lannion en 1960. La ville a pour avantage de n'avoir aucun obstacle pouvant perturber la propagation des ondes, tout en ayant un aérodrome à proximité, facilitant les liaisons avec Paris. La réussite de cette transplantation, dans une région où l'absence de matières premières rentables interdisait toute industrie lourde, contribue à la « vocation » électronique de la Bretagne. La naissance de cette mono industrie se fait principalement entre 1962 et 1968 : la Socotel s'implante elle aussi à Lannion, le CEMS à Pleumeur-Bodou, la CSF à Brest et la SGS à Rennes.
Le CNET, désormais dirigé par Pierre Marzin, est à la hauteur de ses ambitions scientifiques. Et lorsque, au tournant des années 1950-1960, le monde entre dans l'ère spatiale avec le lancement de Spoutnik en 1957, le CNET contribue à doter la France des moyens de télécommunications spatiales. En réussissant avec les américains la première liaison télévisée intercontinentale en 1962 entre Andover et Pleumeur-Bodou, le CNET prend durablement une place de premier rang dans les programmes spatiaux européens et internationaux.
Le retard accumulé par la France durant la Seconde Guerre mondiale, notamment en matière d'équipements de télécommunications stratégiques tels que les centraux téléphoniques, est considérable. Avec la mise au point d'un système de commutation électronique temporelle, le CNET réalise, en 1972, une première mondiale qui révolutionne et l'industrie française de ce secteur et le réseau national. C'est à cet instant qu'intervient une seconde vague de créations ou de transferts d'entreprises, françaises ou étrangères, vers la Bretagne, en particulier le CCETT Centre Commun d'Etudes de Télédiffusion et Télécommunications à Rennes et les entreprises du téléphone telles Ericsson à Brest. Les petites et moyennes entreprises locales se développent également. Mais vers 1976, les premières difficultés apparaissent : les entreprises n'offrent pas le nombre d'emplois attendus et des créations prévues sont même annulées. A Lannion, la Socotel est intégrée dans le CNET, entraînant des suppressions d'emplois : on commence à prendre la mesure de la fragilité de l'électronique. Au début des années 1980, d'importantes restructurations ont lieu avec de nouvelles conséquences sur l'emploi. La structure industrielle de l'électronique se recompose autour de nouveaux pôles et l'introduction de nouvelles technologies transforment la nature des produits offerts avec les fibres optiques, la numérisation et l'association avec l'informatique.