Nous sommes une myriade à admirer les poèmes de notre amie Mona, et c’est toujours avec beaucoup de bonheur que nous recevons ses cadeaux. Quand on lit Mona on comprend qu’elle est née avec une bien jolie plume entre les doigts. Pour preuve ce poème qu’elle a écrit à 10 ans. Mais un poète c’est quoi au juste ? Voici la réponse de Boris Vian en vers.
Un poète
C’est un être unique
A des tas d’exemplaires
Qui ne pense qu’en vers
Et n’écrit qu’en musique
Sur des sujets divers
Des rouges et des verts
Mais toujours magnifiques.
Et le poème de Mona, à 10 ans :
une branche de lilas,
une larme, un sourire,
se sont réunis là
sur la grappe odorante
emperlée de rosée
qui se penche vers moi
émouvant témoignage
d'un fidèle printemps
qui m'offre le parfum
d'une branche penchée
pour embrasser mon coeur.
En lisant Mona, j’ai pensé à Minou Drouet. Vous vous souvenez toutes de cette enfant prodige qu’ elle était, j’en suis sûre. J’en suis fière également puisque c’est une bretonne. (chauvine je suis)
Marie-Noëlle Drouet, dite Minou Drouet est née un 24 juillet 1947. J’avais cinq ans de plus qu’elle et j’avais une grande admiration pour ce petit prodige. J’ai fait quelques recherches sur Internet pour vous et aussi pour me rafraîchir la mémoire.
Elle était une enfant illégitime, et sa mère naturelle consentit à l'adoption. À l'âge d'un an et demi, elle fut adoptée par Claude Drouet, préceptrice, et grandit dans une petite localité près de Rennes. En raison d'une grave déficience visuelle, elle était presque aveugle pendant ses premières années et vivait presque comme une autiste.
Les poésies de l'enfant prodige Minou Drouet étonnèrent le monde alors qu'elle n'avait qu'une douzaine d'années. Elle fut un temps si célèbre que, parfois, lorsqu'elle descendait dans une ville de province, la foule s'attroupait comme pour un chef d'état.
Tous ses biographes sont d'accord pour dire que tant qu'elle était dans son orphelinat, elle paraissait plutôt légèrement retardée. Sa mère adoptive l'emmena dans une maison qui était au bord de l'océan, et au lieu de l'envoyer à l'école, la laissa libre de faire ce qu'elle voulait. Nous avons appris, par sa mère, qu'elle avait l'habitude d'y regarder le reflet du soleil sur l'eau pendant des heures, tous les jours, en même temps qu'elle balançait doucement la tête de droite à gauche. Après plusieurs années de ce jeu solitaire, on s'aperçut qu'elle était devenue géniale.
Mais Minou Drouet n'était pas seulement, à cet âge, un poète génial. Sa mère nous a fait savoir que parfois, elle prévoyait avec exactitude une visite ou un décès, et donc qu'elle possédait un don voyance à cette époque.
Finalement, elle commença à s'intéresser à la musique et montra un très grand talent pour le piano. Elle fut prise en main par un professeur de piano qui enseignait au conservatoire de Paris et elle lui écrivit, à elle aussi, de nombreuses lettres que ce professeur transmit en 1955 à l'éditeur René Julliard qui, la même année, venait de publier avec un grand succès le roman Bonjour tristesse dû à Françoise Sagan, jeune fille de 18 ans.
Julliard fut enthousiasmé par le talent littéraire de cette enfant de 8 ans et, en septembre 1955, il publia dans une petite édition une collection de lettres et de poèmes de Minou Drouet. Une controverse littéraire passionnée se déchaîna sur l'authenticité de ces œuvres qui au début de 1956 furent publiées sous forme d'un volume de poème intitulé Arbre, mon ami et connurent un grand succès de librairie.
Tandis que Le Figaro faisait paraître un compte rendu très positif, le magazine féminin ELLE publiait au contraire une série d'articles où l'on accusait la mère adoptive de Minou d'avoir rédigé elle-même les lettres et les poèmes et de les avoir présentés comme des réalisations de sa fille. Un grand nombre d'autres publications et de protagonistes de la vie culturelle se virent obligés de prendre parti dans cette « Affaire Minou Drouet » qui fut qualifiée par Julliard pour son effet sur le public de « petite Affaire Dreyfus ». Jean Cocteau lança ce jugement que depuis on a toujours cité à ce sujet : « Tous les enfants ont du génie, sauf Minou Drouet. »
Minou Drouet se soumit à plusieurs tests au cours desquels elle dut écrire des poèmes sur des sujets fixés à l'avance et sous surveillance, sans possibilité d'une aide extérieure. En février 1956, elle réussit ainsi un examen d'admission à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Pourtant le doute sur son talent littéraire ne devait jamais être complètement effacé.
Après le succès de son livre, Minou devint une célébrité et participa aux manifestations les plus différentes. Elle joua en public de la musique avec Andrés Segovia, Pablo Casals, Jacques Brel et Charles Aznavour, participa à une soirée de gala à la Scala de Milan, fut reçue à Rome par le pape Pie XII en audience privée et se réconcilia avec Jean Cocteau à l'occasion d'une rencontre. Elle lut de ses poèmes et joua du piano dans des boîtes de nuit, des théâtres et des arènes. En 1958 elle joua le rôle principal dans le film Clara et les méchants (1958) avec Michel Serrault.
Au cours des années 1960, le succès diminua peu à peu. Après avoir soigné sa grand-mère mourante Minou sentit le désir de devenir infirmière. Après deux ans dans un hôpital, elle retourna un certain temps sur scène dans des clubs et des cafés. Elle contracta avec un comédien français un mariage qui ne dura pas.
À vingt ans elle publia sans grand succès quelques livres pour enfants, ainsi que des fables et un roman. Cependant, dans ses mémoires qu'elle rédigea par la suite sous le titre Ma Vérité, elle reconnut qu'à cette époque elle ne se sentait plus le besoin d'écrire.
En 1993, elle se maria dans sa ville d'origine (La Guerche-de-Bretagne avec le propriétaire d'un atelier et vit retirée depuis lors. Elle s’était déjà mariée en premières noces à Patrick Font, artiste de music-hall et chroniqueur.
Ses Œuvres :
Arbre…
mon ami,
mon pareil à moi,
si lourd de musique
Arbre…
écho de la peine du vent
de la joie des oiseaux
arbre dévêtu par l'hiver
je te vois pour la première fois
Minou Drouet 9 ans (Arbre mon ami)
J'ai beaucoup admiré Minou Drouet en son temps. Il fallait quand même qu'elle soit douée quand on l'a mise toute seule à 8 ans devant 2 sujets imposés pour son entrée à la SACEM. Je me souviens de ces 2 sujets : c'était "Ciel de Paris" ou "J'ai 8 ans" au choix. Elle a choisi le premier sujet parce que, a-t-elle dit, c'est trop triste d'avoir 8 ans. Je me souviens que son poème commençait ainsi :
Ciel de Paris
dont les clochers pointus
grignotent les étoiles...
De la plume d'une enfant si jeune j'ai trouvé cela magnifique, ça ne pouvait pas lui avoir été soufflé... Alors ? à quel âge Mozart composait-il ? On n'a jamais mis son génie en doute, pourquoi celui de cette petite fille a-t-il été aussi controversé ? Méchanceté, jalousie, va donc comprendre !
Je ne savais pas ce qu'elle était devenue en grandissant. Il est certain qu'à l'âge adulte personne ne crie plus au miracle ! C'est un talent comme un autre, sans plus. Rimbaud lui-même a laissé tomber au bout de quelques années. Dommage !
La Muse est volage, elle vient et nous quitte tout aussi soudainement. C'est ainsi. Vouloir la retenir ne sert à rien. La poésie, c'est "l'instantanné d'une illumination". ça ne se fabrique pas.
Grosses bises et grand merci à toi et à ta gentillesse.