X i l u v a …
Oui, Tinraba, une bebida de cerveza nationale est un bon remède pour retrouver le sommeil … Je peux te le confirmer ! Ce médecin mozambicain était un sage, pas de médicaments mais des moyens efficaces pour vous faire reprendre du tonus … Si tous les médecins étaient comme ça, on serait moins tristes !
Mon mari m’amena devant une jolie petite école de style colonial, la fameuse petite école enfantine Xiluva que dirigeait la sœur de notre médecin. Xiluva signifie
f l e u r en langue changane.
Le changane est un groupe ethnique de l’extrême sud du Mozambique. Au fait Xiluva se prononce : chilouva.
Ce nom : Xiluva me plaisait bien, j’y voyais un excellent présage, car Tintaraba si nos amies t’ont tendu la perche, c’était pour que tu trouves mon ancien métier qui sent si bon, et les coquines ne t’ont pas dit que je tenais une boutique de fleurs pour le plaisir de te faire chercher ! Tu n’as pas dû voir leurs commentaires.
Même si j’étais très contente d’être là, dans cette jolie petite école, je ne laissais rien paraître de mes inquiétudes mais ne pouvais m’empêcher de penser au comment allais-je m’y prendre ? Comment allais-je être acceptée par les petits ? Je les trouvais très mignons ces enfants, qui avec l’insouciance de leur âge, jouaient dans la cour de récréation comme tous les enfants du monde.
La directrice, de son prénom Florência, me présenta aux maîtresses : Lùcia, Susy, Josefina et Carminda. Un coup de sifflet strident me sortit de mes petites angoisses. Florência ne m’avait pas dit ce que je devais faire. Les enfants se mirent en rang, plus un bruit. D’instinct, je suivais la classe de Lùcia, les 4 – 5 ans. Dès cet instant j’avais compris que je devais me débrouiller toute seule. Cette première journée devait être une journée d’observation.
Devant le portrait du Président Chissano et le drapeau mozambicain les petits bouts entonnèrent avec conviction et force l’hymne national et firent ensuite l’éloge du Président et de son épouse.
C’était impressionnant d’autant plus que je ne comprenais pas tout. La classe commença, Lucia était affalée sur son bureau, initiation à la lecture, écriture et dessin.
La matinée passa rapidement, puis on emmena les enfants à la cantine après leur avoir fait lavé les mains. Le repas y est frugal, poisson et riz servi avec parcimonie, une fois par semaine un tout petit bout de viande, pas de dessert. Ensuite la sieste, les enfants se couchent sur des nattes. On leur distribue des oreillers. A peine nous avions tourné le dos qu’ils se mirent à chahuter et là, choquée, je vis les maîtresses leur balancer une de leur tapette (tong en plastique) sur la tête pour les faire taire. Je n’en revenais pas, quelle méthode, même ma présence ne les gênait pas !
Je pris l’habitude de les devancer, cela m’étais facile car les femmes se déplacent avec beaucoup de nonchalance, par la suite elles ne se déplaçaient plus.
Alors comme nous le faisons chez nous, les deux mains jointes contre ma joue inclinée je leur chantais sur deux notes : do-do, suivi d’un chut, le doigt sur la bouche … Effet magique ! Ils se calment subjugués, jusqu’au moment où une toute petite se mit à pleurer tout en la berçant je lui chantais le fameux « dodo, l’enfant do ».
C’est à ce moment précis que me vint une idée ...
Youpi ! … Euréka ! …
J’avais trouvé ce que je pouvais faire pour me rendre utile dans cette école. J’avais aussi découvert que les enfants ne connaissaient pas ces moments de tendresse que nous donnons à nos jeunes enfants en France, cela tombait bien, moi j’avais beaucoup d’amour à donner.
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