Ma petite école X i l u v a …
Voilà, j’avais trouvé un bon moyen de parfaire mon vocabulaire en apprenant des chansons enfantines à ces petits bouts. J’avais en bonne mémoire : Sur le Pont d’Avignon, Frères Jacques, Il pleut, il pleut Bergère et d’autres, mais qui ne les connaît pas ?
Il fallait les voir chanter et mimer, a d ora b l e s ils étaient. Bon bien sûr, cela n’avait rien à voir avec le gestuel de nos petits en France, mais bon ! Lorsque je les voyais se déhancher à l’africaine, je me disais que c’était une nouvelle version. J’aurais aimé les voir faire autrement, j’avais beau leur expliquer, leur montrer, rien à faire ! Les petites filles adoraient faire la révérence, et les petits garçons saluer avec un chapeau imaginaire, de façon très locale. Je m’étais attachée à eux et eux à moi. Les maîtresses sont appelées par les enfants Tia = tante, et moi j’étais leur Titinia. Quand je les croisais en ville, ils me faisait un « dodo » joignant le geste à la parole, cela faisait rire mon mari.
Un jour, la Directrice me dit que j’étais convoquée chez le Ministre de l’Agriculture avec les enfants pour une petite démonstration de leurs jeunes talents. Quelle histoire ! Je m’inquiétais quelque peu, j’avais le tract … Mais tout se passa bien, par la suite j’ai appris qu’en Afrique rien ne sert de s’affoler …
Les enfants avaient revêtus leurs beaux habits des grands jours : petite robe froufroutante, chaussettes à revers dentelle, vernis noires pour les petites filles et les petits garçons avaient mis leur beau costume et nœud papillon. Ils étaient trognons, j’étais fière de mes enfants. Sagement ils se sont donnés la main et en rang bien serré nous sommes arrivés au Ministère qui se trouvait à 300 mètres de l’école. La Directrice et Lùcia nous accompagnaient. Ils ont bien chanté, ils ont bien dansé, ils ont été applaudis à tout rompre. Un bon goûter les attendait, ils étaient tout contents d’être passés à la télé, on en parlerait à la radio, et il y aurait une photo dans le journal local ! Ouf ! Je dois vous dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire à tout cela, ici en Afrique nous sommes, nous pauvres pékins, amenés à côtoyer de hautes personnalités.
X i l u v a …
était réservée aux enfants des cadres fonctionnaires de l’Agriculture, Lucia qui est devenue ma grande amie m’expliqua que nombreux enfants n’allaient pas à l’école car ils devaient travailler dans les fermes de leurs familles où l’on pratiquait une agriculture de subsistance. Plus des deux tiers de la population mozambicaine souffre de malnutrition.
Il n’y avait pas assez d’écoles, elles étaient si surpeuplées que chaque classe devait être répétée trois fois par jour. La qualité de l’enseignement est médiocre et les enseignants mal payés.
Pour exemple : Lùcia gagnait environ 55 euros par mois, je ne me souviens plus combien cela faisait en méticals. Elle avait pour avantage d’occuper gratuitement une coquette maison de fonction où elle vivait avec sa mère, ses frères, et sœurs. A eux tous ils arrivaient à vivre correctement. Jamais, tout au long de notre séjour, je ne les ai entendu se plaindre.
Décidemment, j’allais de découvertes en découvertes … Mais je dois avouer que cette journée au Ministère de l’Agriculture m’a beaucoup marquée.
Bises.
On te l'a dit, écris un bouquin !
Grosses bises