La porte s’ouvre, j’ai de plus en plus de mal a distinguer clairement les visages. Toutes les images sont décalées, comme une mauvaise retransmission télévisé. La dame qui nous a ouvert nous emmène directement au salon. Il est a peu près identique au notre sauf qu’il semble plus, une sorte de nuit semble s’être abattue dans cet appartement. Vers la baie vitrée, une dame est en train de se faire administrer une piqûre. Cela me semble duré une éternité, et je commence vraiment â être fatigué. Je met don ma main sur l’épaule de ma mère, pour m’appuyer. Je commence a m’appuyer doucement et, voyant qu’elle ne dit rien, je commence a faire peser mon poids sur elle. Mais d’un coup elle me regarde et me dis :
-Mais Sylvain, tu ne sait pas te tenir ou quoi, qu’est ce qui t’arrive ce soir ? Je vois ses yeux roulés et mêmes parfois sortir des orbites, je me sens vraiment de plus en plus mal.
-Oui, M’man, je souis un pieu foitigué. Ma bouche n’arrive plus à articuler tous les mots. Ma mère me regarde avec un air bizarre, elle n’a pas encore l’air de se douter quoique ce soit. Quant a moi, dès que je la lâche je sens que je vacille, j’ai mes jambes qui sont comme les montres de Dali. Je dois faire un véritable effort pour ne pas m’asseoir.
-Pourquoi il n’y a joimais de chiasse ici ? C’est vrai ça, ils pourraient mettre des chaises pour les gens fatigués. Je ne sais pas si j’ai parlé à voix haute ou basse, ce que je sais c’est que cela n’a pas plu à ma mère qui me regarde de travers.
-Sylvain ! Qu’est ce qui te prend de dire des bêtises pareils, parles moins fort nom de Dieu ! Elle me dit ça en chuchotant mais je sais bien que j’ai dut dire une grosse bêtise. Je me tais donc et essais de m’approcher discrètement de la table afin de m’y appuyer. Ahh, ça fait du bien, je m’y appuie allégrement.
Sylvain, arrête ça et tiens toi debout normalement, pour qui vas-tu nous faire passer ici !!! Tiens toi droit un peu, et sans te tenir !!! J’obéis immédiatement, mais c’est dur, on équilibre est de moins en moins efficace.
Quand c’est enfin à mon tour, je ne pense plus qu’a une chose, c’est de pouvoir rentrer à la maison et dormir sur mon lit adoré. Je saurais plus tard, que je reste avec un sourire idiot tout le long. Je la regarde donc me faire la piqûre, impossible de connaître les traits de l’infirmière, je sais quand même que ce n’est pas celle que j’ai d’habitude, car sa voix est différente. Je regarde l’aiguille me transpercer le bras sans aucune appréhension ni douleur, je regarde se faire mon injection sans en perdre une goutte.
-Pouquoi ne peut on pas fouaire nous même, ça n’as pas l’air sipliqué ? L’infirmière me regarde avec un air interrogateur.
-Tu es sure que tu vas bien, Sylvain ? Elle met sa main sur mon front, et après un instant l’enlève.
-Oui oui, ça va bien ! Je ne sais même pas comment je vais me relever de ce fauteuil. Je pourrais toujours m’appuyer sur les accoudoirs.
Je me remets debout sans trop de difficulté finalement, m’aidant laborieusement de la table qui se trouve à coté. Ma mère coupe court aux discussions, et il me semble que tout le monde me regarde bizarrement. C’est la descente de l’escalier qui est étrange, non pas que je n’y arrive pas, mais mes jambes sont devenues, me semble t il, comme des tiges de caoutchouc plus ou moins dur, qui se tendent et se détendent a chaque marche franchie, ce qui fait une démarche non pas d’ivrogne, mais plutôt maladroite, haché et désordonné, entre l’athlète et l’alcoolique. La descente est réussi, ouf, et la remonté vers chez moi est collé à la rampe, mais discrète. Ma mère et moi nous nous sommes battus pour savoir qui passerait devant dans les escaliers, je lui répondu que le savoir vivre voulait que ce soit elle, ce qui, je dois le dire, m’arrange bien sur ce coup là. C’est à ce moment précis où ma ligne de conduite n°42 concernant le savoir vivre fut adopté à 117%, les élections étant truqués par mon taux d’alcoolémie. Je rentre enfin chez moi après ce périple, interminable.
A peine arrivé, je décide d’aller directement allez faire mes devoirs, ce que je fais savoir à ma mère, qui me répondis « tu ne dois vraiment pas aller pour que tu fasses tes devoirs ! Mais fait je t’en prie ! ». J’aurais pu être déçu de cette remarque si je ne l’avais pas oubliée deux secondes plus tard. Je croise l’aîné qui ne semble au courant de rien, et qui me dévisage aussitôt sentant une anguille sous roche. Il me demande si ça va et je lui réponds « oui, nichel ! » avec mon plus beau sourire idiot. Il est de plus en plus difficile pour moi de parler correctement ou même de parler tout court. Les idées se formulent bien dans ma tête mais ne semblent pas sortir dans le bon ordre. Je peux enfin m’asseoir. La vérité est que je déteste ce bureau. Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, je le trouve moche a mourir, avec le recul, il est fort probable que ce soit a cause de cela que je ne travaille jamais dessus. Il est en bois massif pourtant mais, du goût de mes parents, certainement pas du mien. Je reste assis devant et je me décide enfin à travailler un peu. J’ai juste le temps d’ouvrir mon cahier quand la chambre se met à tournoyer devant mes yeux. C’est très étrange sachant que mes yeux eux, ne bougent pas du tout. La tapisserie que je n’aime pas non plus est composée de losanges dégradés de crème à marron. Une chambre on ne peut plus triste. Mon ventre essaie de faire des nœuds avec mon intestin mais ne semble pas y arriver. Je me dis que dans les films les gens se mettent de l’eau sur la figure quand ils avaient bu alors je me relève, direction salle de bain. Je croise mon grand frère, Stéphane, qui questionne d’une manière assez rude celui qui avait rempli ce verre, c'est-à-dire Fabien. J’arrive donc tout doucement dans la salle de bain, bidet, lavabo, baignoire se dressent devant moi. Je pense bêtement que je ne saurais jamais a quoi sert ce fichu bidet. Je me dis que c’est sûrement pour les pieds. A quoi d’autre cela pourrait il servir ? Je fais couler l’eau et attend un peu pour qu’elle soit relativement fraîche, je veux être sur que ça marchera ! Je m’asperge le visage, et me sèche, je me sens mieux immédiatement, c’est donc vrai ce qu’il se passe dans les films ! Je tourne donc la tête vers le miroir afin de voir a quoi je ressemble, si mes traits ne sont pas trop déformés, tout ça. Je vois bien le miroir mais aucune trace de mon visage, d’un coup, j’ai peur. Je suis mort, je n’existe plus ! La panique me tétanise, aucun muscle ne bouge, je sens un frisson larder mon échine. Plus de force, je ne peux plus bouger. Je vois pourtant Stéphane entrer dans la salle de bain, je crois qu’il me parle. Ces paroles me parviennent comme profondément installé dans une piscine. Je fini par comprendre. « Qu’est ce qu’il y a, tu fais une drôle de tête ». Je lui réponds dans un effort ultime « Je me ne bois lus ».