Mon ange, mon amour, mon tout petit,

Qu’il m’est difficile de trouver les bons mots avec toi… Parfois câlinou et adorable, souvent provocateur et dictateur… Tu changes de comportement en un battement de cils et sais parfaitement appuyer là où ça fait mal.

J’aimerai trouver les mots pour t’apaiser, j’aimerai savoir garder mon calme et ma bienveillance face à toi sans jamais vaciller mais je n’y arrive pas... Je me dis que j’ai dû faire quelque chose de mal pour qu’on en arrive là. Peut-être que tu  manques d’attention… Peut-être que tu as l’impression d’être laissé sur le bas-côté de la route…

Mon ange, mon amour, mon tout petit, saches que je t’aime. Autant que ton frère, différemment sûrement, mais autant !

C’est vrai dès la grossesse ton frère a demandé plus d’attention. Il manquait un peu d’eau dans sa baignoire, puis il a jugé bon d’arriver les fesses en premier et d’oublier quelques instants  de respirer. Ensuite il a trouvé drôle d’être jaune poussin. Et pour finir son début de vie en apothéose il nous a fait vivre un enfer à chaque biberon et a cassé sa courbe de croissance (merci de RGO).

Toi, pendant ce temps-là tu observais tout ce remue-ménage.  Mon petit bouddha que je t’appelais… Tu grandissais tranquillement comme un champignon… Et puis un soir à l’aube de tes un an tu as commencé à trouver que ton frère te volait un peu trop  la vedette. Tu en as eu marre d’entendre tout le monde parler de ses beaux yeux bleus alors tu as pris ton courage à deux mains et sans que personne ne te voit tu t’es mis à ramper et tu as sauté dans les escaliers. Si tu savais comme j’ai eu peur ce soir-là… Cela nous a valu un long tête à tête en observation à l’hôpital. 24 heures suspendues dans le temps. Les premières où je n’ai eu qu’un seul enfant à m’occuper. La situation était plus qu’inquiétante même si finalement tu n’as rien eu de grave mais moi je relativisais en me disant qu’enfin je profitais pleinement d’un de mes bébés.

Ce jour-là tu t’es senti comme le centre du monde et tu  as tellement apprécié que pendant de longs mois tu as trouvé super de réveiller toutes les nuits tes chers parents. Et si par malheur on te posait tu pleurais à t’en couper la respiration. Enfin un truc pour attirer sans faute l’attention de tes parents ! Depuis on a mis un peu le ola et les spasmes du sanglot ont presque disparu mais à trois ans passé tu continues à me réveiller 3 nuits sur 4 plusieurs fois... De peur que ton frère attire de nouveau trop  l’attention sur lui quand il s’est mis à marcher, tu t’y es mis aussi… Dans l’heure qui a suivi... Quand ton frère a eu ses lunettes, tu as commencé à loucher. Après tout il n’y avait pas de raison  que lui ai des lunettes et pas toi… A présent que ton frère doit être suivit au CMP parce qu’il est « difficile » à l’école, tu le deviens… Si tu savais comme cette situation est difficile pour moi… Si tu savais comme j’aimerai que ton frère parle aussi bien que toi… Qu’il écoute aussi bien que toi en classe…

Tu sais mon  ange, mon amour, mon tout petit, ce n’est pas parce que Lucas nous accapare avec ses difficultés que nous ne t’aimons pas. C’est vrai tu  as raison, je passe plus de temps avec lui mais ce n’est pas par plaisir, c’est parce qu’il a besoin d’aide pour se concentrer, parce que là où toi tu as besoin de 5 minutes pour faire une tâche, lui il lui  en faut 10… Avec toi, quand tu n’entre pas en rébellion, nous passons ensemble un moment d’une qualité infinie. Et puis, tu nous apporte tellement de légèreté avec tes mots d’enfant de 3 ans…  

Saches, mon ange, mon amour, mon tout petit que je t’aime… plus que tout…que je sois à côté de toi ou à mille lieux de toi, que je sois heureuse, triste ou en colère je pense à toi et je t’aime…