J'attendais à la sortie de l'école quand j'ai entendu deux femmes discuter tout à côté de moi : L'une, prenant un air important, avertissait l'autre : "Méfie-toi d'un tel… il dit du mal des autres dans leur dos, on ne peut pas lui faire confiance…Méfie-toi vraiment."

L'autre, plus jeune, lui a demandé très calmement :
- Qui te l'a dit ?
- Je le sais, ne me demande pas d'où, je ne peux pas te le dire, mais crois-moi.", répondit la première sur un ton mystérieux.
- Eh bien s'il a dit des choses sur toi, va lui parler !
- Non, non… ce n'était pas sur moi directement …, répondit la première, gênée.
- Mais va lui parler quand même, si tu veux mettre les choses au clair.
Non, non, c'est inutile, il dira que ce n'est pas vrai, qu'il n'a rien dit, il mentira…"

Bref, elle préférait continuer à médire dans son dos, à distiller son venin plutôt que de régler les choses dans la lumière.

J'ai admiré la fermeté de l'autre femme, qui ne voulait pas entrer dans la médisance, qui proposait calmement des solutions pour savoir ce qui était vrai ou non. La médisante, elle, devenait presque agressive, cela l'irritait de voir qu'on ne la suivait pas sur son chemin tortueux.

Il aurait été plus facile d'écouter d'une oreille en disant " oui oui, ah bon " en la laissant médire : mais elle a pris position, peut-être à son désavantage ; peut-être que l'autre ne la considérera plus comme une amie, ne lui rendra plus service en l'amenant en voiture à l'école ?

Cela me rappelle un conte célèbre intitulé " Les trois tamis" : Socrate, le grand philosophe grec de l'antiquité, disait que quand quelqu'un venait colporter un ragot sur quelqu'un d'autre, il fallait faire passer cette parole au travers de trois tamis (ou passoires, ou filtres, choisissez votre ustensile!) :
- est-ce sûr que c'est VRAI?
- si on n'est pas sûr que ce soit vrai, est-ce une chose BONNE ?
- enfin est-ce une chose UTILE à savoir, à défaut d'être bonne ?
Si ce n'est pas le cas … on peut l'oublier !