C'est à cette étape qu'il faut apprendre l'importance de manger lentement, de mastiquer correctement et de savourer les aliments. Il y a des techniques permettant d'apprécier davantage ce que l'on mange, et donc de mieux ressentir la sensation de satiété, et de tirer le maximum de plénitude physiologique et sensorielle de nos aliments.

Lorsque l'on mange, l'estomac se dilate et envoie des signaux au cerveau pour le tenir au courant de ce qui s'y passe. Le cerveau note que l'estomac se remplit, mais il ne fait rien tant qu'il ne reçoit pas de signaux de l'intestin et des hormones de digestion.
Quand ces signaux sont reçus et « valident » le message de l'estomac, le cerveau envoie le message « OK, c'est assez », qu'on appelle le signal de satiété.

Si on mange trop rapidement, on ne laisse pas le temps au système digestif d'envoyer ses signaux au cerveau, et on ne permet pas à notre corps de nous dire quand c'est suffisant. Tandis que lorsqu'on mange lentement, le corps peut envoyer plus précisément le signal que c'est assez... pas forcément quand l'assiette est terminée!

Il y a une autre raison de manger lentement et de bien mastiquer. Trop rapidement, la nourriture n'est pas appréciée par les papilles gustatives. La nourriture tombe directement dans la gorge, les saveurs sont en fait perçues par le nez (les odeurs, en fait), et on ne ressent qu'une toute petite partie du plaisir que peut réellement nous apporter l'aliment.
Manger plus lentement permet de tirer un meilleur parti de son alimentation. On réduit les risques de manger au-delà de sa faim, ce qui est provoqué par la recherche du plaisir vague de ces aliments qui sont passés trop vite dans la bouche

Exercice du chocolat :

Prenez 3 morceaux de chocolat à 70% de cacao. Ca n'a rien à voir avec l'amour du chocolat, c'est que c'est un des aliments qui se prête le mieux à l'expérience.

Laissez fondre le premier morceau tout en le promenant à l'intérieur des deux joues, et en le glissant sur le palais et sur la langue jusqu'à ce qu'il soit complètement fondu.

Ensuite, prenez le 2e morceau et croquez le très rapidement, avant de l'avaler.

Prenez finalement le 3e morceau et mastiquez le des deux côtés de la bouche, puis avalez-le.

Quel morceau a été le plus savoureux?

Le 1er a probablement été le plus savoureux, parce que le chocolat a fondu lentement dans votre bouche et a eu amplement le temps d'être en contact avec vos papilles gustatives. Pour les aliments qui fondent, cette technique est adéquate pour apprécier els saveurs et les textures. Mais vous ne pouvez faire la même chose avec tous les aliments que vous mangez et qui ne fondent pas...
Le deuxième morceau a probablement traversé votre bouche en vous laissant à peine le temps de savoir que c'était du chocolat.

En revanche, le 3e morceau, que vous avez mastiqué des deux côtés de la bouche, a probablement été presque aussi savoureux que le 1er. Bref, cette technique, qui s'applique autant aux aliments fondants qu'à tous les autres, est très efficace pour saisir pleinement les saveurs des aliments.

Qu'est-ce qui fait que c'est si savoureux?
- Les aliments touchent les papilles gustatives, dont les 5000 bourgeons sont répartis sur la langue. Le signal envoyé au cerveau est donc beaucoup plus clair que si l'aliment touche peu la langue.
-Lorsqu'on mastique des deux côtés, le palais mou se soulève. L'une des fonctions du palais mou est de maintenir la cavité de la bouche au repos, pour éviter que les voies respiratoires ne soient bloquées. En revanche, quand on avale, le palais mou se place de manière à ce que les aliments tombent dans l'œsophage et ne remontent pas dans le nez. En mastiquant des deux côtés de la bouche, on l'oblige à se soulever. Ainsi, les effluves de la bouchée sont poussées vers l,arrière de la bouche et lorsque le palais mou redescend, elles peuvent remonter vers le nez, là où des milliers de récepteurs olfactifs sont postés pour informer le cerveau de ces différents arômes.

Pourquoi est-ce important de savourer?
Lorsque le nez a reçu un maximum de parfums et que tous les récepteurs d'odeur sont en fonction, il n'y a plus de place pour la perception de nouvelles odeurs. Nos récepteurs sont saturés.

Lorsqu'on mange, ce phénomène diminue l'impact sensoriel des aliments. C'est pour cela que les premières bouch.es sont toujours les plus savoureuses.
Généralement, cet émoussement graduel des sensations gustatives et olfactives correspond à l'apparition progressive de la sensation de satiété. On a de moins en moins faim et on tire de moins en moins de plaisir de ce que l'on mange. Il est donc plus facile d'arrêter au moment où on en a eu assez.

Cet exercice est de loin LE PLUS EXIGEANT de tous, car réapprendre à mastiquer n'est pas facile. Cela exigera de vous de toujours penser à bien mastiquer, chaque fois que vous mangez. Au début, il faut rigoureusement chercher à prendre l'habitude d'y penser avant chaque repas. Sinon, vous réaliserez une fois votre assiette terminée que vous avez encore oublié de mastiquer lentement.

Il est possible qu'avant de réellement sentir la différence entre l'ancienne façon de manger et la nouvelle, vous ayez besoin de temps et de pratique. C'est normal, les différents individus ne répondent pas à ces changements de manière uniforme.

Il est aussi difficile d'apprécier et de savourer pleinement les aliments si vous êtes hyper concentré sur la technique. Mais il faut quand même faire consciemment l'effort de l'apprendre pour bien l'intégrer. Faites une pause dans votre journée chargée pour vous concentrer sur les arômes, les saveurs et les parfums de votre repas.

Je constate que la majorité des gens ayant un problème de poids ont de la difficulté à manger lentement et à vraiment savourer les aliments. Je constate que les gens prennent du temps à intégrer cette façon de manger pour qu'elle soit machinale. Ne vous découragez pas. Là encore, c'est avec le temps que vous finirez par apprendre et apprécier cette manière de savourer les aliments.