L'alopécie, une chute pas comme les autres

Il existe des chutes de cheveux passagères; l'automne en particulier est une saison réputée pour ne pas faire tomber que les feuilles. Mais lorsque la chute dure plus de trois mois, pour les hommes et pour les femmes il faut penser à l'alopécie androgénogénétique. Chez les personnes atteintes, l'espérance de vie du cheveu disparaît, et à chaque fois qu'il tombe le cheveu repousse plus fin, moins coloré, jusqu'à ne plus être qu'un fin duvet invisible. Le mécanisme est bien connu chez les hommes, mais les femmes en sont un peu moins conscientes…

Hommes, femmes, le même mécanisme

Pourtant, la chute est déterminée par le même mécanisme. C'est la testostérone qui est en cause ? d'où le mythe de la virilité des hommes chauves ? mais ceux et celles qui perdent leurs cheveux n'en possèdent pas un taux anormal. Simplement, les cellules de leur cuir chevelu y sont plus sensibles. Si le mécanisme est le même, les manifestations sont cependant différentes. Alors que chez les hommes, la tonsure et les tempes sont rapidement dégarnis, pour la femme la chute est plus diffuse. Par ailleurs, les coiffures des femmes et le fait qu'elles ont souvent les cheveux plus longs rendent en général la chute plus discrète. Il est facile d'ignorer les cheveux que l'on retrouve au fond de la baignoire, ou les élastiques qui deviennent soudain trop grands. Le fait que les femmes aussi perdent leurs cheveux avec l'âge, et surtout après la ménopause, reste donc encore souvent méconnu.

Des prises en charge différentes

Le traitement "au masculin" de l'alopécie repose essentiellement sur le finastéride, un médicament qui agit sur la prostate. Malheureusement, ce produit relativement efficace a des effets dévastateurs sur les fœtus, et en particulier les fœtus mâles, s'il est absorbé ou même manipulé par une femme enceinte. Il est même conseillé aux hommes traités par finastéride d'utiliser une protection lors de leurs relations sexuelles avec une femme susceptible d'être enceinte ou de le devenir. La prescription de finastéride aux femmes en âge de procréer est donc difficile à justifier, et son efficacité a été très peu étudiée. Que reste-t-il donc aux femmes confrontées à l'alopécie androgénogénétique ? Certains médicaments locaux (lotion à appliquer sur les cheveux), mais ils sont moins efficaces. En revanche, la greffe de cheveux est beaucoup plus convaincante chez les femmes que chez les hommes, parce que plus discrète et camouflée par la chevelure existante…

22/09/2008

Marion Garteiser, journaliste santé