Cécile Neuville, dans son livre intitulé "Faites briller votre soleil" parle de "déclic positif".

Pour ma part, j'ai véritablement vécu deux déclics importants qui ont été les deux fois à la source d'une ferme volonté de changement.

Le premier déclic :

Je me suis toujours beaucoup investie dans mon travail au point d'en faire beaucoup trop et d'être pour ma part toujours insatisfaite. Il s'agissait pour moi d'une course folle ; vraisemblablement, je n'allais connaître de répit qu'à la retraite ! Mon contexte de travail était difficile ; mon entreprise était en train de fusionner avec une autre ; j'avais un poste stratégique car en lien direct avec le terrain et manager d'une équipe de 14 personnes. Il ne s'agissait pas pour moi de plier ; je devais résister à tous prix, montrer l'exemple, être exemplaire !

Et puis, un jour, probablement vers mars-avril 2009, ma directrice m'a dit "Tu n'as plus rien à prouver". Cette phrase a eu l'effet d'un électrochoc. Quelque chose s'était brisé. Quoi ? Ce n'est bien plus tard que j'ai compris que mon unique moteur, pendant toutes ces années de dur labeur, avait été de prouver... De prouver quoi ? De prouver aux autres et à moi-même ma valeur ; de prouver aux autres et à moi-même que je pouvais concilier sans sourcilier vie privée et vie professionnelle (lorsque j'ai accepté ce poste mes enfants n'avaient que 2 et 4 ans !) ; de prouver aux autres et à moi-même que j'étais un excellent élément voire un des meilleurs ; de prouver probablement à mes parents que je pouvais comme eux, et comme avaient pu le faire leurs propres parents, travailler sans relâche et démontrer ainsi mon courage et mon sens du sacrifice (deux "valeurs" fondamentales au sein de ma famille).

Tout d'un coup, je n'avais plus rien à prouver donc plus rien à faire là ; ma quête n'avait plus de sens, mon objectif inconscient était atteint, mon but ultime était dévoilé au grand jour. Cette phrase m'a fait mal, véritablement mal. En même temps, elle m'a libérée d'un terrible fardeau que j'ose qualifier de générationnel. Depuis, d'ailleurs, mes relations avec mes parents se sont dégradées. Tout d'un coup, je n'étais plus en phase avec ce qu'ils avaient pu m'inculquer ; je n'étais plus en phase avec leurs attentes ( inconscientes). Je voulais redevenir libre, me libérer de ce carcan trop serré, je ne voulais pas me noyer. Je me souviens qu'à cette époque j'avais du mal à inspirer profondément ; prendre conscience de ma respiration me procurait un sentiment de grande angoisse.

C'est grâce à ce malaise déclenché par cette phrase "tu n'as plus rien à prouver" que j'ai décidé d'agir, de passer à l'action. Je suis restée amie avec ma directrice ; il faudra probablement un jour que je lui dise qu'elle est à l'origine de mon changement de vie !

Le deuxième déclic :

J'en ai déjà parlé lors d'un précédent article. Dès la première séance de psychothérapie débutée voici deux ans, la psychologue m'a demandée "Qu'est-ce qui vous fait plaisir dans la vie ?". Ce à quoi j'ai répondu "résoudre des problèmes" . Le déclic a été de m'entendre donner une telle réponse que j'ai trouvé immédiatement absurde. J'avais une famille composée d'un mari aimant et de deux enfants merveilleux, j'avais une belle maison et un projet de déménagement, j'arrivais malgré tout à m'octroyer du bon temps, et la seule réponse qui m'est venue à l'esprit (et après 30 secondes de blanc total !) a été "résoudre des problèmes" ! Je n'en reviens toujours pas. Ceci dit, ma réponse m'a permis de comprendre qu'il fallait vraiment que je réajuste ma vie et que je renoue avec moi-même pour mon plus grand plaisir et celui des miens !