Aujourd’hui, je vous raconte le vendredi de Julien. Je vais le rechercher au salon. Habituellement ça donne à peu près ça à un cheveu près.
- «  Tu as passé une bonne journée, Mim ? »
- «  Ben ouais, j’ai fait un brush… des shampoings, deux colos… un lissage, etc etc la routine quoi ! » Et puis basta. Mais ce soir là, j’ai même pas eu à poser la question. A peine monté dans la voiture :

- «  Salut m’man, quelle journée d’enfer ! » qu’y m’dit
-  «  Ah bon vous avez eu du monde ? » je réponds, intéressée.
- «  Ben non… c’est pas ça du tout m’man, mais tous les ‘cas sosses’ de Roubaix (traduire cas sociaux) s’étaient donné rendez-vous au salon !

       Le matin, une jeune femme se pointe pour se faire démêler les cheveux mi longs qu’elle n’avait pas coiffés depuis des siècles ! T’aurais vu ça m’man ! Une énorme dreadlock en haut du crâne ! On s’y est mis à trois et ça a duré une heure ! Le patron y dev’nait fou… et la crise de rire après, te dis pas !
     L’après-midi re belotte, une jeune fille arrive avec son fiancé au look évadé de prison tu vois… la fille cheveux jusqu’au bas du dos mais QUE des nœuds, mais ouf elle voulait une coupe celle-là,  l’patron aurait craqué ! Le problème c’est qu’elle refusait de passer au shampoing… parce que phobique de l’eau ! Le patron il a insisté, insisté… alors je l’ai emmenée vers le bac, elle y est allée comme si elle allait à l’échafaud en pleurant bruyamment à chaudes larmes et idem durant tout le shampoing. Je ne savais pas quoi faire pour la rassurer, et le fiancé tatoué et percé de partout comme une passoire, qui lui tenait la main et lui parlait ‘et nanani et nanana’ comme si elle était sur la table d’opération ou d’accouchement tu vois, ‘t’inquiète pas ça va aller, suis là, calme toi…’ Et moi j’voyais les collègues au comptoir qui se marraient en douce derrière leur dos ! Et crois moi m’man c’est dur de se retenir ! Après, le patron fait sa coupe courte et le fiancé qui dit à sa chérie :
-‘Quand même… t’y as été fort avec tes ongles !’
Et il frottait ses mains toutes griffées au sang ! La ‘folphobique’ lui avait rentré les ongles dans la peau pendant le shampoing tellement elle paniquait ! Après ils sont partis bras dessus dessous et elle, tout haut, a demandé au fiancé qu’il lui fasse l’amour en rentrant parce qu’elle l’avait bien mérité… ! ! !  Ce à quoi il a répondu  : 'pas l'temps ', qu’il devait retourner à Loos pour 18 heures (pour celles qui ne connaissent pas bien le nord, à Loos se trouve la plus célèbre prison de détenus de notre région…)
Patron et personnel au bord de l’implosion.
- « Il était surement en liberté surveillée qu’il a dit le patron… » après.
Et là, Loos en plus, ça a été l’étincelle qu’a fait déborder le vase, la goutte qu’a mis le feu aux poudres voyez… tout le personnel MDR après ! »
Non mais j’vous jure ‘c’est une galerie de portraits de Ste Anne la coiffure’, j’ai dit a Julien ! ‘Tu vas devoir passer un doctorat es psychiatrie pour exercer !’

      Et c’est pas tout ! A peine remis de leur deuxième fou-rire, une dame d’une soixantaine d’année rentre habillée comme un travesti à Pigalle et maquillée comme une voiture volée. Le patron s’en charge en levant les yeux au ciel par derrière, fait sa coupe avec ‘effilage qui revient sur des joues si’ouplait…’  Julien regarde la technique de coupe et là elle commence une drague éhontée, la mémère et que je te lui touche le bras de Julien par ci, et des  « qu’il est mignon ce jeune homme ! » par là et des regards énamourés et « Pourquoi c’est pas le jeune homme quoi me coiffe ? Je suis sûre qu’il doit être très doué… »

Bref après ce dernier cas que je nommerai ‘c’est combien ?’, ils se sont tous offert un fou rire aux larmes avec le patron (à la limite de revendre ses salons si ça contuinuait mardi) Mais qu'est-ce qu'ils ont ri !

Trois cas le même jour, c’est rare je vous rassure ! Des caricatures, du Molière à mourir de rire, la vie est un théâtre ! Et je ne pouvais pas vous priver de cette galerie de portaits, hein les fillotes ?

Bisous à toutes !