La rue Léopold, à Liège est une rue populaire, sympathique et bon enfant. Les immeubles, de grosses maisons de 5 à 6 étages, sont maintenant transformés en appartements, studios et chambres pour étudiants. Le quartier est un des derniers à avoir encore son cachet de centre historique, des petits maisons imbriquées les une dans les autres, à l'arrière de l'artère principale, des rues étroites, des tas de petits restaurants, des commerces bigarrés. Elle longe une gare d'autobus et la facade arrière de l'Hotel de Ville.

Une explosion de gaz s'est produite mardi vers 2 heures du matin, incendiant un immeuble de 6 étages ( à côté de la maison natale de Georges Simenon). 

A 7 heures, la facade s'écroulait, ensevelissant les derniers occupants qui n'avaient pas encore pu être sauvés.

22 blessés graves, 12 morts dont on n'a pas encore toutes les identités, 500 personnes à la rue,en pyjama, tout le quartier ayant été évacué tant la secousse a été importante. La déflagration a été entendue et même ressentie fort loin.

Un quartier entier dévasté, plus d'électricité, plus de gaz, plus de fenêtre aux maisons proches, plus de vitre, des voitures retournées ... Tout le bloc sécurisé, fermé par des barrières et sous haute surveillance par les forces d l'ordre.

Les pompiers, la police, ceux que l'on appelle les pompiers sociaux, les autorités, la croix rouge, la protection civile travaillent jour et nuit depuis mardi.

Aujourd'hui on a enfin pu terminer le déblaiement, tous les corps sont enfin retrouvés. Et des équipes de pompiers vident certaines maisons de tout leur contenu, déménagent donc, car elles vont être abattues dans les jours qui viennent. D'autres équipes recherchent les animaux domestiques, eux aussi abandonnés au désespoir de leurs propriétaires.

Les autorités ont pu réagir dans la minute car il se tenait au même moment un conseil communal. La caserne des pompiers est à quelques centaines de mètres et le Gouverneur de la Province habite aussi à quelques centaines de mètres. J'admire les dispositions qui ont été prises, les centres de crise efficaces, la réaction immédiate des hôtels qui hébergent tous ces gens nus, sans papier, sans argent, sans vêtements, sans rien. 

La Cité Ardente montre une fois encore son coeur ardent par les mouvements de solidarité, d'aide diverse, ( une vieille dame de 93 ans a été prise en charge sur le champ par une jeune fille de 22 ans qui ne l'avait jamais vue, c'est seulement aujourd'hui qu'elle est allé demander de l'aide au centre de crise). Tous vont être relogés dans les jours qui viennent, des vêtements, des meubles, de l'argent, après les repas chauds et le nécessaire leur ont été apportés.

Par delà la tristesse causée par la mort de 12 personnes et le dénuement de tant d'autres, je suis aussi émue par la manière violente que se tourne une page de l'histoire de Liège.