Comment calculer soi-même le pH de la terre de son jardin, et faire bleuir ses hortensias …
Aujourd'hui c'est plein soleil sur les Côtes d’Armor, depuis l’Afrique je consulte chaque jour la météo et déplore les dégâts que les intempéries ont occasionné.
Ce n’est pas que la Bretagne qui a été touchée mais de nombreux départements. Après la Bretagne en décembre, janvier et février, plusieurs départements du Sud-ouest ont été placés en vigilance orange à cause de vents violents et de risques d'inondations, le Gers, du Tarn-et-Garonne, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne et Ariège. Toutes mes pensées vont vers ces personnes qui doivent se reconstruire. Les séquelles tant humaines que matérielles sont lourdes à porter, certains secteurs de l’économie ont particulièrement soufferts.
Il a plu à peu près partout ces temps-ci en France affectant la morosité de ses habitants. La terre est bien trop mouillée pour entreprendre balades ou travaux de jardinage, alors on se noie dans les tâches du quotidien : ménage, classement papiers, lecture, soin de beauté, etc. ...
A mes amies jardinières, je propose de calculer le pH de la terre de leur jardin pour en assurer un meilleur parti dès que la terre gorgée d’eau reviendra à la normale.
Personnellement ne craignant pas d’être toute crottée, quand je suis en Bretagne je profite toujours d’une bonne ondée pour arracher les mauvaises herbes sans trop de difficultés. La terre y est acide et convient bien à mes bruyères, camélias, rhododendrons et hortensias.
Selon, Marc Mennessier, ingénieur agricole et amoureux des plantes, un sol de jardin doit être légèrement acide à neutre avec un pH compris entre 6 et 7.
De 1 à 7 le milieu est acide,
C’est dans cette fourchette que les nutriments sont les mieux absorbés par la plupart des plantes avec un risque minimisé de carence ou d’exposition à certains parasites.
De 7 à 14 il est basique ou alcalin.
Un sol trop basique a pour effet de bloquer l'assimilation du fer chez les plantes sensibles à la chlorose (jaunissement des feuilles) comme le rosier, le fraisier ou les hortensias. Ou de faciliter l'apparition de certaines bactéries pathogènes comme celle qui provoque la gale de la pomme de terre.
Un sol trop acide peut fragiliser des cultures comme l'ail, l'oignon, le céleri et surtout le chou qui, en dessous d'un pH de 6,5, devient sensible à la hernie (Plasmodiophora brassicae).
Mais comment savoir quel est le pH ? Rien de plus simple pour le calculer et voilà une façon économique de procéder !
Dans un premier temps il faut observer la flore spontanée du jardin. Certaines plantes sont en effet des indicatrices d'acidité. C'est le cas des pâquerettes dont les délicats tapis de fleurs blanches illuminent la pelouse au printemps, de la renoncule rampante et de l'oseille sauvage, nettement moins poétiques. J’avoue que je n’aime pas tondre, au printemps, cette partie du jardin quand les pâquerettes, pissenlits et violettes ont commencé à s’y établir. Mais bon, c’est à faire si je ne veux pas me retrouver dans une jungle. Même si je veux garder au maximum l’aspect sauvage du jardin je dois le dompter même s’il a orus l’habitude de commander !
Si les pâquerettes parsèment votre pelouse au printemps, c'est que le sol de votre jardin est acide. D'autres, à l'inverse, comme le mouron rouge, la centaurée ou la renouée liseron, à ne pas confondre avec le liseron, sont le signe d'un milieu basique. La géologie entre bien évidemment en ligne de compte: les sols issus de roches-mères schisteuses ou granitiques
(Bretagne, Vendée, Massif Central...) sont à dominante acide, tandis que les terrains situés sur un sous-sol calcaire (Champagne, Bassin Parisien, Causses…) sont principalement basiques. (la centaurée est le signe d'un sol basique).
Sur les conseils de Marc Mennessier, voilà comment faire un diagnostic rapide pour connaître le pH de son jardin :
Prélevez plusieurs échantillons de terre en différents points de votre jardin, mélangez-les dans un récipient et versez-y du vinaigre blanc.
Si des petites bulles de gaz carbonique (CO2) se dégagent de la solution, cela signifie que votre sol contient du calcaire et qu'il est donc alcalin.
S'il ne se passe rien, confectionnez un second mélange dans lequel vous ajouterez, cette fois, du bicarbonate de soude dissous dans de l'eau.
Si un dégagement de CO2 se produit, cela veut dire que votre terrain est acide. Enfin, si votre sol ne réagit ni au vinaigre ni au bicarbonate, vous pourrez en conclure qu'il est neutre.
Mais si vous voulez connaître la valeur précise de votre pH, en vue notamment de le corriger, vous pouvez utiliser des bandelettes de papier pH, imprégnées d'indicateurs colorés, que l'on trouve facilement dans le commerce.
Les moyens d'y remédier
En sol acide, il est recommandé d'épandre, du fait de leur richesse en calcium, les cendres de votre cheminée ou de votre poêle à bois. Vous pouvez également incorporer à la fin de l'hiver du maërl, du calcaire broyé. J’ai récupéré après nos feux de bois dans la cheminée de la cendre que j’ai épandue aux pieds de mes agapanthes nouvellement retransplantées, souhaitant que cela leur soit profitable.
On peut aussi utiliser de la chaux éteinte, de formule Ca (OH)2. Surtout il faut bien respectez scrupuleusement les doses indiquées afin de ne pas modifier brutalement l'équilibre de votre sol.
Plus le pH est bas (et donc l'acidité élevée) et plus la correction devra se faire par étapes en l'échelonnant s'il le faut sur plusieurs années. Procédez ensuite à des apports d'entretien pour maintenir le pH au niveau voulu. À noter qu'en sol argileux, la baisse de l'acidité rendra celui-ci moins collant et donc plus facile à travailler.
• En sol basique, l'apport régulier de tourbe ou de terre de bruyère, en quantité suffisante, est indispensable. C'est notamment le cas si vous voulez implanter une roseraie ou déguster de bonnes fraises au printemps. Procédez également à des pulvérisations, ou à des arrosages, de chélate de fer pour prévenir tout risque de chlorose.
Pour faire bleuir les hortensias, il faut faire descendre le pH du sol en dessous de 6.
. Acidophiles (pH 4,5 à 5,5) comme le camélia, l'azalée ou le rhododendron, vous devrez carrément ôter la terre d'origine pour la remplacer par de la terre de bruyère. Sauf si vous habitez dans les Landes ou en Sologne, où les terrains, de type podzolique, sont naturellement très acides.
Enfin, pour faire bleuir hortensias, il vous suffit de descendre le pH en dessous de 6 en incorporant dans le sol de l'ardoise pilée ou des sels d'aluminium.
L’astuce serait d’habiter en Bretagne ou sur les plateaux du Limousin pour avoir de beaux hortensias bleus !