Bonsoir mes amis
Je entre de ma réunion du mardi, ça va elle n'a pas duré trop longtemps et je vais vous racontez une histoire que je dédicace à ma Mamounette Gévi
Celle qui ne voulait pas se marrier
Mon histoire se passe il y a très longtemps, dans un pays blanc balayé par la neige et le vent : le Toit du Monde.
Le long de la banquise, un petit village d'iglous s'est construit pour l'hiver. Et tout au bout de ce village, dans le plus petit iglou, un chasseur vit seul, avec sa fille, Gévia. Éclairés par la lampe à huile, ils se partagent une nageoire de phoque.
« Regarde-moi, Gévia. Je suis vieux et je reviens toujours bredouille de la chasse. Nous mangeons ce soir nos dernières provisions. Il faut que tu te maries. Il y a beaucoup de bons chasseurs qui rêveraient de t'épouser et qui pourraient t'apporter chaque jour un nouveau phoque à dépecer. Pourquoi ne veux-tu pas te marier ? » Mais, une fois de plus, sa fille ne lui répondit que par un silence gêné.
Un jour, lassé de la voir refuser tous les hommes qui se présentaient, son père finit par lui dire : « Épouse donc notre chien et partez tous les deux loin du village, sur cette île que l'on aperçoit là-bas ! » La jeune femme, résignée,s'exila sur l'île avec son mari chien. Très vite, la nourriture vint à manquer. Le chien avait été un précieux atout pour son maître, mais maintenant qu'il était seul, il était incapable de rapporter du gibier.
Les jours passèrent ainsi. Gévia tentait tant bien que mal de se nourrir de quelques poissons pêchés, mais cela ne contentait pas son estomac qui criait famine de plus en plus souvent.
Les choses s'aggravèrent lorsqu'elle tomba enceinte puis accoucha d'une portée de petits chiens
Gévia ne parvenait plus à pêcher suffisamment de poissons pour nourrir toute la famille.
Un matin, elle demanda à son mari d'aller chez son père chercher de la nourriture. Elle lui accrocha sa petite bourseen peau de phoque autour du cou et lui dit de nager jusqu'au village. Le chien arriva très affaibli sur le rivage, où il trouva le père de Gévia, occupé à dépecer un phoque : « Bonjour maître. C'est ta fille qui m'envoie. Elle a deux choses importantes à te dire. La première, c'est que tu es devenu grand-père. La seconde, c'est que ta fille et tes petits-enfants ont très faim. Je suis venu demander ton aide. » Le père emplit la bourse de viande de phoque et invita le chien à revenir chaque jour chercher de la nourriture.
Ainsi, chaque matin, le mari chien quittait l'île pour le campement paternel et chaque soir, il revenait avec quelques victuailles : du phoque, du caribou, du poisson, et parfois même de la viande d'ours.
Un jour, le père décida d'aller rendre visite à ses petits-enfants. Il ne les avait jamais vus et avait hâte de les rencontrer. Dès qu'il accosta sur l'île, les chiots accoururent à sa rencontre, pour fêter son arrivée. Ils l'accueillirent comme le font souvent les chiens avec leur maître : en lui mordillant les mollets et en lui donnant des grands coups de langue. Mais le père de Gévia n'apprécia pas du tout cet accueil. Il réalisa qu'il ne souhaitait pas avoir des chiots comme petits-enfants. Il aurait mille fois préféré être accueilli par des enfants qui lui auraient sauté au cou et qui l'auraient couvert de vrais baisers. Puis il trouva sa fille dans un état déplorable. Comme son mari chien ne pouvait pas chasser, elle mangeait rarement à sa faim et elle n'avait pas de peaux d'animaux pour se coudre des vêtements chauds. Le père de Gévia déposa la nourriture qu'il avait apportée et reprit la mer. Tout en ramant, il réfléchissait à une manière de mettre fin à cette situation intolérable.
Le lendemain, lorsque le mari chien vint à nouveau chercher de la nourriture, le père remplit la petite bourse accrochée à son cou en y introduisant non pas de la viande mais de lourdes pierres. Le chien repartit à la nage, mais, alourdi par le poids de la bourse, il s'épuisa rapidement et se noya.
Le père devait désormais approvisionner lui-même quotidiennement sa fille et ses petits-enfants. Mais Gévia craignait qu'il tue également ses bébés. Elle voulut ledissuader de revenir les voir et conseilla à ses enfants : « La prochaine fois que votre grand-père arrivera, allez à sa rencontre sur le rivage, léchez et mordillez son kayakpuis donnez-lui des petits coups de dents de plus en plus féroces. » Son plan fonctionna à merveille : apeuré par l'accueil des chiots, le père de Gévia fit demi-tour et ne revint plus jamais sur l'île. Mais à peine ce danger écarté, un autre survint aussitôt : le spectre de la famine revint hanter la petite famille. En renonçant à leur principale source d'approvisionnement, Gévia et ses chiots étaient de nouveau confrontés à la faim. Alors, pour sauver ses enfants chiens, Gévia décida de les envoyer au loin. Elle les répartit en trois groupes et donna à chacun des consignes précises. Elle fit d'abord partir un premier groupe, muni d'arcs et de flèches, vers la forêt boréale, en lui disant : « Partez vers le sud et restez dans la forêt, vous y trouverez toujours de quoi vous nourrir ! » C'est ainsi que ces bébés chiens devinrent les ancêtres des Amérindiens.
Gévia prit ensuite une semelle de ses bottes et prononça des paroles si puissantes que la semelle se transforma enumiaq, une très grande embarcation en peau de phoque. Elle y déposa les chiots du second groupe en leur disant : « Partez vers l'est, au-delà de cette grande mer, et ne revenez que sur de grands navires ! » Ils partirent sur les flots et devinrent les ancêtres des Européens.
Quant aux chiots du troisième groupe, elle préféra finalement les garder près d'elle, sur le territoire des Inuits. Ils restèrent donc sur place et se transformèrent en ijiqqat, les esprits invisibles de l'intérieur des terres.
Gévia, elle, retourna vivre dans le campement familial, sous l'iglou paternel. Elle resta veuve très longtemps, refusant à nouveau les hommes qui la demandaient en mariage, jusqu'au jour où un bel étranger vint au village pour la séduire…
Demain aquagym, je me couche tôt
Bisous