Je dois remonter jusqu'à vendredi en fin d'après-midi.
Il était environ 17 h 30 quand le téléphone a sonné et je vois que c'était mon amie (celle qui avait perdu son mari au mois d'octobre 2011) qui appelait pour me dire qu'elle était tombée et qu'elle n'arrivait pas à se relever.
Je me suis dépêchée de monter jusqu'au 4ème étage et j'ai mis la clef dans la serrure et ouvert la porte tout gentiment, car je ne savais pas à quel endroit de l'appartement elle était tombée.
Elle était assise par terre et s'épongeait le genou, il y avait du sang partout. J'ai essayé de la relever, mais mon dos a refusé. J'ai appelé mon mari et il l'a relevée sans problème.
Son genou (opéré dans le courant de l'année passée pour la pose d'une prothèse) était plein de sang. Après avoir nettoyé tout ce sans, il est apparu que son genou était ouvert, c'était comme s'il avait éclaté et la peau de chaque côté s'était retirée et le sang sortait toujours.
J'ai cherché le journal pour trouver le numéro de téléphone du médecin de garde. Comme le service de garde a été complètement réorganisé dès le 1er juillet, le journal faisait mention de ne plus appeler l'ancien numéro mais le 144.
J'appelle et un monsieur me donne le nom et le numéro du médecin de garde. Je m'empresse de faire ce numéro et une doctoresse me répond et me dit qu'elle ne se déplace pas jusqu'au Landeron qui ne fait pas partie de son service de garde. Elle me précise encore qu'elle n'est pas équipée pour faire une suture s'il y a lieu d'en faire une. Le sang coule toujours ! Heureusement que mon amie n'a pas eu un malaise.
Je retéléphone au 144 et un autre monsieur, pas le même que tout à l'heure, insiste en me disant que c'est bien le tour de garde de la doctoresse en question !!!
Retéléphonez-lui qu'il me dit.
Et je refait le numéro de la doctoresse et les minutes tournent toujours. Elle me dit qu'elle ne savait pas que depuis le 1er juillet elle devait également se déplacer jusque dans notre village.
Elle me conseille d'aller aux urgences à l'hôpital de la ville. Je n'ai pas du tout envie d'aller aux urgences, sachant par expérience, qu'il faut attendre très longtemps.
Je demande à mon amie si elle est d'accord que je téléphone à mon médecin, car le sien il est sur répondeur depuis 13h30. Elle me dit qu'elle est d'accord, car ça fait plusieurs mois qu'elle désire changer de médecin qui n'est autre que mon ancien médecin, car il y a eu beaucoup de négligence de sa part et des erreurs de diagnostics !!!
Je lui fais un pansement afin d'éviter que le sang ne lui coule en bas la jambe et nous voilà embarquées avec mon mari.
Il lui a fait 20 points de suture. C'était plus grand que l'ouverture qu'elle a eu lors de la pose de la prothèse. Elle n'en revenait pas de sa gentillesse et de sa douceur.
Je vous fais grâce du samedi et dimanche jusqu'à ma nuit mouvementée.
Péniblement sortie de mon sommeil par la sonnerie de mon portable, je ne savais pas qui m'appelait et ne comprenait pas pourquoi mon portable sonnait ainsi qu milieu de la nuit. Je cherche mes lunettes et que vois-je sur l'écran .... le nom de mon amie, mais personne au bout du fil.
Ni une, ni deux, j'enfile un peignoir, je prends les clefs et je monte. La porte de sa chambre à coucher est fermée et j'heurte et j'entre. Je la retrouve à nouveau assise par terre, mais pas de sang. En plus, elle est habillée. Je lui demande pourquoi elle est habillée et encore son tablier sur elle. Elle me dit qu'elle avait eu la visite de sa belle-soeur et que lorsqu'elle s'en est allée, elle était très fatiguée et qu'elle s'est étendue sur son lit pour se reposer un moment.
Elle s'est endormie et tout à coup elle s'est réveillée et il était 9h30. Elle s'est levée, est allée aux toilettes, à la salle de bains et s'est habillée.
Ensuite, elle a mis ses haricots sur le feu avec lard et jambon. Dans une autre casserole, elle a mis les wienerlis. Les pommes de terre pelées coupées et dans l'eau, mais pas encore sur le feu.
Après, elle ne sait plus et ne nous raconte pas toujours la même chose.
Alors, nous avons commencé de comprendre. Elle a cru qu'il était 9h30 et en fait il était 21h30.
Lorsque nous sommes arrivés dans son appartement, il était 2h40, donc les haricots devaient être cuits !!!!
Je ne savais pas trop si je pouvais la laisser seule, car elle m'a paru vraiment désorientée.
Je lui ai dit qu'elle pouvait sans autre nous téléphoner si elle avait un problème et je lui ai dit que je viendrais à 7 heures lundi matin, car elle avait saigné et sali son drap et que je m'occuperais d'aller mettre la machine en route.
A 7 heures, lorsque je suis montée, elle était de nouveau comme d'habitude et riait de son aventure.
La cadette de ses filles est venue, car elle devait aller conduire sa maman chez le médecin à 16 heures afin de changer le pansement. Elle en a profité pour lui demander s'il pouvait prendre sa maman comme nouvelle patiente.
Il lui a répondu que normalement il ne prenait plus de nouveaux patients, mais qu'il l'avait trouvée sympathique et bien courageuse vendredi soir.
Par précaution, je suis montée ce soir après 19 heures pour voir comment elle était et je lui ai recommandé de ne pas refaire à dîner pendant la nuit !!! Elle a rigolé et m'a assuré qu'elle n'en ferait rien.
Voilà la raison de ma courte nuit, car inutile de vous préciser que je n'ai pas réussi à me rendormir, car un problème me préoccupait.
L'alarme sur le téléphone fixe est arrivée à 2h14 chez nous, nous ne l'avons pas entendue, ensuite elle est partie chez un autre locataire qui n'a également rien entendu, ensuite son fils qui habite à qq kilomètres, il n'a pas répondu non plus..... et moi ce qui me préoccupait c'est la suite.
Moi, il me semblait que lorsque la 1ère personne répondait quelqu'un nous questionnait sur l'état de la personne et là comme personne n'a répondu il manquait un répondant.
Sa fille a fait le nécessaire et mercredi un technicien va venir contrôler tout ça.
Mercredi, c'est la fille aînée qui vient la chercher et elle va rester jusqu'au 2 août chez elle. Elle pourra se reposer sur sa fille et je pense que ça lui fera le plus grand bien.
Je vous comprends tout à fait si vous ne me lisez pas jusqu'au bout, je me rends compte que j'ai été très longue à vous raconter mon histoire.
Alors cette fois je vais au lit.
Bonne et douce nuit à vous toutes et tous.
En tête d'article, le magnifique bouquet de roses que m'a apporté Isabelle, la fille.