Le trésor du Baobab (Conte africain, Henri Gougaud, L’arbre aux trésors)

Un jour de grande chaleur, un lièvre fit halte dans l’ombre d’un baobab, s’assit sur son train et contemplant au loin la brousse bruissante sous le vent brûlant, il se sentit infiniment bien. "Baobab, pensa-t-il, comme ton ombre est fraîche et légère dans le brasier de midi !" Il leva le museau vers les branches puissantes. Les feuilles se mirent à frissonner d’aise, heureuses des pensées amicales qui montaient vers elles. Le lièvre rit, les voyant contentes. Il resta un moment béat, puis clignant de l’oeil et claquant de la langue, pris de malice joyeuse : « Certes ton ombre est bonne, dit-il. Assurément meilleure que ton fruit. Je ne veux pas médire, mais celui qui me pend au-dessus de la tête m’a tout l’air d’une outre d’eau tiède.

Le baobab, dépité d’entendre ainsi douter de ses saveurs, après le compliment qui lui avait ouvert l’âme, se piqua au jeu. Il laissa tomber son fruit dans une touffe d’herbe. Le lièvre le flaira, le goûta, le trouva délicieux. Alors il le dévora, s’en pourlécha le museau, hocha la tête. Le grand arbre, impatient d’entendre son verdict, se retint de respirer. "Ton fruit est bon, admit le lièvre." Puis il sourit, repris par son allégresse taquine, et dit encore : "Assurément, il est meilleur que ton coeur. Pardonne ma franchise : ce coeur qui bat en toi me paraît plus dur qu’une pierre".

Le baobab, entendant ces paroles, se sentit envahi par une émotion qu’il n’avait jamais connue. Offrir à ce petit être ses beautés les plus secrètes, Dieu du ciel, il le désirait, mais, tout à coup, quelle peur il avait de les dévoiler au grand jour ! Lentement, il entrouvrit son écorce. Alors apparurent des perles en colliers, des pagnes brodés, des sandales fines, des bijoux d’or. Toutes ces merveilles qui emplissaient le coeur du baobab se déversèrent à profusion devant le lièvre dont le museau frémit et les yeux s’éblouirent. "Merci, merci, tu es le meilleur et le plus bel arbre du monde," dit-il, riant comme un enfant comblé et ramassant fiévreusement le magnifique trésor.

Il s’en revint chez lui, l’échine lourde de tous ces biens. Sa femme l’accueillit avec une joie bondissante. Elle déchargea à la hâte de son beau fardeau, revêtit pagnes et sandales, orna son cou de bijoux et sortit dans la brousse, impatiente de s’y faire admirer de ses compagnes. Elle rencontra une hyène. Cette charognarde, éblouie par les enviables richesses qui lui venaient devant, s’en fut aussitôt à la tanière du lièvre et lui demanda où il avait trouvé ces ornements superbes dont son épouse était vêtue. L’autre lui conta ce qu’il avait dit et fait, à l’ombre du baobab.

La hyène y courut, les yeux allumés, avides des mêmes biens. Elle y joua le même jeu. Le baobab que la joie du lièvre avait grandement réjouie, à nouveau se plut à donner sa fraîcheur, puis la musique de son feuillage, puis la saveur de son fruit, enfin la beauté de son coeur. Mais, quand l’écorce se fendit, la hyène se jeta sur les merveilles comme sur une proie, et fouillant des griffes et des crocs les profondeurs du grand arbre pour en arracher plus encore, elle se mit à gronder : "Et, dans tes entrailles, qu’y a-t-il ? Je veux aussi dévorer tes entrailles ! Je veux tout de toi, jusqu’à tes racines ! Je veux tout, entends-tu ?"

Le baobab, blessé, déchiré, pris d’effroi, aussitôt se referma sur ses trésors et la hyène insatisfaite et rageuse s’en retourna bredouille vers la forêt.
Depuis ce jour, elle cherche désespérément d’illusoires jouissances dans les bêtes mortes qu’elle rencontre, sans jamais entendre la brise simple qui apaise l’esprit.

Quant au baobab, il n’ouvre plus son coeur à personne. Il a peur. Il faut le comprendre : le mal qui lui fut fait est invisible, mais inguérissable.

En vérité, le coeur des hommes est semblable à celui de cet arbre prodigieux : empli de richesses et de bienfaits. Pourquoi s’ouvre-t-il si petitement quand il s’ouvre ? De quelle hyène se souvient-il ?

BAOBAB INSPIRATEUR DE LEGENDES ET DE PROPOS EXTRAORDINAIRES

     Le baobab dans les croyances africaines est un arbre très mystique. C’est aussi l’arbre à palabres. Il a inspiré plusieurs légendes africaines. Ici au Tchad on m’a dit, le plus sérieusement du monde,  que c’est un démon qui a arraché l’arbre et planté ses branches  dans le sol et laissé ses racines à l’air le faisant ressembler à une bouteille. Cet arbre est habité par les esprits des ancêtres.

    On dit aussi qu’ à l'aube des temps, quand la terre n'était encore peuplé que d'animaux et de plantes, un arbre en particulier attirait le regard des autres habitants de la planète : le baobab.

      Il dominait de son feuillage les forêts et tous enviaient sa robustesse. Alors les autres arbres complotèrent contre lui et répandirent le bruit que son écorce et ses fruits étaient les plus grands délices de l'univers.

     Bientôt tous les animaux se ruèrent sur les pauvres baobabs et dévorèrent feuilles et pains de sucre. Mais peu de baobabs périrent en raison de leur incroyable résistance. Alors les arbres décidèrent de se plaindre à Dieu lui même. Ce dernier ne pouvant accepter une révolte dans ce monde nouvellement créé saisit alors les baobabs, les déracina et les replanta à l'envers.

    C'est pourquoi aujourd'hui encore les racines du baobab pointent vers le ciel.

     Voici une autre  une légende qu'on m'a raconté également sur le baobab :

     Dans le miroir de l’étang le baobab voyait les autres arbres à la chevelure fleurie, et dotés de tendres écorces et de feuilles bien jolies. Tous étincelaient de couleur et le baobab en était très malheureux et un peu jaloux. Ses feuilles  étaient minuscules, ses fleurs imperceptibles. Lui, taillé en bouteille, se trouvait gras et son écorce lui rappelait la peau ridée d'un vieil éléphant. En désespoir de cause l'arbre invoqua Dieu et se plaignit à lui.

     Dieu avait créé l'arbre et était satisfait de son œuvre qu’ il trouvait unique. Il aimait la diversité. Seulement, il ne pouvait supporter la critique. Il demanda à l'arbre s'il trouvait beau l'hippopotame ou agréable le cri de la hyène. Puis, Dieu se retira dans les nuages, il voulait qu'on le laissât réfléchir en paix. La création humaine lui causait déjà bien du souci.... Le baobab ne cessait, ni de se regarder dans le miroir, ni d'élever vers lui ses plaintes. Dieu descendit donc, saisit le baobab, le souleva, le retourna et le replanta dans la terre. Ainsi l'arbre ne se voyait plus en son miroir  et ne se plaignit plus. Tout était rentré dans l'ordre..."

   On ne peut frapper, ni insulter qui cherche asile sous les branches ou dans les cavités du baobab.

   Au moment de la circoncision des serpents sortent du baobab et tournent au milieu du cercle des exécutants.

   Les femmes stériles viennent appuyer leurs mains contre l’arbre à l’endroit de la cavité en forme de niche. Elles font vœu de sacrifice et promettent de donner le nom de  « Kouka »   (baobab en tchadien), au futur nouveau-né.

      Si elles n’exécutent pas leur promesse rapidement  l’enfant naîtra mort-né.

   Celui qui égratigne l’écorce meurt dans l’année.

   Si l’on casse certains fruits on y trouve des cheveux humains.

   Une grosse branche cassée et tombée à terre entièrement desséchée donne encore des fleurs et des fruits auxquels personne ne touchera.

   Il se dit aussi que les pouvoirs du baobab n’ont aucune prise sur les blancs et les musulmans …

   J'ai fait cet article pour répondre à mon amie Bribri qui me demandait s'il y avait des baobabs au Tchad ?

Oui, bien sûr il y en a mais très peu. Mais ils sont implantés depuis des milliers d'années. Pour preuve la ville de Kouka, la capitale du Bornou fondée en 1816. Kouka ou Koukaoua : la ville aux baobabs. Cet ancien empire se trouve sur la rive ouest du lac Tchad. Sa position géographique a été à la fois un pivot des échanges économiques au Soudan et l'une des portes d'entrée de l'Islam en Afrique Noire. Il sera exploré par les Européens au XIXème siècle et ces derniers le démantèleront au XXè siècle. 

      Ce colossal végétal peut atteindre trente mètres de hauteur et possède la capacité d’emmagasiner jusqu’à 120.000 litres d’eau.son tronc peut atteindre 10 m de diamètre. Sa croissance est lente et irrégulière en raison du climat sahélien.
      Curieusement, cet arbre peut vivre jusqu’ à 3000 mille ans.

      Le baobab possède un tronc très épais pouvant atteindre jusqu’à neuf mètres de diamètre.  Les feuilles sont présentes trois mois dans l'année', il fleurira d'octobre à décembre. La fleur blanche est éphémère et ne durera que  l’espace d’une nuit.
     Les chauves-souris et les grands papillons  assureront la pollénisation de l' arbre.

     Avec l'écorce qui est fibreuse on fait de la corde. Les feuilles sont utilisée dans la pharmacopée et assurent l'alimentation des hommes et des animaux.
 C’est  une source précieuse en médicaments.  Les feuilles sèches réduites en poudre sont utilisées pour combattre l’anémie, la dysenterie, les rhumatismes et l’asthme.  L’écorce de ce fruit, en forme de coquille, est utilisée comme assiettes. La poudre et la fibre de ses fruits sont capables de combattre la diarrhée, la dysentrie et la rougeole.
Le noyau du fruit peut combattre la fièvre et les inflammations du tube digestif; et ses graines sont pleines d’huile végétale.
Les racines d’un jeune baobab, bien preparées, peuvent servir d’aliment de la même manière que les asperges.

     Les fruits appelés pain de singe sont comestibles.  On en retiredes graines de la taille d'une noisette on peut en tirer une huile alimentaires. Les graines grillées remplaceront le café. Elles peuvent être également utilisées dans la confection d'engrais et de savon. On en trouve également dans les barres des céréales. Les graines réduites en pommade évitent les vergetures. Cette crème est très bénéfique en massage pour apaiser les zones fatiguées du corps et pour soulager les douleurs musculaires. On peut mélanger avec sa crème de soins habituelle pur en augmenter son pouvoir émollient.

LA GRANDE FETE DE LA REPUDIATION CHEZ LES FEMMES GORANE

   La répudiation est un vécu douloureux pour la femme africaine, la honte s’installera sur toute la famille lorsqu’une des filles est  répudiée par son mari. Des démarches discrètes se feront auprès du mari pour qu’il reprenne sa femme. Lui, il fera poireauter la famille avec un plaisir évident et avec un malin plaisir les fera attendre  avant de donner sa décision

   La honte s’installe sur la famille lorsqu’une fille est répudiée. La pauvre  devra surmonter cette épreuve car  elle n’a aucun soutien et la famille n’a qu’une hâte : celle de la voir reprendre le chemin conjugal qui se fera sous les coups de bâtons donnés par le père, les oncles, les frères et les cousins, et tout cela accompagné des moqueries des vieilles femmes. Les hommes usent et abusent de la répudiation à la moindre contrariété.

   Divorce, répudiation est un vécu qui varie selon les ethnies. J’ai été éberluée, époustouflée d’apprendre que chez les Gorane il s’en passait tout autrement.

   Lorsque la femme Gorane apprend que son mari a décidé de la répudier, elle se met à pousser un extrême youyou, quelque soit l’heure. C’est un  youyou spécifique qui annonce le divorce. En solidarité d’autres you-you venant du voisinage répondront automatiquement et rien n’empêchera les femmes de se taire. Dès la localisation du lieu-dit les femmes se présenteront pour aider la pauvre répudiée à faire ses bagages. Pendant que  ses proches amies préparent la grande fête de la répudiation,  la dame devra se faire belle et désirable, le conseil : plus tu seras belle, plus tu seras forte. La solidarité féminine  joue à fond, l’ambiance est détendue et pleine de plaisanteries comme pour gommer le côté de la répudiation. Ses amies lui offriront en cadeau du savon parfumé pour qu’elle se débarrasse des impuretés de son  ex. Elle recevra beaucoup de cadeaux dont un bon gros bœuf qui sera consommé au cours d’ un grand râout.

   Il se fera un grand tapage autour de cette fête où seront conviés un très grand nombre de personnes. Les hommes viendront nombreux pour se positionner comme de sérieux prétendants.

   Le grand jour de la fête venu,  la  « répudiée »  sera étonnante de beauté grâce à ses amies qui l’ont faite  la plus belle, la plus désirable  pour cette  journée si spéciale.

    L’objectif de ces fêtes de la répudiation est de dire à tous les hommes : Je suis une femme libérée des liens du mariage et donc prête à être épousée.

   Le mari se rendra à cette grande fête fou de jalousie. Ayant recouvré ses esprits il n’a plus qu’une idée : reprendre sa femme avant qu’un autre ne lui prenne sa dulcinée.

   MORALITE, selon les femmes Gorane : Un homme ne voit pas sa vie brisée par un divorce, alors pourquoi la nôtre la serait. ?

   Cette thérapie de choc permet à la femme répudiée de retourner à son profit ce pouvoir qu’ont les hommes sur  la répudiation.

  Il arrive que des mères de famille répudiées, grâce à cette coutume, refassent leur vie.

MORALITE, selon les femmes Gorane :  Si ton mari ne vient pas vers toi après la fête de la répudiation, c’est qu’il ne t’aime plus, dès lors ouvre ton cœur à un autre.

   J'ai hésité à vous écrire ces quelques lignes car vous allez être choquées en tant que femmes. Comme j'ai pour habitude de dire tout crû, ce que je pense en bien comme en mal,  je me lance pour vous raconter un mariage à l'est du Tchad, chez les Goranes.

    Dès 16 heures les femmes voilées assises à ras du sol sur des nattes, attendent l'arrivée des mariés. Les hommes sont installés dans des fauteuils en plastique,  en demi-cercle, face aux femmes pour marquer sans ambiguïté leur supériorité. Le jeune mari arrive en premier porté par ses amis qui le déposent dans un des deux  larges fauteuils réservés aux mariés. Il brandit un fouet en peau d'hippopotame. Ces fouets sont interdits au Tchad, non seulement parce que les hippopotames deviennent rares mais parce que leurs lanières rugueuses blessent cruellement les chairs. La jeune mariée arrive après le marié,  toute tremblante. Elle prend place près de son mari  dans l'autre fauteuil. Alors les femmes commencent à danser, puis les hommes pendant que les futurs mariés s'observent sans se parler. A la porte des policiers montent la garde. Ils ont des bâtons pour repousser avec brutalité les enfants et les adolescents qui tentent de se joindre à la cérémonie.

   La dot a été calculée en têtes de bétail. La future mariée ne découvre le visage de son époux que le jour du mariage. Après la fatia  (dot) le fiancé et son entourage enlèveront la jeune fille et l'empêcheront  de s'évader jusqu'au moment du mariage. Ce fait est socialement accepté... Après la cérémonie du mariage la mariée est conduite dans la maison du mari. Elle doit rester voilée. C'est le moment du fouet, Tous les proches du marié sont alors autorisés à entrer dans la chambre et à lui donner deux ou trois coups de fouet, donnés souvent violemment pour prouver leur supériorité. Elle devra rester enfermée pendant une semaine dans la chambre et sera fouettée tout ce temps.

   Comme partout dans l'est du Tchad les femmes vivent dans la terreur des hommes dès leur plus jeune âge. Toutes ont été excisées sans anesthésie entre six et huit ans. Elles sont mariées de force dès 13 ans, qui est l'âge minimum requis par la loi. Elles épousent des vieux et deviendront l'esclave des co-épouses. Très souvent la jeune fille refuse d'aller chez son mari.. En cas de refus, elle sera l'objet de moqueries des vieilles femmes et se fera fouetter par son père, par ses frères, par ses oncles et cousins. C'est le déshonneur pour la famille qui devra rembourser la dot si elle ne rejoint pas le domicile de  son mari. Elle est battue, ligotée et doit supporter des violences. Le mari lui attend le moment où elle ne pourra plus opposer de résistance, elle sera attachée sur le dos d'un dromadaire et il arrive qu'en route la pauvre succombe des suites de ses blessures ou de déshydratation.

   Il se fait tard, demain je vous raconterais leurs thérapies de choc pour retourner à leur profit l'humiliation de la répudiation en organisant la "Fête de la Répudiation".  J’en suis encore toute éberluée, ces femmes m’épatent.

   La grande fête de la pluie terminée les Bororo vont quitter les zones d'abondance en quête de nouveaux paturages. A dos d'âne, de dromadaire, ou de boeuf,  les femmes suivent les troupeaux avec un chargement complexe assurant la survie des pasteurs pendant le saison sèche. La tradition et la sagesse sont l'ossature de ce peuple courageux. Pourtant devant tant de misère de nombreux de jeunes bororo quittent la vie nomade pour des bidonvilles.

   Les bororo sont des éleveurs nomades et des marchands dont les migrations les mènent du sud du Niger au nord du Nigéria, Cameroun, Soudan  et Centrafrique.Ils se divisent en deux grandes catégories 

   les peuls bororo (bororo rouge) nomades islamisés mais gardant leurs croyances anciennes. Ils sont pacifistes et ont une grande passion pour leur bétail. Ce sont des musulmans de  "nom", leur culture étant contraire aux préceptes de l' Islam.

   et puis il y a les peuls-bororo, sédentaires, (bororo nmoir) métissés, islamisés et fixés dans les régions agricoles. Ce sont des musulmans fanatiques et enclin à un prosélytisme violantl

   ITous les bororos sont sont polygames. Les mariages sont arrangés par les parents alors qu'ils sont encore enfants. La mariée vivra  avec son mari jusqu'à ce qu'elle soit enceinte, retournant alors chez sa mère, où elle restera pendant 3 à 4 ans. Son enfant y naîtra et elle deviendra alors une  "boofeydo", quelqu'un qui a fait une erreur... 

   Demain je vous parlerais des goranes ... de la répudiation et de la stratégie des femmes.

   Je vous mets une aquarelle de mon ami Gérard que j'ai photographiée lors d'une de ses expositions à N'Djaména.

   Cette grande fête des pluies dure six jours et six nuits. Elle est très attendue des jeunes bororos. Chaque clan familial représenté par ses plus beaux danseurs, s'affronte dans un concours de beauté pour hommes. Le jury est constitué uniquement de la gente féminiine et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit  plus belles filles de la tribu.

   La danse se termine par la séduction et des échanges amoureux. Les danseurs fardés arborent des colliers de perles et de cauris, leurs amulettes et une plume d'autruche sur le front. Il leur faudra beaucoup de temps pour se maquiller. Sur le visage, ils étalent du beurre mélangé à de l'ocre. Les yeux, les sourcils et les lèvres sont soulignés au charbon.. Ils dessinent sur le nez pour l'allonger un trait jaune.

   Parés d'un pagne de femme, ces rudes pasteurs, sont poussés par le culte de leur beauté à féminiser leur aspect. Les femmes ne sont pas en reste et se font belles pour participer aux rites de la séduction. Après la danse elles choisiront celui qui pour une nuit ou pour la vie partagera sa couche. Elles se sont parées de leurs plus beaux atours : innombrables bracelets aux poignets, anneaux de bronze bien astiqués dans de la boue et du sable.

   Les femmes mariées font preuve de grande liberté de choix et il leur arrive de disparaître aec un beau danseur... 

   Les Bororos somnt d'une grande beauté : visage ovale, traits fins, nez mince et dents blanches et régulières.

   Je ne peux plus rentrer dans mon joli sari que j'avais fait confectionner pour me rendre aux invitations des musulmans. Avant de me mêler aux femmes je me couvrais la tête avec un pan de mon sari. Je trouve ce vêtement confortable, il n'a rien de tchadien mais offre l'avantage de ne pas glisser au moindre mouvement car c'est tout un art que de s'habiller en s'enroulant dans  un rectange de voile de 7 mètres...

   Je n'ai pas la date exacte de cette photo mais elle doit dater de 2002. Nous étions invités au  mariage de la fille d'un ami notable que nous avions connu au Lions Club.

   Pour répondre à Grainette dès mon arrivée j'ai été dirigée dans une pièce où les femmes se faisaient tatouer au henné. Je n'ai pas échappé au rituel car je suis curieuse. Mais je n'ai jamais renouvelé l'expérience, car j'ai eu beaucoup de mal à me débarrasser de l 'oeuvre d'art, et mes enfants ont vu les "restes", bien sûr ils n'ont pas aimé. Il est vrai que je ne connaissais pas l'astuce de mon amie Bribri pour la faire disparaitre rapidement... Dans le contexte c'est joli, mais en France c'est un peu en décalé.

   Et oui Grainette c'est honorer ses hôtes que de soigner son apparence, ses gestes et paroles.

   Lorsque j'allais chez les sudistes je mettais des tenues faites en pagne. Ma couturière me réalisait de très jolies tenues pour trois francs six sous. J'ai dû faire des photos de son salon de couture et de mes tenues; il faut que je les recherche. Dans un coin de jardin six vieilles singer à pédale ronronnaient toute la journée et même la nuit en période de grandes fêtes. des montagnes de vêtements trônaient à même la terre.

   Si je parle à l'imparfait c'est que depuis deux ans je suis devenue un peu, beaucoup sauvage, refusant les invitations sous prétextes divers. Ce n'est pas bien, mais c'est ma façon de me protéger quend je ne vais pas bien.

   A la veille de la fête de l'Aïd, les femmes ont beaucoup à faire entre la confection des repas et se rendre belles afin de briller de mille feux le jour de la fête.  Elles feront tresser leurs cheveux et se feront tatouer au henné.

   Le tatouage fait partie de l'art de la séduction, il est symbole d'amour, de joie et de bonheur.Pour les femmes c'est un moyen de séduction, de fascination et d'embellissement.

   C'est aussi une symbolique érotique et les hommes s'excitent à la vue des mains des femmes. Traditionnellement utilisé comme appel à l'acte sexuel. C'est une invitation aux jeux du corps.

   Chaque partie du corps tatoué  à une signification.

   -  sur les pieds : j'aime mon homme ou je suis en manque,

   - sur les brss : besoin de tendresse,

   - sur le ventre : voeu de maternité.

   - sur les fesses  : Hautement érotique ...

   Le tatouage remonte à quelques milliers d'années en Mésopotamie.

   Le henné est un petit arbuste de moins d'un mètre. On le trouve dans les régions désertiques.  Ses feuilles sont petites et dégagent une odeur suave et capiteuse qui rappelle l'exhalaison du réséda.

   Le henné est une plante utilisée pour la coloration des cheveux, des ongles et de la peau depuis des millénaires. Traditionnellement les mains et les pieds sont tatoués à l'aide d'une seringue sans aiguille. Dans les quartiers pauvres les artistes utiliseront un cornet de papier dont elles auront coupé le bout pointu.

   Lorsque le henné est 100% naturel cela donne une couleur orangé, rouge ou brune. Pour obtenir la couleur noire, qui est très en vogue,  des produits chimiques et colorants illégaux sont ajoutés dans la poudre. Attention des eczémas virulents peuvent survenir au bout de quelques jours à quelques semaines.

   Le henné est bon pour la peau et la santé, donne éclat et vigueur aux cheveux, lutte contre les inflammations dues aux travaux ménagers, durcit la peau et protège des bactéries.

   Pour faire du henné il faut sécher les feuilles et les réduire en poudre au mortier.

   Entre les mains des artistes la poudre fine mélangée avec un petit verre à thé d'eau, et une cuillère de jus de citron ou de fleur d'oranger deviendra une p$te onctueuse et finira en arabesques somptueusement tatouées sur les mains et les pieds des belles.

   Au froid la couleur demeurera foncée, par contre à la chaleur elle pâlira. Le tatouage dure un mois