
Je viens de lire cette histoire je ne sais pas si elle est vrai ou pas en tout cas je la trouve bien belle
La nuit de la St Valentin

A la maison de retraite " Le Val Fleuri " une
trentaine de pensionnaires des deux sexes y finissaient calmement leur vie ; la
plupart étaient des malades touchés par la maladie d'Alzheimer. C’était le cas
de Mélanie, qu'ici tout le monde appelait " Trotte menue " car si sa
mémoire avait des faiblesses, ses jambes étaient agiles.
Il fallait d'ailleurs la surveiller comme le lait sur le feu car elle guettait
toutes les entrées et sorties pour essayer de s'engouffrer par la porte restée
ouverte afin de revenir " chez elle ".
Tous les soignants lui indiquaient bien que son " chez elle " était
ici au Val Fleuri car, dans son village il n'y avait plus rien à elle, sa
petite maison ayant été vendue par ses enfants pour payer son hébergement.

Mais tous ces beaux discours, aussi argumentés soient ils, ne la
convainquait pas, d'autant plus qu'aussitôt entendus….aussitôt oubliés !
Parfois dans " les ateliers mémoire " on la faisait évoquer son passé
le plus ancien, qui lui, restait encore assez vivace, ce qui est la
caractéristique de cette maladie.
Elle racontait alors sa jeunesse à la ferme, son mariage avec Albert, le fils
du boulanger, leur maison, les enfants….Elle semblait se rappeler jusqu'au
moment où son mari, l'avait quitté pour aller au cimetière, suite à une
mauvaise grippe.
Elle était touchante à l'entendre évoquer ses presque 50 ans d'amour et de
mariage.

Au Val Fleuri on avait évoqué durant ces
derniers jours, les prochaines fêtes, Carnaval, St Valentin, et à cette
occasion elle avait murmuré : Mais il est où mon beau Valentin à moi ?

Le 13 février dernier, profitant d'une mégarde d'un visiteur et
de l'absence de surveillance, elle réussit à prendre " la fuite " et
à quitter l'établissement sans que personne ne la remarque.
Ce n'est qu'en fin d'après midi que l'animatrice la chercha….en vain.
Aussitôt ce fut le branle-bas dans l'établissement, mais après la visite
intégrale de toutes les caches possibles il fallut se rendre à l'évidence,
Mélanie avait fugué !
Furieux le Directeur lâcha quelques jurons mais décida d'avertir les autorités
de police du secteur pour rechercher la pensionnaire, d'autant plus que cette
soirée était fraîche, un petit givre retombant sur la vallée.
Des patrouilles recherchèrent dans tout le secteur, par cercles concentriques,
en s'éloignant de plus en plus de la Maison de Retraite.
Les autorités poussèrent jusqu'au village d'où elle était originaire et qui
était éloigné de 5
kilomètres, mais à son ancienne adresse personne ne
l'avait aperçu !

L'angoisse commença à étreindre tout le monde et le pire fut
évoqué.
Où pouvait elle être allé ? Qui avait elle rencontré ? Etait elle en bonne
santé ?
Toute la nuit les recherches, bien que difficiles, continuèrent.
Au petit matin un hélicoptère fut même commandé pour aider aux repérages
aériens.
Mais, alors que personne n'avait envisagé cette possibilité,
c'est le Fernand, garde champêtre et fossoyeur de sa commune qui allait dénouer
le drame !
Arrivant au cimetière pour creuser une tombe il entendit
dans le petit matin brumeux, une voix venant d'un caveau à proximité !
Il en avait entendu le Fernand dans son métier, mais des
" revenants "…jamais !
En tenant fermement sa pioche il approcha de ce caveau
" habité ".
Ce qu'il vit le pétrifia sur place !

Mélanie se tenait dans le porche de ce caveau à l'ancienne, tout
en hauteur, comme on en faisait à la fin du 19ème siècle ; Elle était assise à
même le sol et parlait à celui qui était à l'intérieur….son Albert !
Elle était revenue au cimetière retrouver son défunt mari ! Vêtue légèrement,
un petit gilet sur une robe pas très épaisse, elle grelottait mais semblait en
bonne santé physique !
Fernand courut aussitôt pour la revêtir de sa gabardine et s'enfuit sur son
vélo donner l'information aux autorités municipales.
Quelques minutes plus tard, le Maire, les gendarmes, du personnel du Val
Fleuri, arrivèrent ensemble devant le caveau d'Albert pour prendre Mélanie en
charge.
D'évidence elle avait supporté le froid de la nuit et celui du béton !
- Pourquoi vous être enfui sans prévenir ?
- Parce que personne ne m'aurait laissé partir…je suis emprisonnée là bas ! Et
puis j'avais entendu que mon Albert se plaignait d'être seul pour la St Valentin, alors je
suis venu passer une nuit avec lui, comme avant, quand on s'aimait pour de vrai
! A la Saint Valentin
il m'offrait toujours des fleurs et de gros bisous !
Alors moi cette nuit je lui ai parlé pour qu'il sache que je l'aime toujours et
qu'un jour, de nouveau on va se tenir par la main, comme avant !
La Saint Valentin
c'est la fête des vrais amoureux……….et nous, c'est vrai qu'on s'est toujours
aimé et jamais trompé !

Tout le monde avait la gorge nouée par autant de simplicité,
autant d'amour.On la laissa encore 5 minutes seule avec Albert pour qu'elle lui
dise au revoir, en tête à tête, et on l'emmena avec douceur vers le Val Fleuri,
non sans lui avoir promis qu'une fois par mois on la ramènerait, mais en
voiture cette fois ci, revoir son grand amour d'Albert !
Moralité : Même lorsque la mémoire s'envole, seuls subsistent
l'écume des jours et les souvenirs de l'éternel bonheur, et quel plus grand
bonheur qu'un amour fou, total, sincère !

Je vous offre a vous toute ce petit bouquet de fleur afin de vous prouver mon amitié
