Pseudo : dis-moi qui je suis
Décrypter les pseudos
utilisés sur le web peut aider à mieux cerner la personnalité de ceux qui se
cachent derrière.
Le Net, royaume de
l’incognito?? Pas sûr?! Passeport incontournable pour nos voyages virtuels,
notre pseudonyme nous dévoile autant qu’il nous cache. Au moment de taper les
quelques lettres ou chiffres qui vont nous qualifier, nous préférons souvent
nous raccrocher à notre prénom, à notre ville, à notre sexe, bref, à des codes
sociaux éprouvés et rassurants.
UN MOT POUR SE DIRE
Se nommer soi-même se
révélerait plus intimidant que prévu : il est souvent plus facile de s’inspirer
des prénoms de ses proches ou de la façon dont les autres nous désignent … Choisir un nom rien qu’à
soi, délivré du poids de la généalogie ou des projections de ses proches, est
pourtant l’occasion de se recréer, de repartir de zéro. En se trouvant un nouveau nom, on
cherche à se “ressembler” dans une définition qui nous convient.
Le pseudo, sésame vers une
nouvelle vie, une nouvelle identité qui nous ressemble davantage ?? C’est en
tout cas l’occasion de s’interroger sur soi-même, en tentant de se définir en
un seul mot. «Boomerang, je l’ai choisi après une peine d’amour. Tu le lances,
mais il revient toujours…», «Tekila parce que je suis complètement frappée», …
Manière de rire de ses
difficultés, de prendre du recul par rapport à sa vie, il aide à mesurer le
chemin parcouru, à positiver aussi, en s’encourageant via l’écran : «J’ai
choisi Scarlett, comme dans Autant en emporte le vent, car quelque chose au
fond de moi me crie que, malgré toutes les épreuves, je me relèverai », «Bigsmile, c’est un peu ce qui me manque en ce moment, le sourire et l’entrain.
C’est comme un slogan, une sorte de méthode Coué…»
UN MOT POUR SEDUIRE
Nouvelles parures que
nous ne nous lassons pas de retoucher, de changer au gré des sites ou de nos
humeurs, nos pseudos sont aussi programmés pour séduire. C’est encore plus vrai
sur les sites de rencontres, explique Sabrina Philippe, psychologue. Certains choisissent
par exemple des titres de films peu connus pour voir quels sont ceux qui
parviendront à déchiffrer l’énigme. C’est une façon de mettre une barrière, de
faire le tri, de tester l’autre. »
Exotiques, mythologiques…
les identités mystérieuses ont la cote. Sorte de mot de passe qui rappelle
les jeux de l’enfance, d’épreuve initiatique imposée aux autres pour accéder
jusqu’à soi, le pseudo donne des clés… mais pas trop. «Dans
les mondes virtuels, il n’y a rien de pire que de se retrouver seul, conclut
Serge Tisseron. À la fois intime et public, il doit accrocher, donner envie ?!
Il nous offre la possibilité de piéger l’autre sans être piégé par lui, de nous
l’attacher sans lui donner trop de prise sur nous.»
UN MOT POUR SE REINVENTER
En choisissant de nous
dévoiler un peu, beaucoup … ou pas du tout, nous pensons rester maîtres du jeu.
Or, dans cette partie de cache-cache avec soi-même, l’inconscient a son mot à
dire. « Nous y mettons des choses que nous croyons maîtriser, et puis nous en
glissons d’autres à notre insu, résume Serge Tisseron.
Avec le pseudo, nous
nous tendons un miroir… dont le reflet nous surprend parfois. Nous n’allons pas
sur Internet pour vivre la même chose que dans la vraie vie, mais pour nous y
délivrer des interdits, du surmoi. Cachés derrière un prénom féminin, certains
hommes donnent parfois libre cours à leurs fantasmes. Métamorphosés en
Terminator, Zorro ou Zizou, d’autres explorent des facettes d’eux-mêmes
jusqu’alors insoupçonnées : indestructible, justicier, adulé…
Au début, beaucoup se
créent un personnage et projettent sur la Toile une sorte de moi idéal. Et puis, avec le temps, ils évoluent, reviennent vers leur
vraie personnalité. À l’image des artistes qui s’inventent un nom de scène ou
de plume pour créer, pour avoir accès à une autre partie d’eux-mêmes, nos
identités virtuelles nous permettent de nous lâcher, de passer du côté obscur,
enfoui, de nous-mêmes, au moins pour un temps. Car, sur Internet, pas
d’engagement irrémédiable : il suffit d’un clic pour congédier un pseudo tombé
en disgrâce. Avant de repartir, sous un nouveau nom, vers d’autres voyages
intérieurs.
Les sources
d'inspiration
La vie personnelle
23,6 % des internautes
s’inspirent de leur vie affective ou familiale.
8,6 %, des surnoms
affectueux donnés par leur entourage.
4,3 %, d’un de leurs
traits de caractère.
La culture
9 % des internautes
s’inspirent de films ou de pièces de théâtre.
8 %, de contes, séries
télé, jeux vidéo ou groupes musicaux.
5 %, de bandes
dessinées.
4,3 %, de la mythologie.
1 %, de la religion…
L’état civil
16 % des internautes
s’inspirent de leur nom ou prénom réel, plus ou moins crypté.
4,2 %, de leur origine
ethnique ou de leur situation géographique.
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L'ordinateur est un appareil sophistiqué auquel on fait porter une housse la nuit en cas de poussière et le chapeau durant la journée en cas d'erreur. Philippe BOUVARD
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LA JOURNÉE ÉTANT DÉJÀ BIEN AVANCÉE, JE VOUS SOUHAITE UN BON APRÈS-MIDI.