Nous allâmes ensemble dans la serre chaude.
A notre retour, le panier était resté suspendu à la branche, mais son contenu avait disparu.
Elle le reprit en riant et le rapporta à la maison.
Il me parut que depuis cette entrevue de la veille avec son compatriote, elle avait l'esprit plus gai, le pas plus libre, plus élastique.
C'était peut-être une illusion, mais il me sembla aussi qu'elle avait l'air moins contrainte qu'à l'ordinaire en présence de Copperthorne, qu'elle supportait ses regards avec moins de crainte, et était moins sous l'influence de sa volonté.
Et maintenant j'en viens à la partie de mon récit où j'ai à dire comment j'arrivai à pénétrer les relations qui existaient entre ces deux étranges créatures, comment j'appris la terrible vérité au sujet de miss Warrender, ou de la Princesse Achmet Genghis ; j'aime mieux la désigner ainsi, car elle tenait assurément plus de ce redoutable et fanatique guerrier, que de sa mère, si douce.
Cette révélation fut pour moi un coup violent, dont je n'oublierai jamais l'effet.
Il peut se faire que d'après la manière dont j'ai retracé ce récit, en appuyant sur les faits qui y ont quelque importance, et omettant ceux qui n'en ont pas, mes lecteurs aient déjà deviné le projet qu'elle avait au coeur.
Quant à moi, je déclare solennellement que jusqu'au dernier moment je n'eus pas le plus léger soupçon de la vérité.
J'ignorais tout de la femme, dont je serrais amicalement la main et dont la voix charmait mon oreille.
Cependant, je crois aujourd'hui encore qu'elle était vraiment bien disposée envers moi et qu'elle ne m'aurait fait aucun mal volontairement.
Voici comment se fît cette révélation.
Je crois avoir déjà dit qu'il se trouvait au milieu des massifs une sorte d'abri, où j'avais l'habitude d'étudier pendant la journée.
Un soir, vers dix heures, comme je rentrais chez moi, je me rappelai que j'avais oublié dans cet abri un traité de gynécologie, et comme je comptais travailler un couple d'heures avant de me coucher, je me mis en route pour aller le chercher.
L'oncle Jérémie et les domestiques étaient déjà au lit.
Aussi descendis-je sans faire de bruit, et je tournai doucement la clef dans la serrure de la porte d'entrée.
Une fois dehors, je traversai à grands pas la pelouse, pour gagner les massifs, reprendre mon bien et revenir aussi promptement que possible.
J'avais à peine franchi la petite grille de bois, et j'étais à peine entré dans le jardin que j'entendis un bruit de voix.
Je me doutai bien que j'étais tombé sur une de ces entrevues nocturnes que j'avais remarquées de ma fenêtre.
Ces voix étaient celles du secrétaire et de la gouvernante, et il était évident pour moi, d'après la direction d'où elles venaient, qu'ils étaient assis dans l'abri, et qu'ils causaient sans se douter le moins du monde qu'il y eut un tiers.
A SUIVRE....Il ne reste que quelques paragraphes.
Bonne journée et gros bisous