* Le matin, de bonne heure, elle prépara son petit coffre, puis elle se lava, mit ses vêtements de fête et fit sa prière.
Le paysan lui aussi, s’était levé avant l’aube. Il attela le traîneau, le fit avancer devant le perron et entra dans l’isba.
-Es-tu prête Manéchatsé ?
-Oui, petit père.
-Alors, avant de partir, mangez un peu, dit la paysanne. Manéchatsé, tu vas aller dans le bois pour épouser le vieux Froid. Toi, vieux, tu vas la conduire vers son fiancé ; tu suivras la route, puis tu prendras à droite et tu entreras en pleine forêt ; tu iras ensuite tout droit vers le grand sapin qui se trouve sur la petite colline. Là, tu laisseras Manéchatsé ; elle attendra son fiancé, le vieux Froid. Remarque bien l’endroit, car demain tu iras voir la mariée !
La jeune fille fondit en larmes.
-Qu’as – tu à pleurnicher ? cria la belle-mère. Ton fiancé est très beau et très riche ! Regarde un peu : tous ses pins et tous ses sapins sont couverts d’argent !
Le vieux, sans mot dire, mit le petit coffre de sa fille sur le traîneau, Manéchatsé endossa sa pelisse et ils se mirent en route.
Ils pénétrèrent en pleine forêt, et le paysan fit descendre sa fille. Il posa le coffre sous un immense sapin, la fit asseoir sur ce coffre et lui dit :
-Reste ici, attends ton fiancé, et surtout accueille –le bien gentiment.
Il l’embrassa et la quitta.
C’était pendant les grands froids ; une épaisse couche de neige recouvrait la terre ; les oiseaux tombaient, gelés, en plein vol. La jeune fille reste assise sur son coffre, elle grelotte et elle a envie de pleurer. Tout à coup, elle entend le Froid s’approcher, il fait craquer les branches, il saute d’un arbre à l’autre. Le voilà sur le sapin sous lequel Manéchatsé est assise.
As-tu chaud, jeune fille ? As-tu chaud, la belle ? demande –t-il. J’ai bien chaud, grand-père, j’ai bien chaud, père le Froid ! répond gentiment Manéchatsé en claquant des dents.