- Non. Son rictus ne changeait pas. Ses yeux n’avaient toujours pas cligné, il était comme plongé dans ses pensées.
- Que recherchiez vous en discutant avec elle ?
- Echanger des points de vue.
- Ah oui, et lesquels ?
- Par exemple le fait que tout soit normé aujourd’hui comme votre nourriture, votre musique, vos habitations, vos voitures, même vos envies. Tout doit correspondre, tout doit être compatible. Même les hommes et les femmes, on dit de plus en plus trouver quelqu’un de compatible. Limite Plug and Play sans jeu de mots graveleux. On était bien d’accord sur ce sujet, tout avait commencé par la difficulté de trouver sur le net des musiques d’indépendants. Nous nous sommes rapidement aperçu que les moteurs de recherches privilégiaient les sites des grosses maisons du disque et qu’il était quasiment impossible de trouver des choses plus particulières. Le pire dans tout ça, c’est que j’avais mis sur mon blog des liens vers ses sites difficiles à trouver mais qu’au bout d’une semaine MSN l’a fermé sous prétexte qu’un titre de chanson comportait le mot cul et cela faisait parti du langage interdit. Ils m’ont dit qu’ils avaient des plaintes d’internautes...
- Vous n’y croyez pas ?
- Non, pas un instant.
Sylvain le trouva plutôt sympathique suite à ce discours. Il pensait résolument comme lui. Il lui semblait que même les crimes allaient devenir identiques. S’il savait comme il avait raison !
- Elle ne vous a pas parut étrange avant sa mort. Elle ne vous a pas dit des choses qui sortaient de l’ordinaire ?
- Et bien non, je l’ai eu même quelques minutes avant son suicide et elle m’as juste dit qu’elle allait écouter un peu de musique, prendre sa douche et se coucher. Rien d’alarmant. Vous savez, je n’aime pas la police, mais j’aime encore moins quand les gens que j’apprécie meurent. Surtout qu’elle n’était pas isolée, elle avait de la famille avec qui elle discutait beaucoup. Seulement une présence peut manquer un jour, et c’est tout un destin qui bascule.
- Ok, je n’ai pas d’autres questions.
- Moi, j’en ai deux dits Sylvain. Pourquoi Andromède, et pourquoi vous n’avez jamais désirer la rencontrer
- J’ai choisi ce surnom car il me fait penser à Androgine, ce qui me résume bien car je pense avoir une sensibilité féminine. Et surtout je le trouve très poétique, il me fait penser aux étoiles qui brillent dans le ciel, et je voudrais être la même chose mais sur la toile. Comme l’étoile du nord si vous voulez. Chaque internaute pourrait venir se raconter a moi.
- Au moins vous êtes modeste !
- Je sais que vous pensez que parce que j’ai fauté une fois je recommencerai mais ce ne sera pas le cas. Pas pour moi.
- Je vous crois, nous en avons fini avec vous, Mr Narton. Signez le registre et vous pouvez partir.
Il ne dit plus un mot et s’en alla comme il était venu, sans bruit, sans âme. Il allait faire parti des gens qui survivrait à l’holocauste qui s’annonçait. Au même moment le meurtrier allait faire sa deuxième victime. Une femme encore, cette victime allait sauver une vie. Cette vie serait d’une importance capitale pour l’humanité. Le destin était parfois cruel, pourquoi cette femme et pas l’autre, la vie s’enchaînait à la folie des hommes.
Sylvain devait finir de traiter cette affaire rapidement, alors il convoqua une petite réunion afin de classer le dossier dans la catégorie suicide. C’était son premier suicide depuis sa prise de fonction a ce poste. Il était triste. Il préférait, comme les autres, les meurtres qui étaient plus « cartésien ». Tout en classant le dossier il écouta la dernière musique de la défunte :
COUPS – RAGE !
Ahhhhh
Je l’ai vu plusieurs fois sur le bas coté
Une forme noire à coté des platanes plantés
J’imagine mal l’accident en ligne droite
Ce choc fatal plus violent qu’une batte
J’ai pensé, se tuer a force de volonté
Quelle idée originale, s’en aller en lousder
Ne pas faire de mal a toute sa famille
Aller voir de l’autre coté si le soleil brille.
Alors je dis « des coups, de la rage »
Du COUP RAGE !
Alors je dis « des coups, de la rage »
Du COUP RAGE !
Il n’y a personne pour nous montrer le nord
Que des gens qui se foutent de notre mort
Quelle attitude faut-il avoir face à ça
S’enfuir, non secourir tout le monde ici bas.
Alors je prends mes armes qui sont les mots
Mais ils ne seront assez pour couvrir ces maux
Alors ne vous risquez pas dans cette voie là
C’est un chemin dont on ne revient pas
Alors je dis « des coups, de la rage »
Du COUP RAGE !
Alors je dis « des coups, de la rage »
Du COUP RAGE !
Tiens mais où suis-je quelle est donc cette corde
Elle m’enserre le cou vraiment comme une horde
Je dois maintenant tourner la page
Ma vie se fini ici dans un élan de RAGE.
Alors je dis « mon cou, ma rage »
Mon COURAGE
Alors je dis « mon cou, ma rage »
Mon COURAGE
« Soupirs »
mes stagiaires bossent et moi je lis un super livre
AU fait, elles sont sublimes les paroles de la chanson