1987

- Non !!!!

Quelle peur ! Lentement je tourne la tête pour voir si je n’ai réveillé personne. Apparemment, tout le monde dort. Houlala mais quelle frayeur ! D’habitude, je ne me rappelle jamais de mes rêves (cauchemar) et le souvenir de celui-là commence déjà à s’estomper. Il faut que je fasse un effort pour ne pas l’oublier, je sens que c’est important, voir vital. Ah c’est dur, c’est trop flou pour le moment, mais je persiste, je rattrape ce souvenir fugace. Ca y est, je l’ai !

-          Sylvain, tu ne dors plus ? C’est ma mère à coté de moi. Quand on est chez ma tante, à la campagne, il n’y a pas assez de lits pour tout le monde. Ma tante dors avec mon père, mes deux frères dorment ensemble, et mon grand-père dort seul dans la chambre d’à coté.

-          Oui, M’man. Je garde bien secret le rêve (cauchemar) que je viens de faire.

-          Tu veux te lever ? Il est tôt, mais je n’ai plus sommeil. Elle me regarde avec son air curieux, comme si j’avais quelque chose à cacher.

-          Oui, M’man, en plus j’ai envie de pisser. Le matin, c’est toujours comme ça.

-          Tu veux que je vienne avec toi ?

-          Non, c’est bon, il fait un peu jour.

Je me lève et jette un coup d’œil au thermomètre de la chambre. Quatre degré, record battu ! Il n’y a pas de toilettes chez ma tante. Pour faire ses besoins, il faut aller dans ce qu’on appelle l’écurie. Pour cela, il faut sortir et traverser la p etite cour herbeuse d’une dizaine de mètre. Arrivé là bas, il faut encore chasser les poules et les oies qui viennent picorer autour de vos fesses avec la fourche. Pas tranquille, quoi !

Ahh, ça fait du bien.

Comme je me suis précipité pour l’aller et le retour, je n’ai pas eu le temps d’avoir froid, sauf là bas…

J’arrive dans la cuisine et je croise mon grand-père. Il doit être debout depuis une bonne heure maintenant.

-          Bonjour Papi. Il me regarde avec son air qui veut dire je t’aime mais je ne te le dirais jamais.

-          Bonjour Sylvain, tu as bien dormi ? Je scrute son visage ridé, avec son béret de coté.

-          Oui. Très bien. J’aime bien m’endormir avec une brique chaude au fond du lit ! Il me regarde et sourit, amusé par cette réflexion.

Le cauchemar (rêve) refait surface :

            En fait, il est tout simple. Je suis sur un pont de pierre, devant un dragon, et je dois libérer une princesse. J’ai une épée et un bouclier comme tous les chevaliers dignes de ce nom. Je fonce dans le tas et je me fais décapiter sans pitié par le dragon. Ma maman me dit toujours que les rêves ont une signification alors je cherche… Au bout de quelques minutes, je crois avoir trouvé. Il faut que je fasse une Bonne Action. Que je sauve quelqu’un quoi.