Je suis tout en sueur quand j’arrive chez moi, mes parents me dévisagent. Pourtant, tout semble redevenu normal entre mes jambes.

- J’ai couru, c’est pour ça que je transpire. Réflexion débile mais bon.

- Oui, on t’a vu arriver, mais pourquoi tes lunettes sont dans ta main, elles sont cassées ?

            Sylvain passa toute l’après midi à ne pas penser au soir même. Il pensait qu’elle voulait se moquer de lui pour ce qu’il avait dit (crié) hier, lui donner une bonne leçon en quelque sorte. En plus, il avait peur. Il n’était jamais sorti avec une fille. Il était ce qu’on appelait à l’époque un puceau. Sylvain ne s’était jamais demandé comment on faisait quand on sortait avec une fille. Il voulait demander conseil à ses parents mais abandonna en sachant que son père se moquerait de lui et que sa mère n’aurait rien dit.A un autre moment, il pensa demander à ces copains du camping mais abandonna très vite en se disant que ce qu’il gagnerait, ce serait de se faire appeler puceau le reste de ses vacances. L’après midi, il alla à la piscine, il pensait trouver Donald mais il n’était pas là. Heureusement pour lui, elle n’était pas là non plus.

            Il avait donc ressenti les effets de ce mal dévastateur pour la première fois en 1987. Il était le seul à l’avoir ressenti sur les 6 milliards d’individu qui peuplait la planète. Chacun continuait sa petite vie tranquillement sans savoir que 30 ans plus tard, ce mal si sournois, si imperceptible, allait donner lieu à la plus grande hécatombe de tous les temps. Il l’avait ressenti mais ne s’en était pas aperçu, pas encore. Ce n’est que quelques dizaines d’années plus tard qu’il pourrait faire cette analyse. Chacun des habitants de son monde était exposé. A chaque instant ce mal grandissait mais pour l’instant ce qui intéressait le monde, c’était ce nouveau courant de musique insupportable qu’était la techno. Les journaux disait de ce courant que finalement, il n’était pas différent du rock’n’roll à l’époque. Le tube phare de cette année et de ce style musical était « TECHNOTRONIC : Pump Up The Jam » pouvant être traduit comme « fais monter la sauce ». Le double sens sans équivoque de ce titre en faisait bondir plus d’un !

            Le soir arrivait et Sylvain ne tenait plus en place. Peurs, excitations, timidité, tout se mélangeait dans son esprit comme dans son corps. Ces sens faisaient un de ces vacarmes ! La seule chose qui le calmait, c’était Technotronic et sa musique lancinante. Il n’avait pas spécialement de rendez-vous alors il décida de retrouver, comme d’habitude, ses copains au ping-pong. Il fut réellement soulagé quand il vit qu’elle n’était pas là. Il pourrait passer une soirée tranquille à jouer avec ces amis. Donald n’était pas là non plus, Dieu seul savait où il était passé toute l’après midi. Il recommença à tourner autour de la table, rigolant et jouant du mieux qu’il pouvait. Il regardait de temps à autre si aux alentours, n’arrivait pas Donald, ou la fille qui lui avait donné rendez-vous. Rien, personne. C’est quand il ne les attendait plus qu’ils arrivèrent, en même temps, côte à côte. S’il les avait vu, il aurait vu que Donald était triste mais que ce n’était pas le cas de Laetitia. Elle le regardait fixement, le dévisageant de la tête au pied.