De blog en blog nous sommes côte à côte, nos mots se croisent, nos bulles se touchent... Nous partageons nos mots pour rendre la toile plus belle. Comme des pinceaux humains nous glissons sur la toile, avec nos visions à l’encre noire nous sculptons l’arrondi du cadre, et nos doigts minutieusement éclaircissent à la chaux nos fonds intérieurs. Nous avons des tiroirs que nous ouvrons tour à tour. Pas commode comme exercice mais nos espoirs attendris prennent forme. Il sera désormais difficile de briser l'univers imagin'air créé par nos mots. Instant de magie ou de dernier cri, tout ce décrit sous nos yeux, peu à peu il devient. Il existe. Gros plan sur deux mains emmêlées... Mais il suffit d'ouvrir la focale pour que nous réalisions que nous sommes beaucoup plus nombreux, à aimer les mots. Reliés par ces organes qui nous permettent de nous toucher anonymement. Nous nous soutenons contre les vides et les trop-pleins. Nous nous rassurons mutuellement par nos mots inaudibles déposés en commentaires. Présence muette qui s’échappe des écouteurs. Nous recevons l’écho et avançons. Il n’y a pas de concurrence, uniquement des forces qui s’emboîtent. Le choix est irrationnel et donc inutile. Véritables maillons vivants d’une chaîne invisible. Non, je rectifie, visible, mais immatérielle, impalpable. La matière physique arrive au second plan alors que les émotions qui en débordent sont vraies. Devant nos productions qui défilent devant les yeux de chacun, nous faisons notre toile. L’infiniment petit, les ailes des anges, les atomes attirés, nous bâtissons notre édifice, les uns grâce aux autres. Et l’édifice nous bâtit à son tour.
A qui appartiennent ces deux mains ?
A deux d’entre-nous, assurément.