Combien de temps encore, avant que "Maman était une machine" ne soit plus une métaphore mais une réalité ?

Nous sommes habitués, depuis la révolution industrielle, à être entouré par des machines qui nous assistent pour des taches pénibles, répétitives ou que nous ne pourrions effectuer par nous même. Elles sont aujourd'hui entrées de plein pied dans notre quotidien et commencent à effectuer des taches affectives.

On les voit s'activer aux seuils des hôpitaux et des maisons de santé. Ainsi, RI-MAN est capable de porter une personne tandis que les européens développent des robots infirmiers capables des tâches simples comme assurer l' hygiène des bâtiments, prendre la température d'un patient ou même le porter dans ses bras.RI-MAN. Jusque là, les ingénieurs se demandaient plutôt comment éviter que les robot entrent en contact avec le monde humain. Le travail portait sur les trajectoires anti-collision et sur les capacités du robot à différencier le monde humain du monde non-humain. RI-MAN est une de ces machine-éclaireur qui viennent au contact de notre monde. Pour ce faire, RI-MAN dispose d'un équipement de choix : une peau artificielle recouvre toutes les parties qui sont au contact avec les humains.

D'autres machines sont concues non plus pour assurer une assistance matérielle mais pour donner une assistance relationnelle. Ainsi, Paro est présenté par son constructeur comme "robot-thérapeute". C'est  une machine conçue pour "interagir avec des êtres humains et leur faire vivre un lien émotionnel. Paro ressemble à une bébé phoque, bouge les nageoires, se tourne vers la voix humaine et est capable d'établir un contact visuel avec ses "interlocuteurs". Paro différencie un contact agressif ou tendre et il a des "états d'esprit" qui varient en fonction de la façon dont il est traité.

 Sherry Turkle, psychanalyste et anthropologue, a suivi une expérimentation auprès de personnes agées vivant seules. Paro leur a été confié pendant quelques mois  et elle rapporte. 

Sherry  Turkle rapporte un moment ou une vieille dame traverse un moment difficile - elle ne voit plus son fils suite à une dispute. La vieille dame cherche du réconfort auprès de Paro * :

Oui, tu es triste, n'est-ce pas. C'est difficile. Oui, c'est dur.

Sherry Turkle met l'accent sur le fait que Paro est est "objet relationnel" et que ses capacités relationnelles sont basées sur ses capacités à agir sur des leviers "darwiniens" (contact visuel, fourrure)   poussant les personnes a répondre comme si elles étaient en lien. Tout le problème réside dans ce comme si : peut-on vraiment avoir des relations comme si ? Et quel est ce type de relation qui se construit en utilisant des "trucs" aussi archaïques ?

Sherry Turkle pose ici une question cruciale : “quelle sorte de personnes nous sommes en train de devenir alors que nous développement de plus en plus de liens intimes avec des machines ?“

 * sur la mécanique de ce mouvement, on pourra lire Le bébé phoque et la bobine sur ePsychologie