Ca y est, je viens de la voir et j'avoue que là, elle me fait peine. Je me sens tellement impuissante que je trouve cette souffrance terriblement anormale, injuste et je n'ai pas de mot pour décrire ce que je ressens tellement j'ai mal !
Lorsque je suis arrivée, elle avait mal, il a fallu que j'aille chercher son supplément de morphine pour que la douleur s'estompe. Puis, elle avait envie de vomir, donc lorsque le repas est arrivé vu tous les comprimés qu'elle est obligée d'avaler, elle a mangé la moitié de son plat principal et son yaourt. Mais elle est tellement mal et fatiguée, qu'elle n'a plus la force de se battre. Elle est à bout.
Nous nous sommes tenue la main, sa petite main toute fragile dans la mienne. Je lui caresse les doigts comme pour la sentir davantage et lui rappeler combien ma présence m'est indispensable pour la rassurer au mieux de tout l'amour que je peux lui donner.
Ces moments-là sont particulier, qu'à nous, et seulement nous deux partageons ces moments tellement précieux pour moi, pour elle.
L'infirmière s'est effacée doucement, gentiment, nous laissant seule face à face avec nos sentiments, nos angoisses et nos peurs que pour rien au monde nous ne divulguerons à l'autre.
Nous resterons pudique face à cette fin qui nous est difficile et pénible mais que rien ni personne ne pourra nous enlever.
Elle a bien dit que mon mari lui manquait beaucoup et mon petit garçon qui a les oreillons et que je ne peux pas lui mener pour ne pas l'infecter de je ne sais quel microbe.
Elle se sent partir, je le sais, je le sens et je le vois dans ses yeux, son regard gris est triste et son silence qui en dit long sur le chemin qu'elle est obligée de faire et que la maladie lui impose jour après jour.
Je suis en colère et vidé à la foi. J'ai l'impression que le jour J n'arrive pas et que la souffrance grandit pour laisser place au pire......
J'ai peur de la laisser, j'ai peur de ses souffrances, de sa déchéance, de ses angoisses, de ne plus la voir.......
Je viens de te lire et tes mots me ramènent 10 ans en arrière... Je suis fille unique, j'ai accompagné ma maman adorée pendant 2 longues années, impuissante comme toi, mais présente. Je ne suis pas mystique, ni même croyante, mais quand elle est partie, j'ai su qu'elle serait toujours près de moi, que le lien ne disparaitrait jamais, et qu'encore aujourd'hui, elle nous envoie sa force et son amour... Je t'embrasse...
Gros bisous.
Gévi
Quelle souffrance de voir sa maman partir doucement.
Je suis près de toi par la pensée, mais que puis-je pour t'aider ? je suis bien faible face à la souffrance de ta maman et la tienne.
Courage ma belle.
Bisous de réconfort.