Le prix agricole des céréales a baissé de plus de 50% en 2008, selon l'Insee. Où est la répercussion ?
Mais comment expliquer une telle différence de prix ? Notre panier, constitué de 45 produits strictement identiques, fait le grand écart avec l'Hexagone : 39% de différence. Cet écart est plus important que le 4 février dernier, où le curseur était à déjà à 34%! Après 38 jours de grève générale, on aurait pu imaginer un meilleur dénouement... En fait, concernant notre panier, les prix n'ont pas spécialement augmenté en Martinique. Globalement, ils ont plutôt stagné et cela se vérifie en ajoutant d'autres produits au panier ou en le triturant quelque peu.
Comme nous avons utilisé le même panier qu'au mois de février, il n'était pas question d'utiliser des produits BC Ba plutôt que les nôtres. De fait, seuls quelques produits ont bénéficié de la baisse des prix et nous ont permis de réaliser une économie de... 1,50 euro! Pour profiter pleinement des prix BC Ba, il faut vraiment remettre son chariot en question et changer quelques marques (voir encadré).
Il est par ailleurs bien visible, d'après nos relevés, que chaque enseigne possède ses pépites d'or, c'est-à-dire les produits qu'elle fait payer beaucoup plus cher que ses concurrents. Le consommateur, après s'être précipité sur les promotions, finit de remplir son chariot avec ces pépites-là, dont il a besoin...
Si les prix n'ont pas tellement bougé, pourquoi l'écart se creuse-t-il donc ? Car les prix baissent mécaniquement dans l'Hexagone! En effet, durant l'année 2008, le prix des matières premières a fortement chuté après avoir flambé en 2007, notamment les produits céréaliers et laitiers. Et même si les répercussions tardent à se faire sentir dans l'Hexagone, elles sont présentes.
Pour autant, le magazine « 60 millions de consommateurs » , dans son numéro du mois de mars, dénonce les hausses qui persistent au milieu des baisses... Toujours est-il que notre panier, relevé dans l'Hexagone, a perdu 6% entre février et aujourd'hui. Et c'est ainsi que l'écart s'est creusé. Pourtant, nos relevés ont été effectués à Paris et en région parisienne, où les prix sont globalement plus élevés qu'en province!
(1) nouvelle appellation des enseignes de hard discount jugées trop « soft » , comme Leader Price, comparativement à Ecomax, par exemple, qui demeure un véritable hard-discounter.
- Notre méthode de relevé des prix
Les relevés ont été effectués entre le 14 et le 15 avril, de manière anonyme, par l'Association des consommateurs du François, notre dynamique partenaire, dans trois grandes surfaces de l'île et par notre équipe de journalistes de Paris, dans trois grandes surfaces de Paris et proche banlieue.
Notre panier contient des fruits, des légumes, des produits frais, de l'épicerie sucrée et salée ainsi que quelques produits d'entretien et d'hygiène. Les paniers de cette page sont confidentiels, afin que nous puissions les suivre dans le temps.
- L'Association des consommateurs du François existe depuis 1988 et est présidée par Roger Lagier. Contact : 0596.54.35.95
- Avec BC Ba : 9% d'économie
Si les prix BC Ba n'existaient pas, notre fameux panier de 45 produits coûterait 154,05, au lieu de 152,52.
Mais nous avons voulu aller plus loin. Nous avons donc repris notre panier et, le guide France-Antilles en main, nous avons remplacé les produits par des produits BC Ba, quand c'était possible. C'est un véritable exercice d'équilibriste puisqu'il ne faut pas hésiter à changer de marque, de conditionnement, voire, légèrement, de catégorie de produits (dans un sens ou dans l'autre).
En plus, certains produits relevés ont un prix plus avantageux lorsqu'ils ne sont pas BC Ba! Et tout cela sans compter les différences, nombreuses et incompréhensibles, entre le catalogue et la réalité...
Bref, un mal de tête plus tard, le résultat est là : un peu plus de 9% de gagné. Notre panier revient alors à139,88 euros.
- Soft discount : le « bon » élève
Dans le soft discount (1), les surprises sont moins fréquentes et les prix semblent moins jouer au yo-yo avec notre porte-monnaie.
Dans l'Hexagone ou en Martinique, beaucoup de prix du mois d'avril sont identiques à ceux relevés en février. Seul le panier hexagonal connaît une hausse de 8% entre février et avril. En Martinique, les prix BC Ba, comme dans la grande distribution classique, sont plus ou moins bien répercutés, en tout cas sur les étiquettes.
Résultat : 34% de différence.
Notre méthode : prix relevés entre le 14 et le 15 avril, de manière anonyme par l'Association des consommateurs du François et notre équipe de journalistes de Paris.
- Fruits et légumes : le fossé
Au mois de février, les résultats étaient plutôt positifs. Nous avions comparé les prix de 11 fruits et légumes des grandes surfaces de Martinique avec 11 fruits et légumes de l'Hexagone, dont le cours est donné par un service du ministère de l'Agriculture, le Service des nouvelles des marchés (SNM). Ce dernier pratique des relevés sur 150 grandes et moyennes surfaces. Il y avait alors 15% de différence de prix.
Mais, depuis, les prix ont globalement baissé dans l'Hexagone alors qu'ici, ils ont augmenté, d'où un très mauvais chiffre : 45% de différence.
- Viande fraîche : hors de prix
La différence de prix est toujours très importante entre la Martinique et l'Hexagone et aucune solution ne semble poindre le bout de son nez. La viande fraîche est hors de prix, qu'elle soit locale ou importée, malgré une baisse certaine, en Martinique ou dans l'Hexagone, par rapport à nos relevés de février. Localement, le prix de l'alimentation animale et les modalités d'achat entre les producteurs et distributeurs sont toujours en cours de négociation.
Quant à la viande importée, vu le coût du fret aérien, elle ne semble pas devoir baisser prochainement. Nous avons comparé 5 produits de grande surface aux relevés effectués par le Service des nouvelles des marchés (SNM). La différence importante de 60% se rétrécit cependant lorsque nous appliquons cette comparaison à nos propres relevés dans l'Hexagone. Elle est d'un peu moins de 50%. Ceci s'explique par la nature de nos relevés dans l'Hexagone, effectués à Paris et proche banlieue, où la viande est souvent plus chère qu'en province.
- Les comités de contrôle en action
Une douzaine de comités de contrôle de baisse des prix ont été formés, auprès du Collectif du 5 février, depuis la grève générale.
Samedi dernier, trois « descentes » ont eu s lieu, à Hyper U Galleria, Carrefour Dillon et Carrefour Place d'Armes.
Par exemple, le comité de Chateauboeuf - la Meynard s'est rendu à Hyper U et a constaté que 49 articles ont des prix plus élevés que ce qu'ils devraient, en comparaison avec la liste des prix BC Ba. De surcroît, 66 articles de cette liste manquaient à l'étalage.
Il faut dire que la semaine dernière était la période d'essai de cette pratique des prix BC Ba.
Normalement, tous les articles manquants doivent être remplacés par leur équivalent.
« Nous appelons les consommateurs à être vigilants sur les prix affichés et les prix à la caisse, ainsi que sur le volume et le poids des produits proposés en remplacement » , expose Ghislaine Joachim-Arnaud, du collectif du 5 février. « Il faut aussi que les consommateurs fassent corriger eux-mêmes les erreurs pour éviter qu'elles se multiplient » , poursuit-elle.