Il y a ceux qui trouvent qu'une famille métissée « manque d'harmonie » , il y a ceux qui hurlent pour dénoncer cette opinion mais ne se cachent pas pour redouter que le « génocide par substitution » se fasse par le métis sage et enfin, il y a ceux qui ont simplement le regard pas assez perçant pour voir au-delà de la couleur de peau. Aujourd'hui encore, peut-être parce que c'est la plus belle réponse à apporter au racisme, composer un « couple domino » est une aventure. Il faut passer au-delà des préjugés familiaux et des remarques de la rue pour faire mentir le proverbe « qui se ressemble s'assemble » . Côté famille, tout dépend évidemment du « terrain » .
Il y a celles qui ont l'esprit ouvert... et celles qui ont des idées bien arrêtées. « Tant que nous vivions en métro pole et que nous ne rentrons que pour passer des vacances, ça se passait bien. Mais depuis que nous sommes installés en Martinique, c'est-à-dire depuis 1993, on a eu les pires difficultés » raconte Hélène, une Martiniquaise de 57 ans, mariée depuis 30 ans à un métropolitain.
« Ma mère et une partie de mes frères et soeurs sont racistes. C'est très clair. Ils n'acceptent pas le fait que mon mari n'ait pas envie de vivre « en tribu » et qu'on tienne à notre indépendance. C'est allé très loin, jusqu'à une procédure auprès du juge des affaires familiales pour récupérer la garde des enfants. Ma famille a l'impression que mon mari veut couper les liens entre elle et moi. »
Des oppositions marginales
Le cas d'Hélène est-il isolé ? Difficile de parier. Il semble cependant que les difficultés au niveau familial soient de plus en plus marginales. Pour la plupart des couples que nous avons interrogés, il n'y a pas de problème à ce niveau-là. Du moins, le temps qui passe parvient facilement à gommer les à priori.
Fils d'un père Martiniquais et d'une mère charentaise, Lionel, 44 ans a une double expérience sur le sujet. « Je me souviens que quand j'avais une vingtaine d années et que je vivais en métropole, une de mes premières copines - une blonde aux yeux bleus - ne m'a jamais présenté à ses parents » rappelle amer Lionel.
A contrario il cite aussi avec plaisir une phrase prononcée par sa grand-mère maternelle et entrée aussitôt dans la légende familiale. « Elle a tout simplement dit à mon père qu'elle ne voyait plus qu'il était noir » .
Une formule que reprend presque mot pour mot François, 50 ans. Lui, c'est un Lorrain, marié à une Martiniquaise depuis plus de 20 ans et vivant en Martinique. « En fait, aux fêtes de familles, on ne sait même plus qui est noir et qui est blanc. Il y a juste des beaux-frères, des cousins ou des neveux » . « Au sujet de l'intégration dans une famille de métropole, je pense qu'il faut aussi distinguer l'arrivée d'un Antillais de celle d'un nord-africain » précise Benjamin, 38 ans. « En ce qui nous concerne nous les Antillais, il n'y a aucune résistance d'ordre religieux. Et au niveau de la culture, même s'il y a évidemment des différences, il n'y a aucun choc frontal dans les valeurs de base » . « On a l'impression que notre couple peut étonner » En dehors du cercle familial, les choses ne sont pas forcément plus simples. Ici aussi, les expériences sont diverses. « Avec ma compagne, tant que nous étions en métropole, nous n'avons jamais été confrontés à aucune forme de racisme, raconte Lionel. « Ici en revanche, on sent que les regards sont plus pesants. Nettement plus pesants qu'en métropole. C'est difficile à décrire précisément. On a l'impression que notre couple peut étonner, que certains se demandent combien de temps il va durer... Ce qui est symptomatique, c'est que ma compagne me dit souvent ressentir une certaine animosité de la part d'Antillaises. »
Un avis partagé par Morgane, 46 ans, la compagne bretonne de Lionel. « Depuis qu'on vit en Martinique, je sais qu'il y a des regards et parfois des réflexions dans le dos, mais depuis toujours j'ai décidé d'en faire abstraction, principalement parce que j'ai peur d'avoir une réaction très violente. Du coup, il est difficile d'analyser exactement ce qu'on ressent. Sans doute un peu de jalousie. Un peu d'interrogation aussi. Le regard des touristes est aussi amusant. J'ai l'impression qu'ils me regardent comme si j'avais été « enlevée » par un Antillais. » « La principale difficulté pour une Antillaise comme moi, mariée à un blanc, c'est de savoir qu'à n'importe quel moment on peut être pris à parti » grince de son côté Malika, 29 ans. « Il y a toujours deux ou trois crétins qui se sentent autorisés à nous insulter en insinuant qu'on s'est mariée avec un blanc parce qu'il a de l'argent et qu'on trahit la « cause noire » . On nous jette au visage l'image de la « négresse à blanc » .
Apparemment, pour certains, entre deux personnes qui n'ont pas la même couleur de peau, il ne peut pas y avoir d'amour. Il ne peut y avoir que des rapports de force... »
- CONTRE LA DISCRIMINATION RACIALE : Les Nations Unies espèrent une convention
A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, célébrée aujourd'hui, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, rappelle que « L'article 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme affirme que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » . Selon lui, cette journée « nous rappelle que nous avons la responsabilité collective de promouvoir et de protéger cet idéal. Il nous faut ensemble redoubler d'efforts pour mettre un terme à la discrimination raciale et à la xénophobie, où qu'elles se présentent. » Sur le sujet, l'ONU mise sur la « Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale » qui doit bientôt être ratifiée, « même si dans toutes les régions, trop d'individus, de communautés et de sociétés souffrent encore de l'injustice et des préjugés causés par le racisme » déplore Ban Ki-moon.
« Le monde a été le témoin d'une augmentation inquiétante des informations faisant état d'actes de haine et d'intolérance liés en partie au terrorisme et à l'accroissement des migrations » s'inquiète le secrétaire général de l'ONU. » Le racisme existe dans tous les pays et je demande instamment à ces derniers de se concentrer pour y faire échec. »
Ban Ki-Moon rappelle que tous les pays sont confrontés au racisme et qu'ils doivent y faire échec.
- 3 QUESTIONS A ALEX BOTTIUS, PSYCHIATRE : « La rencontre de l'autre est toujours problématique »
Pourquoi certaines familles peuvent s'inquiéter de voir un de ses membres s'unir avec une personne d'une couleur différente ?
Ca fait tout simplement ressurgir des peurs ancestrales. La peur de l'autre, accompagnée d'une foule de préjugés. Mais au fond, un couple c'est une rencontre et la rencontre de l'autre est toujours problématique. Par principe l'autre n'est pas comme nous et le couple ne peut fonctionner que s'il arrive à trouver un langage commun et à établir un équilibre entre ce que chacun apporte. Logiquement, plus les cultures d'origine sont éloignées et plus le langage commun est difficile - mais intéressant - à trouver.
Comme toujours on peut aussi imaginer que le poids de l'Histoire pose problème...
Oui, mais à des titres divers. La société post-coloniale est très cloisonnée et, à une époque, revenir au pays avec une zoreille était plutôt flatteur pour les hommes antillais. Les Antillais étaient complexés et tout ce qui pouvait leur permettre d'imiter ce que faisaient les blancs etait valorisant. La femme blanche était un élément de fierté pour une famille. Ca a heureusement considérablement évolué durant les trente dernières années. A contrario, certains lisent l'Histoire pour y puiser de bonnes raisons de refuser le contact avec l'autre.
Comment expliquer enfin que dans une écrasante majorité les blancs se marient avec des blanches et les noirs avec des noires ?
A mon sens, il n'y a aucune lecture psy à avoir là dessus. C'est simplement une opportunité de rencontre. C'est un simple rapport de population mais il est absolument évident qu'on peut être touché, qu'on peut tomber amoureux d'une personne quelle que soit sa couleur de peau.
Une simple opportunité de rencontre
- Pourquoi le 21 mars ?
Le 21 mars 1960, dans le township de Sharpeville en Afrique du Sud, 69 personnes ont été abattues par la police alors qu'elles participaient à une manifestation pacifique contre l'apartheid. Beaucoup d'autres, y compris des femmes et des enfants, ont été blessées.
En faisant du 21 mars la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, l'Assemblée générale de l'ONU a souhaité honorer la mémoire de ceux qui avaient été massacrés et condamner le racisme.
tu fais avec Lary un joli domino hi hi.
As tu repris le chemin de la salle de sport ? pour moi aussi régime et sport c'est la cata. Enfin on va se ressaisir.
nous sommes allés manger à l'embarcadère avec alain et lilou ( encore un domino lol) durant le conflit et ils n'avaient pas grand chose à nous proposer.
j'ai toujours le projet que l'on se fasse le resto du vendredi soir ensemble un de ces quatre.
gros bisous
LILI