Ce samedi midi, signature d'un protocole de sortie de crise.
Et levée officielle de la grève générale........
Ci-après un résumé des moments forts de cette grève de plus de 5 semaines.
Ils ont signé !
par R. L. franceantilles.fr 14.03.2009
Portés par une foule encore nombreuse à Fort-de-France, les membres du « collectif du 5 février » ont signé le « protocole de sortie de crise » et levé officiellement la grève générale.
Cette fois, c'est officiel. Le protocole de « sortie de crise » signé ce samedi vers 12h 45 à la préfecture de Fort-de-France entérine la fin de la grève générale après 38 jours de mobilisation de la population martiniquaise contre « la vie chère et pour le pouvoir d'achat ». Le document, paraphé par le « collectif du 5 février », l'Etat, les collectivités territoriales et les socio-professionnels, « est un accord sur la suspension du conflit mais le collectif se réserve le droit de relancer le mouvement si les accords signés ne sont pas respectés ou si les négociations encore en cours n'aboutissent pas », a néanmoins rappelé Michel Monrose, le président du collectif.
Saluant une « mobilisation remarquable et un fait sans précédent » dans l'histoire de la Martinique devant l'assemblée présente en préfecture, il a été chaudement applaudi par les membres du collectif et même par les socio-professionnels qui ont fini par se lever, malgré une certaine amertume après 38 jours de grève générale.
« Les semaines et les mois à venir vont être très difficiles et il va falloir panser les plaies pour limiter la casse. Je suis très inquiet mais j'espère me tromper », a ainsi déclaré Patrick Lecurieux-Durival, président du Medef Martinique. « Satisfait » de cette sortie de crise, Alexandre Richol, président de la CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) prédit néanmoins « des dommages collatéraux » pour les entreprises martiniquaises.
La population, peut-être moins nombreuse qu'espérée, a quand même répondu présent. Afin d'accompagner les membres du collectif jusqu'à la signature finale et la « viktwa » (victoire), comme ils l'ont chanté à travers les rues de Fort-de-France, ils étaient entre 7000 (préfecture) et 15 000 (syndicats) manifestants à défiler dans les rues de Fort-de-France pendant une heure et demie.
Vêtus de rouge et arborant les différents drapeaux des organisations syndicales, les sympathisants ont entonné dans la liesse divers refrains comme « Matinik Lévé » (Martinique debout) repris par les membres du collectif, en tête de cortège et protégés par un cordon humain. « C'est un soulagement, une délivrance même si le combat a été long et le travail âpre », se félicite Jean-Marc Brulu, l'un des hommes au tee-shirt noir qui encadre la manifestation et fait avancer la foule par de grands gestes.
Au milieu des manifestants avec son éternel chapeau bakoua sur la tête, Daniel Gromat, l'un des leaders du mouvement, se réjouit de cette énième mobilisation populaire. « Cela démontre encore qu'on pouvait continuer le combat si on le voulait, des dossiers ont avancé, d'autres pas mais le plus important c'est que nous avons su comprendre la population. Les gens sont descendus dans les rues pour nous dire de continuer afin d'obtenir les résultats escomptés ». Car, malgré la levée de la grève, des négociations vont se poursuivre en préfecture jusqu'à 27 mars sur certains dossiers pas encore aboutis comme l'eau, les minimas sociaux, les retraites, l'agriculture...
Premier à signer « l'accord de sortie de crise », Ange Mancini, le préfet de Martinique a évoqué « un mouvement d'une ampleur sociétale sans précédent qui fait que rien ne sera plus comme avant », a-t-il considéré, se réjouissant que « le dialogue parfois vif (n'ait) jamais été interrompu ». « Même si rien n'est encore mis en place », il a également rappelé la tenue prochaine des Etats-Généraux de l'Outre-Mer, normalement en avril pour la Martinique, qu'il envisage « comme un aboutissement du travail fait avec le collectif ».
Partie prenante de la plupart des négociations depuis cinq semaines, les élus - à l'exception de ceux de la Région, curieusement absents - veulent désormais se tourner vers l'avenir. « Je souhaite une ambition collective, celle du dépassement y compris de l'opposition des races afin d'arriver à une société de progrès, capable d'entrer dans le troisième millénaire de façon durable. Il faut dépouiller notre société de tous les stigmates d'une économie de comptoir », a lancé, en préfecture, Serge Letchimy, député-maire de Fort-de-France.
Il a aussi lourdement insisté sur l'importance de trouver des solutions au problème du chômage des jeunes Martiniquais de moins de 25 ans, « 50 % et jusqu'à 73% dans certaines communes » : « nous devrons absolument trouver des financements pour ne pas laisser nos enfants sur le bord de la route ».
« La grève est finie et je m'en réjouis », relève Nestor Azérot, maire de Sainte-Marie, « mais tout commence aujourd'hui, il faut tirer les leçons et que la Martinique redémarre, je pense que nous pouvons faire beaucoup de choses ensemble ».
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38 jours de conflit, jour après jour...
France-Antilles Martinique 14.03.2009
L'accord global sur les salaires, conclu dans la nuit de mardi à mercredi, a ouvert la voie à une levée de la grève générale signée officiellement aujourd'hui. Retour sur plus de cinq semaines au rythme des manifestations, des blocages et des négociations.
FEVRIER
- 5 : Début de la grève générale à l'appel d'un collectif de syndicats et d'associations pour une hausse des bas salaires de 354 euros nets. 15 000 à 20 000 manifestants défilent à Fort-de-France.
-6 : Début des négociations entre le « collectif du 5 février, les socio-professionnels, l'Etat et les colectivités » .
- 7 : Les grévistes contraignent des grandes surfaces à fermer.
- 9 : 11.000 personnes manifestent à Fort-de-France.
- 10 : le collectif obtient une baisse de 20% de 100 produits de première nécessité.
- 12 : Visite d'une journée du secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Yves Jégo, qui apporte « 39 réponses » au nom de l'Etat.
- 13 : Négociations. Le collectif relève trois avancées : baisse du carburant, prime de 200 euros en avril aux 50 000 foyers aux plus bas revenus, et anticipation à 2009 du Revenu de Solidarité Active.
- 16 : 8 000 à 15 000 personnes défilent à Fort-de-France dont l'association des maires de Martinique.
- 19 : Le président de la République, Nicolas Sarkozy reçoit des élus des Départements d'Outre-Mer et annonce 580 millions d'euros pour les DOM.
8 000 à 10 000 personnes manifestent à Fort-de-France.
- 24 au 26 : Deux nuits de violences : voitures brûlées, magasins pillés, trois gendarmes et neuf policiers blessés (dont deux par balles), une centaine d'interpellations. Le préfet lance un « appel solennel » à la population pour qu'elle reste chez elle le soir.
MARS
- 2 au 3 : Le collectif accepte un compromis de 200 euros sur les salaires du privé. Un accord-cadre est signé avec les représentants du patronat.
- 5 : Un mois de grève. Les bureaux de Poste sont autorisés à rouvrir pour verser les prestations sociales.
- 6 : Accord-cadre entre le collectif et la grande distribution sur une baisse de 20% de 400 articles.
Des émeutes éclatent suite à une opération escargot menée par des chefs d'entreprise et des petits planteurs pour dénoncer les blocages. Jets de pierres et bouteilles de verre répondent aux forces de l'ordre qui répliquent par des tirs de gaz lacrymogène. Le maire de Fort-de-France fait un léger malaise.
Trois policiers légèrement blessés par des tirs de plombs. Neuf personnes interpellées.
- 7 : retour au calme. 4.000 à 5.000 personnes manifestent.
- 11 : les négociations débouchent au matin sur un accord global prévoyant une hausse des salaires de 200 euros qui bénéficiera à 60% des salariés du privé. Le collectif ne lève pas immédiatement la grève mais décide des « assouplissements » , dont la réouverture des écoles et reprise de l'activité dans les zones industrielles.
Le gouvernement accorde aux entreprises martiniquaises des « mesures douanières exceptionnelles » .
- 12 : Accord définitif signé après une nuit de négociations sur la baisse de 20% des 100 familles de produit qui prend en compte les produits locaux.
- 14 : Signature du protocole de « fin de crise » en préfecture.
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