Décomposer le prix final d'un produit acheté en grande surface n'est pas une mince affaire! Tout au long de la chaîne, entre le port de départ et l'arrivée dans la grande surface, chacun prend un petit peu de sous... D'autant qu'il existe souvent une autre chaîne, tout aussi compliquée, entre le producteur initial et le port français.
On ressent donc un vague malaise, compréhensif, lorsque l'on fait face à la marchandise qui trône sur son étagère : on a l'impression de ne pas payer les produits à leur véritable valeur. Forcément, puisque, parfois, la marge du magasin, pour ne prendre qu'elle, est supérieure à la valeur initiale du produit!
Entre les intermédiaires qui transportent, qui taxent, qui chargent, qui déchargent ou qui assurent les marchandises, une simple bouteille d'eau voit son prix presque tripler entre le port et le magasin. Dans ce cas précis, la grande distribution n'est pas la coupable idéale puisqu'elle ne prend qu'une marge infime sur le produit.
Ce n'est évidemment pas le cas pour tous les produits. Sur un paquet de coquillettes, dont le prix quadruple entre le port de chargement et la grande surface, la grande surface prend une marge plus généreuse ( 29%). Et les marges les plus élevées sont souvent réservées au non alimentaire, ce que nous ne détaillons pas ici. Si nous nous intéressons, aujourd'hui, uniquement aux produits alimentaires, c'est parce que ce sont les produits de première nécessité qui sont en général mis en avant, notamment par les collectifs, afin d'améliorer le pouvoir d'achat.
Où sont donc les leviers qui permettraient de faire baisser globalement les prix ? Les différences bien visibles entre nos trois produits, l'eau, les coquillettes et les tomates cerises montrent qu'il n'y a pas une réponse unique à apporter mais une réponse d'experts. L'observatoire des prix, qui réunit administrations, entreprises, associations et syndicats, sous la présidence du préfet, mis en place il y a huit mois, serait donc bien utile... s'il s'y passait quelque chose.
- QUELQUES REPERES
- Fret + assurance : l'assurance est obligatoire. Elle représente quelques dixièmes de centimes pour le fret maritime à quelques centimes pour le fret aérien.
- Selon le syndicat de la distribution et des grossistes alimentaires, un container de 40 pieds, non réfrigéré, coûte environ 3000 euros (mais les prix sont négociés, librement, par chacune des enseignes). Concernant le fret aérien, le prix au kilo serait de 3,7 euro.
- Octroi de mer et octroi de mer régional : le premier est reversé aux communes (il représente 0 à 50% de la valeur du produit + fret + assurance), le second revient à la Région (à hauteur de 2,5% de la valeur du produit + fret + assurance)
- Droits de douane + droits de port + taxes diverses : les droits de douane sont versés aux douanes, uniquement pour les produits qui ne viennent pas de l'Union europénne, même s'ils y passent en transit, les droits de port sont réservés à la Chambre de commerce et d'industrie, les taxes diverses regroupent la taxe générale sur les activités polluantes, des impositions particulière comme sur l'eau ou encore le droit sur l'alcool.
- Transitaire local + débarquement : le transitaire local est en fait l'agent qui dédouane les produits. Quant au débarquement, il est assuré par les sociétés spécialisées et notamment les dockers...
- Transport terrestre + dépotage + TVA : le dépotage est le fait de décharger les marchandises dans l'entrepôt. La TVA s'élève à 2,10 ou 8,50% selon les produits.
- Tous ces frais précités constituent « les frais d'approche« . Pour ce qui concerne les produits alimentaires, en moyenne, le prix de départ se trouve multiplié par 1,5, rien qu'avec les frais d'approche, selon le syndicat de la distribution et des grossistes
- ET ENCORE...
- Du jambon sous forme de quatre tranches d'une marque de distributeur qui coûte 0,89 euro dans l'aéroport de départ coûtera en moyenne 4,11 euros dans une grande surface! Ce prix comprendra 1,53 euro de fret aérien et 1,06 euro de marge de distribution.
- Du riz Thaï en paquet : 0,62 euro au départ, 0,47 euro de frais d'approche, 0,26 euro de marge de grossiste, 0,28 euro de marge de distribution. Résultat : 1,90 euro en magasin.
La semaine dernière, nous avions donné l'exemple d'une laitue à 10 euros en rayon. Une laitue iceberg, telle qu'il en existe dans certains magasins, coûte 1,287 euro au départ de l'Hexagone. Rien que le fret aérien s'élève à 2,20 euros.
La marge des grandes surfaces est de 2,59 euros. Elle est vendue 6,99 euros en magasin.