Le Cognassier [Cydonia oblonga] [Rosacées]
Synonymes : Pomme d’or.
Le nom latin du cognassier – cydonia – est étroitement lié à son histoire même, puisque c’est suite à son introduction en Grèce que le coing s’est ensuite propagé en Europe par l’intermédiaire des Romains.
Cydonia est une transformation du nom de la ville grecque de Kydonia – actuelle La Canée, en Crète occidentale.
Mais, c’est avant tout une espèce spontanée en bordure de la mer Caspienne, au nord de l’Iran, à l’est de la Turquie…
Quoi qu’il en soit, le coing cultivé depuis plus de quatre millénaires est bien connu de la Grèce Antique : au V° siècle av. JC, Hippocrate le recommande en cas de fièvre ardente. Un peu plus tard, au Ier siècle ap. JC, un autre Grec, Dioscoride, l’indique en cas de diarrhées, ce que ne manque pas de partager son contemporain romain Pline l’Ancien qui le préconise aussi en cas de crachements sanguins, affections pour lesquelles l’usage médicinal moderne à rendu honneur.
Il a également été en faveur durant le Moyen-Âge puisque le fameux Capitulaire de Villis en recommande la culture.
Hildegarde en fait l’éloge en vertu de ses pouvoirs antidiarrhéiques au XII° siècle, alors que, dans le même temps, on met au point l’électuaire diacydonium, une purée de pulpe de coing cuite au miel et additionnée d’épices, lequel n’est autre que l’ancêtre de notre actuelle pâte de coing, sans oublier le fameux Cotignac d’Orléans dont on dit que Jeanne d’Arc se régalait…
Au-delà de ces usages médicinaux et culinaires, il est bon de considérer la valeur symbolique du coing, également appelé pomme d’or. Mais, avant d’aller plus avant, je vous propose à la lecture un extrait du Dictionnaire des Symboles de Chevalier/Gheerbrant, page 776 :
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La pomme est symboliquement utilisée en plusieurs sens apparemment distincts, mais qui, plus ou moins, se rejoignent : ce sont la pomme de Discorde attribuée par Pâris; les pommes d'or du Jardin des Hespérides, qui sont des fruits d'immortalité ; la pomme consommée par Adam et Ève ; la pomme du Cantique des Cantiques qui figure, enseigne Origène, la fécondité du Verbe divin, sa saveur et son odeur. Il s'agit donc, en toutes circonstances, d'un moyen de connaissance, mais qui est tantôt le fruit de l'Arbre de Vie, tantôt celui de l'arbre de la Science du bien et du mal : connaissance unitive conférant l'immortalité ou connaissance distinctive provoquant la chute. Alchimiquement, la pomme d'or est un symbole du soufre.
Le symbolisme de l’homme lui vient, affirme l'abbé E. Bertrand, de ce qu'elle contient en son milieu, formée par les alvéoles qui renferment les pépins, une étoile à cinq branches. C'est pour cela que les initiés en ont fait le fruit de la connaissance et de la liberté. Et donc, manger la pomme, cela signifiait pour eux abuser de son intelligence pour connaître le mal, de sa sensibilité pour le désirer, de sa liberté pour le faire. Mais comme il est toujours arrivé, la foule du vulgaire a pris le symbole pour la réalité. L'enclosement du pentagramme, symbole de l'homme-esprit, à l’intérieur de la chair de la pomme symbolise, en outre, l’involution de l’esprit dans la matière charnelle […] La pomme, même de nos jours […] est le symbole imagé de la connaissance, car, coupée en deux (dans le sens perpendiculaire à l’axe du pédoncule), nous y trouvons un pentagramme, traditionnel symbole du savoir, dessiné par la disposition même des pépins… |
Est-ce tout à fait un hasard si le coing est considéré comme fruit d’Aphrodite en Grèce Antique ? Et que les jeunes mariées le consommaient avant de pénétrer dans la chambre nuptiale ?
De là à dire d’emblée que le coing n’est autre que la pomme d’or du jardin des Hespérides, il n’y a qu’un pas, je vous l’accorde.
Ceci dit, en creusant un peu, on peut se rendre compte de certaines choses troublantes. Tout d’abord, il suffit de couper transversalement un coing [1] en deux pour constater que son centre contient un pentagramme dessiné par la position des pépins, comme c’est également le cas de la pomme [2] :
[1] [2]
C’est un peu mince, je l’avoue. C’est pourquoi je poursuis d’autant plus que la Nature n’est pas avare de pentagrammes végétaux.
Comment imaginer que les Grecs firent du coing le fruit du mariage tant il est quasiment immangeable à l’état cru, contrairement à la pomme ? Le coing est-il la pomme d’or de l’éternel désir ou bien la pomme d’or de l’éternelle discorde ?
Citation: |
Elle contient en son milieu, formée par les alvéoles qui renferment les pépins, une étoile à cinq branches. C'est pour cela que les initiés en ont fait le fruit de la connaissance et de la liberté. Et donc, manger la pomme, cela signifiait pour eux abuser de son intelligence pour connaître le mal, de sa sensibilité pour le désirer, de sa liberté pour le faire. |
Cru, le coing est acide, râpeux et âcre malgré son odeur délicieusement aromatique et épicée. Est-ce là la tentation ? Pour rendre comestible le coing, il faut le cuisiner, le cuire, lui adjoindre d’autres ingrédients. De la même façon, une connaissance brute peut être elle-même âcre et acide. Et doit subir une transformation dans l’être même.
Le fruit croqué par Adam et Eve était-il un coing cru dont la consommation expliquerait la « chute » ?
Aucune connaissance n’étant immédiate, est-ce là une façon de nous faire prendre conscience à travers la valeur symbolique du coing que la connaissance se distille à l’intérieur de l’athanor humain ?!!!
Beaucoup de légendes et de superstitions tournent autour de l’aspect protecteur du coing, en particulier en faveur du couple. Plutarque dira de la mariée grecque qu’elle « croquait une tranche de coing pour parfumer son premier baiser. » Rappelons-nous Héra qui fit de même, ce qui contenta tant Zeus que ce dernier fit garder par les Hespérides le verger aux pommes d’or.
Héra mangea-t-elle une tranche de coing cru ? C’est tout à fait possible, malgré la saveur âcre et acide généralement associée au coing et dont nous avons parlé plus haut. Seulement… Il faut savoir qu’il est comestible ou non cru en fonction de son aire de culture. Plus il pousse sous climat chaud, plus il devient tendre et juteux, et donc consommable cru. En revanche, un cognassier poussant sous nos latitudes ne se verra pas doté d’un tel privilège : il restera râpeux et désagréablement astringent. Or, Héra n’était point fille du Nord… Et je doute fort qu’elle se soit concoctée une petite compote de coing avant d’embrasser Zeus
Alors, il est tout à fait possible que les pommes du jardin des Hespérides soient en réalité des coings que l’on nomme également pommes de Kydonia…
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S’il aime l’humidité et les sols frais, il lui faut donc de la chaleur à ce petit arbre caducifolié au branchage tortueux qui ne supporte pas la taille !
Ses jeunes pousses et jeunes feuilles sont velues. Par la suite, les feuilles se développent : elles deviennent ovales, vert foncé au-dessus et laineuses sur la face opposée.
Aux mois de mai et juin, de jolies et grandes fleurs solitaires aux bouts des rameaux déploient leurs cinq pétales blancs veinés de rose pâle, et donneront naissance aux coings, fruits d’automne veloutés et jaune d’or.
Le cognassier en thérapie :
1/Parties utilisées :
*Fruit
*Pépins
*Feuilles
*Racine
2/Principes actifs :
*Tannins
*Pectines
*Acides organiques
*Mucilages
3/Propriétés médicinales :
*Astringent
*Tonique
*Laxatif
*Antidiarrhéique
*Adoucissant
*Emollient
4/Usages :
*Diarrhées [chez l’enfant, le vieillard, le tuberculeux, le convalescent]
*Affections de la bouche et de gencives : aphtes, gingivites
*Maux de gorge
*Crachement de sang
*Hémorroïdes
*Gerçures des lèvres et des mamelons, engelures
*Eczéma
*Brûlures
*Conjonctivites
Décoction : comptez un joli coing entier découpé en tranches fines. Faites le bouillir dans un litre d’eau jusqu’à ce que le volume ait diminué de moitié. Ajoutez 50 g de sucre en cours de cuisson.
Variante : remplacez l’eau par du vin, cela rendra cette décoction d’autant plus astringente, du fait des tannins contenus dans le vin rouge.
Préconisée en cas de diarrhées rebelles.
Macération : comptez une cuillérée à soupe de pépins de coing pour le volume d’un verre d’eau. Placez les pépins dans le verre, couvrez d’eau. On obtient une émulsion émolliente et adoucissante du fait de la présence de mucilages.
S’utilisera en lotion, compresses… en cas d’irritations de la peau, sécheresse cutanée, dartres, etc.
Attention : il faut conserver aux pépins leur tégument [leur « peau »], car l’intérieur des pépins, c’est-à-dire l’amande, contient un hétéroside cyanogénétique susceptible de devenir toxique par hydrolyse. Utilisez donc rigoureusement des pépins non pelés.
5/Contre-indications, remarques et autres usages :
*Elixir floral à base de fleurs de cognassier : vise à équilibrer la féminité [vie active/vie familiale]. Conseillé aux femmes qui élèvent seules leurs enfants.
*Comestible, le coing est utilisé pour confectionner confitures, gelées, pâtes de fruits, tartes et gâteaux, liqueurs, etc. Au Maroc, il accompagne parfois certains plats de viande.
Quant aux fleurs, elles peuvent être confites au sucre, préparées en gelée à l’instar des pétales de rose, et permettent de décorer joliment une assiette.
*On distingue diverses variétés : coing maliforme [en forme de pomme], coing piriforme [en forme de poire], coing du Portugal [généralement, de très gros fruits], etc. |
J'aime beaucoup le coing aussi j'en fais des gelées et cette année j'ai fait du cotignac qui était paraît-il ma friandise préférée de françois Ier Avec Jeanne d'Arc ça lui fait 2 belles références A bientôt