"La médecine chinoise est une science très ancienne,
entame Michel Deydier-Bastide, médecin traditionnel chinois officiant
en occident. Elle considère que l'être humain doit être
accordé à l'environnement aussi bien qu'à lui-même.
De même, l'individu est un tout corps-esprit, il n'y a pas de
frontière entre les deux."
|
|
Le Yin Yang n'est pas qu'un symbole noir et blanc, c'est
aussi la traduction de deux courants qui, équilibrés, donnent
naissance au Qi. © Getty Images
|
|
Et pour ce faire, la médecine chinoise se base sur le principe aujourd'hui
mondialement connu du Yin et du Yang. Mais qu'est-ce donc, si ce n'est un
symbole incrustant du noir dans du blanc et inversement ? "Ce sont
les deux principes de l'énergie. Ils sont opposés et se complètent",
explique Michel Deydier-Bastide. La liaison des deux permet la formation
de l'énergie : c'est le Qi. "C'est un système
médical à part entière, au même titre que la médecine
occidentale, complète Philippe Sionneau, autre spécialiste
très réputé en occident. Pour être en bonne santé,
il faut qu'il y ait un bon équilibre entre notre Yin et notre Yang.
S'il y a déséquilibre, il y a risque de pathologie."
Autre principe fondateur de la discipline : les cinq mouvements. "Nous
considérons qu'il y a cinq grandes natures, qui caractérisent
l'ensemble des phénomènes de l'univers et de l'être humain,
précise Philippe Sionneau. Ces cinq mouvements (appelés généralement
5 éléments, à tort) sont représentés par
l'eau, le bois, le feu, la terre et le métal. Ils correspondent à
cinq types de dynamismes, de natures, de qualités qui servent à étudier les
caractéristiques spécifiques de toutes manifestations ainsi que leurs interactions
entre elles."
A chaque mouvement correspond un ensemble d'éléments : saisons,
énergies, organes, sens, sentiments, etc.
|
|
Cinq mouvements définiraient l'ensemble de la
nature, selon les principes de la médecine chinoise.
© Getty Images
|
|
» Le mouvement bois regroupe le
printemps, le vent, le foie, la vésicule biliaire, les yeux et la
colère.
» Le feu représente à
la fois l'été, la chaleur, le cœur, l'intestin grêle,
la langue et la joie.
» La terre, c'est la fin de l'été
mais aussi l'humidité, la rate, l'estomac, la bouche et les soucis.
» Le métal représente
à la fois l'automne, la sécheresse, le poumon, le gros intestin,
le nez et la tristesse.
» Enfin l'eau est synonyme d'hiver,
de froid, de reins, de vessie, d'oreilles et de peur.
Et ainsi de suite : tout élément est classifiable dans l'un
de ces cinq mouvements. Un bon équilibre entre ces cinq forces est
gage de bonne santé. Tous les symptômes présentés
par la personne malade seront donc analysés à la lumière
de ces principes. Vous l'aurez compris, la médecine chinoise, qui
puiserait ses racines plusieurs siècles avant Jésus-Christ,
repose sur des méthodes naturelles et ne s'appuie pas sur les examens
scientifiques classiques propres à la médecine occidentale.
quelques travaux tendent à prouver que la médecine
chinoise peut constituer un complément tout à fait actif à
la médecine occidentale. L'une de ces études a été
réalisée en pleine épidémie de Sras, le célèbre
syndrome respiratoire aigu sévère, qui a sévi en Chine
au printemps 2003. Deux équipes ont travaillé, l'une employant
uniquement la médecine occidentale, l'autre l'alliant à la
médecine traditionnelle chinoise. Dans le premier groupe, le taux
de mortalité s'est élevé à 12,5 %, contre
7,8 % dans le second groupe.
Contre les lombalgies
Très intéressante également, cette étude menée
par des chercheurs autrichiens. Quelque
320 patients souffrant de lombalgies
ont été répartis en deux groupes : l'un a reçu
un emplâtre placebo tandis que l'autre a reçu un emplâtre
à base de piment, issu de la pharmacopée chinoise. Personne,
ni des patients ni des médecins, ne savait qui avec reçu le
médicament actif. Les résultats sont parlants : après
trois semaines de traitement, l'intensité de la douleur a diminué
de 42 % pour les patients recevant le médicament chinois, contre 31
% pour ceux recevant le placebo. Le jugement des médecins est révélateur
lui aussi : 74 % trouvent le médicament d'une efficacité excellente
ou bonne, contre 36 % pour le placebo. Même écho du côté
des patients : 82 % disent avoir vu leur situation s'améliorer avec
le médicament, seulement 50 % avec le placebo. Des confirmations qui
donnent à la médecine chinoise un crédit dont d'autres
médecines douces ne bénéficient pas.