On dit qu' après la pluie le beau temps revient toujours alors j' attends...

Pas assez dormi, mal partout ( déjà pris 2 propofan ) et le moral qui redescend...

Je gamberge le soir venu ( et même la journée d 'ailleurs... ) et ma gaieté s 'échappe en un nuage de fumée.

J' ai honte... honte de la situation dans laquelle je me trouve. Je suis responsable de tout ce qui m' arrive. J' ai donné à mon employeur depuis toutes ces années le moyen de me torturer.

Je m' explique... le jour où j' ai eu mon accident ( crise convulsive avec perte de connaissance et réanimation lourde sur place ) devant tout le personnel médical, paramédical et administratif de la clinique où je bosse ( car je venais prendre mon déjeuner avec une élève infirmière à la cafet et à l' heure de pointe ), j' ai signé mon arrêt de mort professionnel. Depuis ce jour, le handicap a envahi ma vie, tout doucement, sans faire de bruit et surtout sans être vu... Je ressemble à n' importe laquelle d 'entre vous mais à l' intérieur les dégats sont dramatiques et irréversibles. S' en sont suivis des lésions provoquées petit à petit par mon travail ( à l' époque j' étais infirmière en chir ortho avec 98% de personnes âgées grabataires... ) et des arrêts successifs pour tendinites, périarthrite et capsulite de l' épaule détruite lors de l' accident. Depuis, ils m' ont dans le colimateur, ont toujours refusé les demandes de changement de service faites par le médecin du travail et s' étonnent de m' avoir si peu vue au boulot alors que, jour après jour, je me faisais toujours un peu plus mal.

L' absentéisme étant un sujet très actuel, je fais partie des adultes actifs traqués par l' administration, sa philosophie étant " marche ou crève ". Et comme je n' avance plus... j' ai peur de tout , tout le temps et je culpabilise.

Alors, quand des soucis moins graves se sont greffés à ce problème professionnel, ( la maladie de ma maman notamment  ) ça a fait boule de neige et j' en suis là aujourd 'hui... pétrifiée par la honte, par le sentiment d 'être mal jugée et donc critiquée pour ce que je ne suis pas en réalité car mon métier c 'est ma passion. Je suis née pour m' occuper des autres, pour les soulager ou les accompagner. Je n' aurais rien pu faire d' autre. Déjà, à 10 ans, ma maman m' achetai le magazine "parents" que je dévorais ( oui à l' époque je rêvais d' être sage femme, pas infirmière, mais je ne suis pas assez scientifique et j' ai râté le concours... ) et j' ai dirigé ma scolarité, depuis le lycée, vers le but que je m' étais fixé.

Voilà ma vie... J' ai tout pour être heureuse, je sais... mais les "attaques" me détruisent lentement et sans que je puisse me défendre puisque c' est de ma faute...