Par deux décrets publiés au Journal
officiel du 1er juillet 2008, le gouvernement a accompagné la fusion
des RG avec la DST d'une redoutable extension du fichage politico-policier des
citoyens.
Le nouveau fichier, dit EDVIGE, mélange les
personnes considérées par un policier comme « susceptibles de porter
atteinte à lordre public » avec les militants associatifs, syndicaux ou
politiques et en général tout citoyen sur lequel le gouvernement souhaite en
savoir davantage : il s'incère en cela dans la tradition française d'utilisation
politicienne de la police.
Mais avec EDVIGE, il ne sagit plus, comme
avec le STIC, de ficher les auteurs d'« infractions constatées »,
mais, comme pour la rétention de sûreté, de cibler ceux que l'on étiquette
davance comme de futurs délinquants hypothétiques. Le soupçon préventif suffit
à justifier le fichage.
Et il y a pire : désormais vont
pouvoir être eux aussi « tracés » comme futurs délinquants présumés
les enfants, dès l'âge de treize ans, que les policiers considèrent comme
potentiellement dangereux.
La ministre de l'Intérieur a prétendu se
justifier en invoquant l'âge auquel des sanctions pénales sont désormais
possibles, argument qu'à balayé la CNIL en faisant observer que ce fichier
« ne revêt aucune finalité de police judiciaire ». Mais
cela na pas arrêté le gouvernement
un seul instant : poursuites pénales et fichage policier préventif sont
devenus une seule et même mission dans lesprit des gouvernants français. La
séparation des pouvoirs progresse à pas de géants
.
Dirigeables équipés de caméras
surpuissantes pour filmer les banlieues, prison préventive à vie après la fin de
l'exécution dune
peine, extension massive des fichiers d'empreintes génétiques,
et à présent fichage d'enfants de treize ans désignés d'avance comme futurs
repris de justice : le contrôle social tient lieu de politique sociale, et
le « plan Marshall » annoncé se transforme en « plan
Orwell ».