A Meudon, les gentilshommes jouaient aussi le soir. Il était 3 heures du matin, Monseigneur le Dauphin était parti se coucher. M. le prince de Conti et le Grand-Prieur, frère du duc de Vendôme, jouaient aux cartes, bien qu'ils ne s'aimaient pas de manière ostensible. Un coup éclata. M. le prince de Conti tenait un as entre ses doigts :

• « Qu'est-ce que c'est que cette corne ? ». Le Grand-Prieur le prit de haut :

• « Vous avez toujours peur de perdre , enfin nous jouons pas pour un royaume comme la Pologne, cher prince » dit-il perfidement.

L'allusion était perfide car, au moment où près à être couronner roi de Pologne, le prince de Conti avait été chassé de ce pays. Celui-ci ne laissa pas là l'estocade, il se fâcha :

• « Vous exercez mieux vos bravades aux cartes qu'à la guerre ! Le sang du téméraire n'est-il pas dans vos veines ?». Le prince de Conti touchait en botte là la bâtardise des duc de Vendôme qui étaient descendant de Henri IV et de Gabrielle d'Estrée. Le Grand-Prieur rougit et s'emporta :

• « Ce n'est pas parce que vous êtes prince de sang ! Nous sommes aussi de sang royal ! », et se faisant il lui jeta les cartes au visage, et la main sur son épée, il hurla : « Je ne me sauverai pas sauver comme un pleutre de Pologne, moi, où personne ne voulait de vous ni comme roi ni comme valet. Bouffon que vous êtes ! Réparons cela sur le champ ! ». Le prince de Conti lui sourit dédaigneusement.

• « Vous me manquez de respect, nous ne somme pas du même rang ! Cependant nous pourrions mettre cela à un autre jour, mais moi je ne me promène pas avec un garde du corps », cela disant il regardait M. le duc de Vendôme, le frère du Grand-Prieur.

Monseigneur le Dauphin arriva ayant entendu les cris et le vacarme. Il était nu, débordant de graisse, dans sa robe de chambre et il avait aux pieds des mules trop petites pour lui, à pompons de duvet rose qu'il avait enfilées par inadvertance. Il dissipa le conflit :

• « Mon cousin vous ne devez pas insulter un prince de sang. M. de Gesvres allez prévenir Sa Majesté » et s'adressant aux belliqueux :

• « Le duel est interdit. Vous irez pour cela à la Bastille. Vous ferez vos excuses au prince de Conti, M. le Grand-Prieur ! »

Chacun s'interrompit furieux. Le prince de Conti s'esquiva précipitamment. Le Grand-Prieur et le duc de Vendôme l'esprit plus mutin se donnaient la révérence à l'embrasure d'une porte quand soudain le duc de Vendôme lacha un vent discret, le Grand-Prieur qui prisait lui dit :

• « Mon frère, vous baritonnez du cul !

• Mon frère, vous pétunez du nez ! »

Et ils partirent d'un franc rire en se regardant.

Cependant le Roi fut averti, il dut sévir, enfin il envoya pour trois jours le Grand-Prieur à la Bastille.