Journée fériée pour nous, celle de l'abolition de l'esclavage.
La fête réunionnaise du 20 décembre s’impose comme un rendez-vous incontournable pour rendre hommage à la mémoire des esclaves et célébrer la liberté retrouvée. Chaque année, toute La Réunion revit cette commémoration historique à travers de nombreuses manifestations culturelles, dont le célèbre Kabar (bal) organisé la veille au soir au rythme du son péi Maloya, Sega,… D’autres animations, notamment des concerts, expositions, ateliers ou défilés sont également organisées dans les quatre coins de l’île.
Rappel historique de la Fête du 20 décembre 1848
Cette fête a vu le jour en souvenir de l’abolition de l’esclavage sur l’île de La Réunion, qui était à l’époque en grande partie peuplée d’esclaves importés pour travailler dans les plantations de café et de canne à sucre. Une traite d’esclavage orchestrée pour la première fois par la Compagnie des Indes Françaises en 1725.
En 1789, l’Assemblée générale proclame la première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avec son célèbre article : " Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ", mais ce traité n’a pas eu d’écho à La Réunion.
En 1794, la convention issue de la révolution française abolit l’esclavage pour toutes les dépendances de la France, mais les commissaires de la République envoyés sur l’île en 1796 pour faire appliquer cette loi, ont été renvoyés de force à la mer. Là encore, la loi est restée lettre morte sur l’île. En 1802, Napoléon rétablit l’esclavage et la traite à la demande de Joséphine, une créole des Antilles.
En 1810, La Réunion est annexée par les Anglais. Les colons ont mis fin à la traite des esclaves mais ont maintenu l’esclavage en place. Quand la France a racheté La Réunion en 1814, elle a signé un traité interdisant toute traite des esclaves. Sur le papier, la traite était abolie en 1815, mais sur le terrain la pratique de l’esclavage continuait de plus belle. En 1818, l’île de La Réunion comptait 16 400 Blancs, 3 496 affranchis et quelque 70 000 esclaves.
Il a fallu attendre 1848 pour que l’émancipation totale des esclaves devienne réalité dans l’île. Deux principaux acteurs ont œuvré et permis l’abolition définitive de l’esclavage à La Réunion, entre autres le sous-secrétaire d’État à la Marine chargé des colonies, Victor Schoelcher (1804-1893) et le receveur général des Finances, Joseph-Napoléon Sarda-Garriga (1808-1877).
Victor Schoelcher, d’origine alsacienne, a fait adopter le décret abolissant l’esclavage le 27 avril 1848. Alors qu’il était à l’époque membre du gouvernement (provisoire), il désigna le receveur général des Finances, Joseph-Napoléon Sarda-Garriga pour occuper le poste de commissaire général de la République à La Réunion, appelée à l’époque l’île Bourbon.
Sarda-Garriga a pris ses fonctions le 13 octobre 1848, il fut chargé de préparer l’abolition effective de l’esclavage. L’Assemblée coloniale lui demanda de reporter l’application du décret à la fin de la campagne sucrière, mais Sarda-Garriga refusa, promulgua le décret le 19 octobre, et fixa au 20 décembre la date de l’émancipation de tous esclaves sur le territoire réunionnais. Lors de la proclamation officielle de la fin de l’esclavage, plus de la moitié de la population (55 %) recouvrèrent la liberté, soit 60 318 habitants sur 108 829.
Aujourd’hui encore, ce fait historique reste gravé dans l’histoire de La Réunion et dans la mémoire des Réunionnais. Si auparavant, la commémoration de la fête La Fête Kaf était l’apanage des Cafres (les Noirs descendants d’anciens esclaves), des Malgaches, des Comoriens, des Indiens, cette date anniversaire est également célébrée par les yabs (les petits blancs des Hauts), ainsi que les zoreils (les métropolitains).
De Saint-Denis à Saint-Paul, en passant par Saint-Pierre, la fête de la liberté est célébrée un peu partout sur le département.