ENFANT   BOUVIER

     Les enfants sudistes de l’ethnie  sara, plus communément appelés « enfants bouviers »  sont engagés comme berger par les éleveurs arabes.  Le contrat tacite est conclu entre parents et éleveurs, les enfants étant mineurs. Contre 10.000 Fcfa, soit 100 Francs de nos anciens francs et la promesse de deux bœufs remis à l’issue d’un périple éprouvant pouvant aller de six mois à deux ans, ils auront à parcourir des milliers de kilomètres à pied pour atteindre les frontières du Cameroun et de la Centrafrique, à l’extrême sud du Tchad.

     Des centaines d’enfants de moins de 18 ans sont devenus gardiens de bétail des éleveurs venus s’installer dans la zone méridionale du Tchad. L’austérité du désert a poussé ces derniers à rechercher de nouveaux pâturages dans le sud.

     Pour manger ils doivent se contenter de fruits sauvages et partager avec leurs bœufs les eaux insalubres des mares et des marigots. Ils dorment la nuit à même le sol avec les bêtes.

     Leur alimentation journalière est constituée d’un peu de pâte de mil et du lait caillé. Certains employeurs refusent de les nourrir sous le prétexte qu’un esclave n’a pas le droit à la nourriture. Ils estiment qu’ils ont  « acheté »  le bouvier et qu’ils n’ont pas à engager de dépenses pour eux.

     Si par malheur, le pauvre petit, tombe malade il n’a plus qu’à serrer des dents, son « maître »  ne lui accordera aucune attention.

     A bout de forces certains s’échappent en abandonnant le troupeau. Malheureusement ils sont très vite rattrapés par les éleveurs. Pour échapper à leur sort les chances sont minces pour le petit bouvier. Parfois les parents acceptent de reprendre leurs enfants. D’autres ne peuvent car ils devront rembourser l’argent reçu et les dommages et intérêts qu’exige l’éleveur devant les autorités administratives

     Les associations des droits de l’homme se sont penchés sur ce problème. Les enfants bouviers sont considérés comme des apprentis rémunérés par les éleveurs arabes et jouant un rôle important dans l’atténuation des conflits agriculteurs sara et éleveurs arabe. C’est possible le monde évolue. Cependant des articles parus dans la presse  locale me laisse perplexe suite à cette lecture dont je vous livre un passage :

« … Mon patron me dit de laisser les bœufs manger les épis de mil dans les champs, raconte Zazouli (son vrai nom est Firmin, il a 9 ans), j’ai refusé parce que le cultivateur a souffert pour faire son champ. Mon patron fouille dans la bouse de bœufs pour voir s’il y a du mil »

      Pour n’avoir pas obéi l’enfant a été très sévèrement châtié. Il a été ligoté, les mains derrière le dos est reçu des coups de férules.