( Photo Internet, un bororo maquillé pour la Fête des Pluies  -  Photo du profil aquarelle de notre ami Gérard Leclaire)

               Il y a quelques années  intriguée par des sons lointains qui duraient jusque tard dans la nuit et sur plusieurs jours m’empêchant de trouver le sommeil, j’interrogeais notre employé qui me répondit que j’entendais les bruits de la fête des bororos qui chantaient au son des tams-tams et de la flûte. Madame ces gens sont des hors la loi qui se marient la nuit pendant la saison des pluies malgré les interdictions du gouvernement.

              Curieuse je cherchais un peu plus loin … J’appris alors que me parvenaient les échos de la fête des pluies organisée par les nomades Bororos. Cette manifestation dure six jours et six nuits pour le grand rassemblement annuel de tous les nomades pasteurs pour célébrer la fête de la pluie, la "Gerewol".

              Les Bororos appelés aussi Foulbés, ou Wadabé, sont perpétuellement en déplacement dans les zones subsahariennes et sahélienne. C'est un peuple vivant hors de toute influence étrangère, aux croyances encore animistes qui survit à l’ancien matriarcat malgré l’islam.
              Leurs zébus aux longues cornes en forme de lyre sont leur seul bien, leur seule richesse. Ils vivent de troc.
              Les Bororos sont réputés pour leur beauté, le visage est ovale, le teint clair et les traits fins, le nez est mince et les dents blanches régulières.

              Cette fête nommée la Gerewol est très attendue des jeunes gens.

           A cette occasion chaque clan familial représenté par ses plus beaux danseurs, s’affronte dans un concours de beauté pour hommes. Le jury est constitué uniquement de filles de la tribu choisies parmi les plus belles.

          Les danseurs arborent des colliers de perles, de coquillages, d’amulettes, le tout devant faire un maximum de bruit. Sur le front ils se parent d' une plume d’autruche.

          Ils s’enduisent le visage de beurre de karité mélangé à de l’ocre. Les yeux doivent être écarquillés pour mieux faire ressortir le blanc de l’œil, les sourcils et les lèvres sont soulignés au charbon. Le nez pour l’allonger est dessiné d’un trait jaune.

          Ces rudes pasteurs parés d’un pagne de femme se doivent de féminiser leur beauté pour la danse de la séduction.

          Les femmes ne sont pas en reste et se font belles pour participer aux rites de la séduction car après la danse aura lieu les échanges amoureux. Elles sont pour cette occasion parées de leurs plus beaux atours, multipliant les bracelets à leurs poignets. qu'elles font cliqueter pour attirer l'attention. Les bijoux ont été bien astiqués dans de la boue et du sable.

          C’est après la danse qu’elles choisiront celui qui pour une nuit ou pour la vie partagera leur couche.

          Les femmes mariées font preuve de grande liberté de choix et il leur arrive de disparaître avec un beau danseur.

          Les Wodaabe (autre nom des Bororos) sont des monogames « successifs » avec nombreux divorces ou séparations. Le concubinage est interdit et rapidement scellé par un teegal « épousailles ». Chez les Wodaabes, la mariée reste avec son mari jusqu’à ce qu’elle soit enceinte, retournant alors chez sa mère, où elle reste pendant 3 à 4 ans. Elle donne naissance à l’enfant chez sa mère et devient alors une boofeydo ce qui signifie littéralement, « quelqu’un qui a fait une erreur ».

PS/ Ne pas confondre les Bororos du Tchad avec les Mbororos d'Amazonie !