C’est au XIXème siècle, avec l’arrivée du train, « le Paris-Brest » que  les massacres commencèrent sur l’île Rouzic. Pendant des années le train a déversé des cohortes de chasseurs qui provoquèrent des ravages dans les populations d'oiseaux des Sept-Îles. Des ravages tels que certains s'en émurent au point de mobiliser la toute jeune Ligue pour la protection des oiseaux qui réussit à mettre fin à ces tueries. Mais il s'en était fallu de peu.
        En 1885, pour ouvrir la voie au tourisme des affiches étaient placardées dans les gares pour vanter les attraits de la côte.
 Perros-Guirec met en avant deux distractions : « la pêche à la crevette et la chasse aux oiseaux de mer (calculots, perroquets de mer terrant comme les lapins) ».

      Les gens du pays s'étaient aperçus d'une diminution dramatique de la colonie, des chiffres furent avancés : de 20 000, elle était passée à 2 000.
 
      Les pêcheurs appréciaient les oiseaux marins ; ils leur servaient d'indicateur. Charles Barré, un homme de loi de Lannion dénonce cette tuerie :
 
 « C'est du port de Ploumanac'h que partent, vers les mois de juin et de juillet, de joyeuses équipes de chasseurs allant en expédition contre les calculots (perroquets bretons). On peut voir alors de bon matin ces nemrods, armés de fusils et munis de cartouches, chargés de provisions pour quatre jours au moins, prendre d'assaut quelques barques louées d'avance et, toutes voiles dehors, filer au large en chantant les couplets en vogue de Yann Nibor, de Botrel ou des cafés concerts de la Butte. »

         En juin 1911, de retour d'une excursion sur l'île Rouzic, le lieutenant Hémeury, un passionné d'ornithologie, écrit au directeur du Muséum de Nantes. Le constat est désastreux :

« Une déception nous attend, la colonie a été décimée, l'île offre l'aspect d'un champ de carnage ; au bord des trous où nichaient des mouches de cadavres, des silpha, une odeur infecte. » Le sol est jonché de douilles, huit jours auparavant deux ou trois Parisiens débarquèrent avec une caisse de soixante kilogrammes de cartouches.

  Le scientifique extrait des trous des poussins morts, des œufs pourris, abandonnés. Il estime qu'à ce rythme, la colonie de macareux aura complètement disparu, dans trois ou quatre ans.
 

          Une poignée d'amoureux de la nature s'émeut de ce verdict et obtient que la chasse des oiseaux soit officiellement interdite sur l'archipel. La première réserve ornithologique privée est créée cette même année sous le nom de Site naturel protégé, qui devient en 1976 Réserve Naturelle.

         Après l’arrêt de ces massacres l’archipel des 7 iles a pu se repeupler attirant bien d’autres espèces : pingouin torda, guillemot de Troïl, fou de Bassan, puffin des Anglais, phoque gris...

       Si vous passez dans les Côtes d’Armor je vous conseille la visite de l’archipel des 7 îles. Le spectacle est impressionnant. Voiliers ou vedettes vous attendent à Perros-Guirec pour l’observation des oiseaux de mer et pour admirer la Côte de Granit Rose.
      L’île Rouzic et son impressionnante colonie de fous de Bassan, l’île Malban, les Costans, l’île Bono, l’île plate, l’île aux Moines reconnaissable par son phare, son fort Vauban, et le Cerf constituent l’archipel des Sept-Iles qui est la plus grande réserve française d’oiseaux marins.