Au Tchad, les femmes victimes de la fistule obstétricale, meurtries par la maternité et rejetées par leurs proches, reprennent espoir et vie. Depuis deux ans  une simple opération a pu mettre fin à leur calvaire. Le taux de guérison est de  90 %. 

                Dans de nombreux pays d’Afrique, les filles continuent d’être mariées trop jeunes, parfois même à partir de leur dixième anniversaire. Ainsi, lorsqu’elles tombent enceintes, leur bassin est insuffisamment formé et trop étroit pour permettre le passage de l’enfant. Elles sont alors victimes de la fistule.

                Une fistule est une communication anormale entre l'appareil génital et l'appareil urinaire de la femme. Ainsi, les urines sont détournées de leur voie d'écoulement normale de miction et coulent en permanence par la voie génitale. La fistule intervient pendant l'accouchement, ou après une opération chirurgicale.

                Les effets sont souvent dévastateurs: le bébé meurt dans la plupart des cas et la femme souffre d'une incontinence chronique. Elle est incapable de contrôler l'écoulement de l'urine ou l'excrétion des matières fécales. Une odeur insupportable et les mouches les accompagnent.

                La fistule constitue réellement une tragédie à de nombreux égards. En plus de leurs lésions physiques, ces femmes en viennent souvent à connaître de graves problèmes sociaux dont le divorce. Elles sont rejetées par leurs maris, par leurs familles et par toute la société. Elles sont tenues à l'écart de toutes les activités, même religieuses. Encore mal connue, la fistule est une pathologie honteuse. Elle signifie souvent « incontinence et isolement » pour ces femmes déchirées dans leur intimité. 

« La fistule est perçue comme une sanction », reconnaît le gynécologue Jacques Milliez. « La tradition veut qu’une femme qui a du mal à accoucher soit soupçonnée de tous les maux. On se dit qu’elle a sûrement mal agi dans son couple et qu’elle est punie pour cela ».

                Les femmes qui vivent dans les zones rurales sont les plus exposées. Jeunes, pauvres et illettrées, elles ont un accès limité aux soins médicaux. Beaucoup d'entre elles n'ont pas recours aux services de traitement, soit parce qu'elles ne savent pas que la fistule peut être guérie, soit parce qu'elles ne peuvent pas honorer le coût de l'opération.

                Une fois opérée, trois semaines après l'ablation de la sonde, la patiente rentre chez elle si elle est domiciliée dans la capitale. Sinon, elle est gardée au Centre pendant la convalescence où son alimentation est assurée jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle, munie d'une note du Centre qui lui permet d'être suivie dans son milieu d'origine. Les malades devront suivre une contraception, souvent acceptée par les patientes, puisque la grossesse n'est pas la bienvenue avant quatre années. ??? Des conseils leur seront prodigués pour que les malades retrouvent leur féminité et surtout qu’elles ne soient pas désorientées quand elles regagneront leur milieu d’origine.

                J’ai accompagné une amie  animatrice dans les campagnes pour prévenir la fistule et les autres complications de l'accouchement, malheureusement je ne peux plus le faire. Le tam-tam va fonctionner et les femmes africaines seront délivrées de ce fléau appelé  «  lèpre secrète de la femme africaine ».

                 En Mauritanie,  les anciennes fistuleuses se promènent sur les marchés avec un bâton d’1,5m et lorsqu’elles croisent une femme enceinte qui est plus petite que le bâton,  elles l’orientent vers le centre de santé le plus proche, pour que sa grossesse soit convenablement suivie.

                Enfin, la Stratégie nationale a prévu sept centres de prise en charge de la fistule à travers tout le pays. Cela parait peu car le Tchad est un grand pays (1.284.000 km2) mais c’est un bon début.