Premières impressions, première journée en pays étranger
Fatiguée par le voyage et submergée d’émotions, pour la première fois de ma vie j’allais faire une petite sieste. J’avais dû bien dormir lorsque je fus réveillée par un drôle de chuchotement un ch…- ch… que je n’arrivais pas vraiment à définir, ce drôle de son était répété à intervalles réguliers, Vite, j’enfilai un peignoir et ouvris la porte et vis Felipe, l’employé de la maison, une pile de linge repassé monter l’escalier. A chaque marche, il s’arrêtait et prononçait ce drôle de chuintement. Je ne parlais pas encore un seul mot de portugais et appris par la suite qu’il me faisait savoir qu’il allait arriver en prononçant un com licença, ou plutôt sa contraction qui signifiait : excusez-moi, excusez-moi.
J’étais sidérée devant tant de respect en mon égard, mais j’étais surtout très gênée, un peu mal à l’aise. Jamais il ne nous tournait le dos et partait toujours à reculons. C’est la culture portugaise m’a-t-on dit. Je devrais faire avec et surtout m’y habituer.
Un jour, après avoir mis des feuilles et des tiges par terre alors que je venais de mettre des fleurs en vase, je pris un balai pour nettoyer. Lorsque Felipe m’a vue un balai en main, il me fit comprendre que je ne devais pas faire ce genre de chose. Je ne comprenais pas très bien ce qu’il pouvait me dire mais je vis combien il était tout retourné et que j’avais commis un sacrilège ! Même chose pour le jardinage ! Je voulais semer les graines que j’avais ramenées de France. Alors, moi, je fais quoi ?
Chaque matin, dès son arrivée Felipe nous saluait avec beaucoup de déférence et débitait toute une litanie pour nous remercier de lui avoir donné un travail et de quoi le nourrir lui et sa famille. Cela durait cinq bonnes minutes. Vraiment surprenant …
Cela devenait impératif je devais prendre des cours. Justement la Coopération française en dispensait et c’est ainsi que je me suis retrouvée sur un banc d’école avec d’autres élèves venus d’horizons divers. Je pouvais commencer à « baragouiner » avec Felipe et ensemble nous allions au marché à pied avec notre petit caddy. Même chose, impossible de porter la moindre chose et cela m’énervais car je voulais tenir en main mes fleurs. Dans la communauté blanche, j’étais la seule à aller au marché populaire, appelé le marché aux voleurs, c’était le plus proche de notre maison, à près de 2 km ! J’aime les marchés et à Maputo il y en a de très beaux. J’étais ébahie devant les étals de fruits, et légumes. Au marché aux poissons on pouvait trouver une variété incroyable de poissons, de fruits de mer à des prix dérisoires.
Seule la viande, très, très chère, manquait et lorsqu’il y avait un arrivage, tout le monde se précipitait à la boucherie et devait attendre très longtemps dans une queue interminable. Comme tout le monde, nous achetions une pièce de viande que mon mari débitait sous formes diverses et que nous congelions.
Ce qui m’a beaucoup manqué c’est la librairie qui était inexistante, il n’y avait que le journal local. Nous étions coupé des nouvelles de la France. Pas de beurre, pas de fromages, et point de pâtisserie. Nous avions des difficultés à trouver certains produits de base qui nous sont indispensables en France dans la vie courante. J’avais ramené dans des malles beaucoup de choses comme conseillé par l’Ambassade.
On doit s’accommoder, c’est tout ! Je ne me souviens pas d’avoir été privée de quoi que ce soit en matière de nourriture. Bien au contraire, j’ai un souvenir ému des camarons, ces grosses crevettes si délicieuses, les calamars, les cigales de mer et les langoustes que nous achetions souvent aux pêcheurs sur la plage.
C’est en allant au marché que j’ai pris conscience, en les traversant, de la pauvreté de certains quartiers, en opposition très nette avec les quartiers résidentiels. Quelle opposition !
De très grosses bises et bon W-end.
merci pour tout cela , nous faire réver, tu ne pourras pas partir pour de bon, ce serait pour toi comme perdre ton identité de toutes ces années passées j'attends la suite gros bisous