Blog de kasablanca
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La cuisine était vaste, la pièce était fraîche et l'ombre légère. Une petite fenêtre laissait entrer le lumière. Face à la porte d'entrée, deux imposantes cuisinières, une récente qui fonctionnait au gaz et à l'électricité, l'autre à bois sur laquelle mijotaient un odorant bouillon dans un couscoussier (qadra c'est le bas du couscoussier privé de "sa moitié" à trous) et deux tagines en terre cuite. Ici la génération cocotte-minute ne gommera pas l'ère des tagines en terre.
Sur la grande et lourde table de chêne au milieu de la pièce, Fatima roulait entre ses mains la semoule pour le couscous, découpait les citrons confits pour les tagines, enrobait de miel et des graines de sésame les tresses d'un gateau doré (chabakia).
Ma grand'mère disait "manger c'est aimer"; Il faut prendre le temps d'attendre un plat qui mijote tranquillement, savoir attendre, savoir respirer les parfums, les identifier et surtout les poser sur des souvenirs d'enfance.
Pas de cahiers de reettes, ses livres de cuisine se feuillettent dans sa mémoire, ma gran'mère très jeune s'est initiée aux méthodes culinaires. Il ne suffit pas de prendre des notes, il faut goûter, manipuler, palper, sentir. Quand on ne touche pas la matière, on ne peut pas faire la cuisine. La table de ma grand'mère est une rencontre, une scène où la vie est parsemée de gestes beaux, parce que gratuits, simples et sans discours. C'est un espace où l'amitié se forge et se renforce. Il ne faut chercher à percer tous les secrets. Une cuisson qui se décline en fiches et cartes perd son âme. Elle a besoin d'amour et de patience.
La cuisine de ma grand'mère, c'est plus qu'un témoignage. C'est un conte où l'imagination libère, où le goût se forme, où le palais se développe; où l'amour et l'amitié nous entourent de leurs émotions et de leurs rêves. La cuisine quand on vit à l'étranger c'est la dernière chose qui nous reste. Il y a la langue qui parle et la langue qui goûte.
Aujourd'hui ne risquons nous pas de troquer notre pa