5 ans ! Il aura fallu 5 ans pour que Tool nous délivre un nouvel album, Lateralus a marqué les esprits tout comme l’avait fait Salival et Aenima, la suite était plus qu’attendue. Les escapades de Maynard James Keenan au sein du populaire A Perfect Circle ou celles plus discrètes de ses acolytes avec les Melvins, Lustmord, Pigmy Love Circus et divers projets, pas forcément musicaux, laissaient planer le doute sur la possible suite de Lateralus. La horde de fan, prête à décortiquer dans les moindres détails la bête, n’en pouvait plus d’attendre, Tool nous a habitués à patienter, mais de plus en plus le manque se fait sentir du côté des fanatiques quasi religieux des 4 musiciens. Heureusement, Tool vient satisfaire ses fidèles avec 10,000 days : 11 titres pour 1H15 d’une transe quasi chamanique.
Tout comme réduire la Bible à une feuille A4, résumer cet album en une chronique est chose impossible, il sera nécessaire de passer outre moults détails, digressions, influences et théories. Dire que la musique de Tool est complexe est un doux euphémisme, les morceaux sont tous fignolés dans les moindres détails, chaque titre regorge de dizaines de facettes travaillées avec le plus grand soin ; ici rien ne semble laissé au hasard. C’est subjugué que l’on se laisse emporter dans le flot mélodieux et très souvent tumultueux de ces compositions.
Le monde que créé Tool sur ce 10,000 days ne nous est pas inconnu, on retrouve en effet bon nombre de passages qui nous rappellerons les précédents opus du groupe, et plus particulièrement Lateralus. Pourtant, au fil des écoutes (et il en faudra pour tout assimiler !), la véritable teneur de l’œuvre se dévoile ; plus tribal que Lateralus, moins aérien et parfois même quasi haineux, chaque piste est un appel à un voyage de sensation, chaque minute de cet album est un siècle d’histoire dans un monde fantastique.
Les ambiances créées transcendent les compositions déjà exceptionnelles, comme elles l’étaient sur Lateralus ; chaque membre semble uni pour créer une ode inoubliable. Et sur ce point, sur 11 de leurs créations, il n’y en a peut être qu’une (Vicarious) qui ne mérite pas toutes ces louanges, elle est juste très bonne et non exceptionnelle.
Les 4 musiciens se surpassent, chacun excelle dans sa discipline, Maynard a encore progressé (comment est ce possible ?), l’intro A Cappella de The Pot est tout simplement parfaite. Mais celui qui marquera le plus sur ces titres est l’inévitable Danny Carey (batteur) impressionnant sur l’ensemble des titres ; l’incursion de plus en plus présente de percussion (sur Roseta Stoned ou Right In Two en particulier) amène Tool dans des contrées tribales (d’ailleurs Lipan Conjuring appuie les comparaisons dans ce sens) et l’aidera à exacerber son agressivité. Evidement Adam Jones et Justin Chancellor ne sont pas en reste et se livrent à un duo où chacun semble se fondre dans les compositions de l’autre.
Tool semble former une véritable unité sur cet album ; l’alchimie parfaite ; la fusion de chaque note pour un résultat divin, le tout habillé de sons et ambiances prenantes.
Chaque titre mériterait à lui seul une chronique afin de tenter de décortiquer sa structure, parler des 1000 détails le composant ; pour ensuite pouvoir se plonger dans les paroles ; établir des théories les plus abracadabrantes les unes que les autres, en espérant peut être, au milieu de se brouhaha théosophique, s’approcher de la volonté du groupe. Mais bien plus que les autres groupes Tool amène ici avec ce 10,000 days le billet pour un voyage spirituel dont seul l’auditeur connaît la destination ; bien plus qu’une icône Tool est un guide ou, moins subtilement, l’outil pour accéder à nos rêves. En un mot : indispensable.
Bisous