Blog de fonctionnaire
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Tounens s’enfonça en effet dans la brèche que lui ouvrit le cacique (chef de clan) Quillapán, qui le présenta à ses frères comme le sauveur qui marcherait à leur tête pour repousser l’envahisseur.
Après un discours enflammé sur les bienaits de la monarchie, Tounens s’intronisa roi de Patagonie et d’Araucanie, avec l’assentiment du parterre mapuche. Il signa dans la foulée le décret d’application de la Constitution. Il nomma également des ministres (fantoches pour la plupart), frappa une monnaie, choisit ses couleurs (bleu, blanc vert horizontal), proclama une devise royale (Justice et Paix), annexa des territoires et assomma ses sujets de promesses sur la grandeur future de leur nouveau royaume.
En fait de promesses, les Mapuches attendaient surtout des armes et un chef capable de les mener à la victoire. Fort de ce premier succès, Orélie-Antoine Ier endossa alors les vestes de chef de la diplomatie, ministre de l’Économie et chargé des relations publiques. De Valparaíso, il annonça son récent avènement aux organes de presse du Chili, d’Argentine et de sa région natale. Il sollicita même le soutien de la France pour financer le développement de l’exploitation minière et agricole de son royaume, ainsi que pour ouvrir une ligne de vapeurs entre Bordeaux et l’Araucanie. Ses démarches ne suscitèrent que des commentaires sarcastiques…
Quelques mois plus tard, Tounens regagna ses terres. Les finances royales étaient exsangues, les man uvres diplomatiques n’avaient abouti à rien, mais Tounens trouva toutefois l’énergie pour rassembler ses partisans. Manifestement, il savait trouver les mots pour galvaniser ses troupes, à tel point que les autorités chiliennes commencèrent à prendre ombrage des gesticulations du trublion français. Le 5 janvier 1862, Orélie-Antoine Ier fut interpellé puis incarcéré. Dans un premier temps, il fut condamné à mort comme un simple criminel; sa peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité pour folie
repose toi, tu là bien mérité. Bonne soirée.