Mais c'est surtout comme portraitiste de la nomenklatura républicaine d'alors qu'il s'impose. A partir ou à l'imitation des clichés de Nadar ou de ses émules, parfois, son burin grave les traits des « locomotives » du XIXème siècle finissant dont la plupart comptèrent parmi ses amis. Beaucoup de messieurs arborant une ostensible et phallocratique pilosité figés dans des poses guindées ou censément avantageuses. Des militaires, des politiques, de ceux qui affectionnent les coups d'état et les expéditions coloniales comme Canrobert et Courbet, Jules Ferry…des prélats, des poètes, des écrivains, des musiciens, des hommes de sciences dont le visage nous est restitué avec minutie et précision. Maurice Rollinat, Catulle Mendés, Renan, Théodore de Banville, Emile Zola, Maupassant, Dumas fils, Huysmans, Litz, César Franck, Meissonnier, Charcot, Pasteur, Camille Flammarion, Gustave Eiffel, Raymond Poincaré, Waldeck-Rousseau …Une entreprise pour les livres d'histoire, une source iconographique inépuisable pour le dictionnaire illustré des noms propres !
Au passage, il accumule honneurs et distinctions : mention honorable de la Société nationale des Beaux-Arts en 1885, médaille de 2ème classe en 1889 et médaille de bronze à l'Exposition universelle la même année. Fait chevalier de Légion d'honneur en 1898 il obtient une nouvelle médaille de bronze à l'Exposition universelle de 1900. Pas vraiment le parcours d'un artiste maudit; ce que ne dément pas le buste sculpté par Zeitlier en 1899. Desmoulin y apparaît, rajeuni sans doute, sous l'aspect d'un personnage dont la face paisible, ornée de moustache et barbichette à la Napoléon III, ne reflète guère les affres et les tourments de la création.