Bonjour mes amis

Un jolie petite histoire en retour pour ma jolie Bretonne, mon amie du pays des Korrigans

Le procès du lierre
Le juge : La parole est à l’accusation.
Le procureur : Votre honneur, voici les faits qui sont reprochés à l’accusé : arbricide
volontaire, par la tentative de nuire à la croissance des arbres des jardins et de la forêt
et, à terme, de les étouffer. Propension à attirer toutes sortes d’insectes tels qu’abeilles,
bourdons ou guêpes susceptibles de piquer la population. Enfin, détérioration de
certains éléments du bâti par recouvrement excessif pouvant entraîner la ruine.
Le juge : Bien, entendons maintenant la plaignante : j’appelle à la barre Madame
Maréchal, propriétaire d’un jardin en banlieue.
Me Maréchal : Bonjour votre honneur. Je tiens d’abord à signaler qu’en venant ici je
me fais la porte-parole de l’association des amis de l’ordre et de la propreté au jardin !
De tous les indésirables que nous voulons à tout prix éradiquer de nos beaux jardins, le
lierre, votre honneur, est le plus tenace et le plus arrogant. Il enserre et étouffe peu à
peu les beaux arbres de nos jardins, abime nos murs lisses et en plus cache dans ses
feuilles une foule de volants et autres rampants. Il faut le mettre dehors, votre honneur,
l’expulser, l’interdire sur le territoire !
Le juge : J’appelle à la barre Monsieur Sylvestre, forestier. M. Sylvestre, qu’avez-vous
à nous dire ?
M. Sylvestre : Votre honneur, depuis quelques années mes confrères et moi-même ne
cessons de le répéter : ne coupez plus le lierre, il est très utile ! Des études très
sérieuses ont officiellement démontré son rôle positif dans l’écosystème et sachez,
votre honneur, et sachez, Me Maréchal, que les arbres ayant du lierre sur leur tronc
sont en bien meilleure santé et poussent plus vite !
Le procureur : Oh ! Sachez, M. Sylvestre qu’un faux témoignage peut vous coûter cher
.
M. Sylvestre : Votre honneur, c’est attesté scientifiquement ! Interrogez donc le lierre
lui-même.
Le juge : Eh bien, M. le lierre, expliquez-nous donc pourquoi, euh... pourquoi vous
vous accrochez donc ainsi à nos arbres !
Le lierre : Votre honneur, si je grimpe à un arbre, mon but est de trouver suffisamment
de lumière pour que mes bourgeons donnent des fleurs et pour me reproduire, tout
simplement.Je tiens aussi à préciser que si ma tige se ramifie en de nombreux endroits et donnent
l’effet trompeur d’étreinte et d’oppression de mon support, jamais je ne provoque
d’étranglement. Tout ça n’est que légende et les arbres ont toute liberté de croître
normalement. De plus, je ne suis pas un parasite, je n’ai besoin de personne pour vivre.
Mes crampons ne sont pas des suçoirs, je tire ma nourriture du sol, votre honneur !
M. Sylvestre : Je voudrais préciser...
Le juge : Oui, M. Sylvestre ?
M. Sylvestre : Je voudrais préciser qu’en tant que forestier, j’ai pu observer qu’il s’agit
même d’un des nombreux cas d’entraide que la nature sait si bien mettre en place : le
lierre apporte la fraîcheur et un compost remarquable à l’arbre. J’ajouterai qu’il est un
des éléments essentiels à la biodiversité : en forêt comme en ville, le lierre est un gîte
très recherché.
La mésange : Votre honneur, j’aimerais intervenir et corroborer ce témoignage. Je suis
la mésange et je représente le syndicat des oiseaux insectivores (rouge-gorge,
accenteur-mouchet, chouette hulotte, chevèche, étourneau, geai, grive, hibou, merle,
moineau, pigeon, pinson, roitelet, etc. la liste est longue ! Nous jouons un rôle de
régulateurs des insectes parasitaires et comme beaucoup d’autres animaux, c’est dans
le lierre que nous trouvons protection et refuge. L’air qui circule dans l’écran de
verdure qau’il forme est un microclimat qui protège des grands froids hivernaux et des
grandes chaleurs estivales, pour notre plus grande joie. De plus, nous avons remarqué
que le support, arbre ou maison, d’ailleurs (pour le plus grand confort de ses
habitants), s’en trouve également isolé ! Sachez qu’à ce titre, il est un protecteur des
ruines que l’homme veut souvent conserver.
 Le juge : Je crois que Madame l’Abeille veut également intervenir. Me l’Abeille, vous
avez la parole.
L’Abeille : Merci votre honneur. Je dirai simplement que d’innombrables insectes,
comme moi, se délectent du pollen et du nectar des fleurs du lierre juste avant les
grands froids et cela nous permet, alors que les autres fleurs ont disparu, de faire nos
réserves nutritives pour l’hiver.
Le juge : Quelqu’un veut-il ajouter quelque chose ? Oui, Monsieur Sylvestre ?
M. Sylvestre : Oui votre honneur : je suis sculpteur à mes moments perdus et le bois
du lierre est un matériau exceptionnel... mais je voudrais surtout attirer votre attention
sur les vertus thérapeutiques du lierre. En sculptant, il m’est arrivé de me tailler. Eh
bien le lierre accélère la cicatrisation des plaies, il est bon contre les cors, etrhumatisme, la sciatique, le lumbago ou même la cellulite.
Enfin, et là ça touche le domaine de la santé publique et de l’environnement : en ville,
le lierre capte la pollution débarrasse l’air des particules toxiques telles que le benzène.
Votre honneur, sans faire de jeu de mots, je vous laisse juge !
Le juge : Bien, bien, ma foi, après toutes ces révélations pour le moins surprenantes, il
ne me reste plus qu’à recommander à la plaignante, Me Maréchal, de s’informer un
peu plus, de reconnaître les vrais amis de son jardin plutôt que de les rejeter, puisque
nous venons de voir que les indésirables se révèlent le plus souvent les acteurs réels de
la biodiversité. Dorénavant, Madame, tolérance et curiosité seront donc de mise !
Quant à vous, M. le lierre, je suis fier de pouvoir vous décharger de ces malveillantes
accusations et de vous remercier de ce que vous faites pour nous !

BISOUS

BONNE JOURNEE A VOUS TOUS

A+

PENSEES POUR MES AMIES QUI SOUFFRENT AU QUOTIDIEN